Orange et SFR lancent leur réseau de diffusion de contenus

20 novembre 2012 à 10h47
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Exit le recours aux diffuseurs de contenus tiers : les fournisseurs d'accès Internet Orange et SFR lancent leur propre service de « content delivery network » (CDN), pour optimiser la diffusion des contenus des grands sites Internet français. Si Orange intègre la technologie d'Akamai, SFR a développé son service.

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Les choses bougent du côté de la diffusion de contenus en France. Orange Business Services annonce en effet avoir signé un accord le 19 novembre en vue d'utiliser la technologie de l'américain Akamai sur le sol français. L'enjeu d'un tel partenariat est, pour l'opérateur, d'afficher toujours plus rapidement les pages Internet des éditeurs de contenus, les grands médias notamment, en mettant leurs données en cache dans des serveurs proches de l'internaute. Dans le même temps, SFR Business Team a répondu en lançant lui aussi son offre de diffusion de contenus (content delivery network, ou CDN), au niveau régional. Une infrastructure déjà utilisée pour la diffusion et l'accélération de services Web, télévision et vidéo auprès de ses abonnés.

Se revendiquant premier CDN régional du pays, SFR concrétise les annonces faites en avril 2011 au site ITespresso. Dans une interview, Alexandre Wauquiez, directeur général réseaux de l'opérateur, expliquait alors devoir faire face à une problématique d'engorgement du réseau, due au trafic vidéo, dont le volume sera décuplé d'ici cinq ans. « C'est pour cette raison que nous pensons que les opérateurs ont un nouveau métier à prendre en compte qui est celui de diffuseur de contenus », déclarait-il alors.

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Dans son communiqué, SFR affirme ainsi que sa Solution d'accélération de contenus « est conçue pour les entreprises disposant de sites Web à forte audience qui diffusent des données volumineuses (images, catalogues ou vidéos) » et «  est la seule solution sur le marché qui soit totalement maîtrisée par l'opérateur ». Elle est aussi la seule à disposer d'« un pilotage de bout-en-bout de la qualité ». Avec cette offre, SFR ne veut pas concurrencer les CDN internationaux, mais améliorer la diffusion et la disponibilité du contenu de ses clients dans l'Hexagone, grâce à un réseau de douze points de présence dans les principales villes. Les premiers tests de débit et de latence seraient très satisfaisants.

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Du côté d'Orange, l'opérateur se tourne vers une vieille connaissance, l'américain Akamai. La société de Stéphane Richard ne développe donc pas son propre CDN, mais commercialisera son offre un peu comme en marque blanche. On ne sait pas encore si ce service sera étendu à l'international, ou bien cantonné au territoire national, comme SFR. « Nous utiliserons la technologie d'Akamai que nous installerons dans nos infrastructures afin de commercialiser une gamme de services auprès d'entreprises présentes sur le Web en France », explique aux Échos, Thierry Bonhomme, directeur exécutif en charge des réseaux chez Orange. Plus précisément, il s'agira de la technologie Aura Network Solutions.

« Grâce aux solutions CDN d'Akamai, qui sont les plus performantes du secteur, Orange pourra répondre à la croissance exponentielle du trafic sur Internet, en particulier en ce qui concerne les services de vidéo HD et de e-commerce », a commenté la société dans son communiqué.

Selon Nicolas Guillaume, porte-parole de Cedexis, « l'intégration d'un CDN régional est parfaitement complémentaire à l'usage d'un ou plusieurs autres prestataires pour améliorer la diffusion de contenus auprès de l'audience internationale. C'est d'ailleurs une perspective intéressante pour un aiguilleur de trafic comme nous puisque les éditeurs de services en ligne qui savent qu'un seul prestataire ne peut pas être bon partout, tout le temps et pour tous les internautes, pourront désormais compter sur davantage de diffuseurs locaux pour s'assurer d'une performance optimale pour chaque utilisateur final ».

L'explosion du trafic vidéo risque d'engorger les réseaux

Pour se faire une idée de l'utilité d'un CDN, on peut se rappeler des difficultés éprouvées par les abonnés Internet Orange en France, pour télécharger un fichier sur Megaupload en 2011. En effet, pour consulter du contenu à l'étranger, l'internaute est envoyé vers les canaux d'autres opérateurs, comme le spécialiste du transit Ip (ou peering) Cogent, afin de l'acheminer vers le serveur ciblé. Dans ce cas, qui dépasse la simple problématique du CDN, Orange ne serait pas parvenu à un accord satisfaisant avec l'opérateur, limitant de fait le débit pour l'internaute final. Avec un service de mise en cache tel que proposé par un CDN, le contenu de Megaupload désiré aurait pu être répliqué en France, dans un serveur local. Résultat : une disponibilité immédiate.

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Dans le cas d'Akamai, il s'agit du premier CDN au niveau mondial, puisque ses serveurs de cache drainent entre 15 et 30% du trafic Internet mondial. Arrivée sur le marché en 1998, la société s'est dans un premier temps alliée aux fournisseurs d'accès Internet (FAI) pour tenter de garantir la diffusion du contenu de ses clients dans les meilleures conditions, quels que soient l'audience et l'état de fonctionnement de l'hébergeur. Or, entre 2004 et 2008, les FAI ont commencé à prendre conscience qu'ils pourraient davantage tirer parti de la diffusion de contenus. Et ainsi s'émanciper d'acteurs tels qu'Akamai.

Une réflexion a alors été initiée à partir de 2009 afin que les FAI, Orange et SFR, proposent des services de CDN. À la clé : un nouveau relais de croissance, des moyens supplémentaires pour financer le réseau et surtout, un contrôle de bout en bout de ce réseau - surtout dans le cas de SFR. Cette tendance est devenue de plus inévitable en raison de l'explosion du volume des données sur Internet, notamment vidéo, demandant toujours plus de bande passante. La moitié de la population française a par exemple déjà regardé une vidéo sur Internet dans le mois, selon Médiamétrie.

D'après une enquête d'Informa1 pour Orange, la valeur du marché des services CDN utilisés à des fins commerciales devrait tripler ces cinq prochaines années pour atteindre 3,6 milliards d'euros à l'horizon 2017. Les vidéos en ligne devraient contribuer à hauteur de 81% du chiffre d'affaires global de ce marché.

Reste à savoir si ce gain de contrôle au niveau de la diffusion de contenus de la part des FAI sera pleinement compatible avec la neutralité du Net. Dans sa proposition de loi remise à la mi-septembre, la député UMP Laure de la Raudière craint en effet que certains FAI soient juge et partie.
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