Bouygues Telecom et SFR disent mercredi être entrés en négociations exclusives pour céder leur coentreprise Infracos à l'opérateur d'infrastructures américain Phoenix Tower International, pour se délester. Le montant de l'opération pourrait atteindre 700 millions d'euros.

SFR et Bouygues Telecom se délestent © Michael Derrer Fuchs / Shutterstock
SFR et Bouygues Telecom se délestent © Michael Derrer Fuchs / Shutterstock

Les deux opérateurs français SFR et Bouygues Telecom veulent se séparer de leur société commune créée il y a plus de dix ans, Infracos, qui à l'époque fut taillée pour gérer 3 700 sites radio en zone rurale. La vente qui se profile, qui se négocie avec Phoenix Tower International, entreprise choisie au terme d'un appel d'offres, réduira l'endettement de Bouygues Telecom et de SFR à hauteur de 300 à 350 millions d'euros chacun. Avec des motivations diverses, pour l'un comme pour l'autre.

Infracos, un héritage des accords Crozon qui va changer de mains

Si vous vous posez la question, Infracos n'est pas n'importe quelle société. Elle est issue en 2014 des fameux accords dits « Crozon », et prend la forme d'une coentreprise à 50-50 entre Bouygues Telecom et SFR. Elle avait pour mission de déployer des sites radio mutualisés (autrement dit des antennes) dans les zones moins denses. Cette collaboration plutôt pragmatique permettait de partager les coûts d'infrastructure dans des territoires moins rentables.

La société gère aujourd'hui un patrimoine de 3 700 sites dont elle détient les baux, et les infrastructures passives. Infracos, qui est propriétaire de ses tours et antennes, les met ensuite à disposition de ses deux actionnaires, donc SFR et Bouygues Telecom, via un contrat d'hébergement. Ce modèle économique, qui n'est pas inédit dans les télécoms, est bien rodé et fonctionne depuis plus d'une décennie.

Phoenix Tower International, de son côté, n'arrive pas par hasard dans l'équation. Spécialisée dans la construction et la gestion d'infrastructures mobiles, l'entreprise américaine est connue pour avoir déjà collaboré avec Bouygues Telecom depuis 2020. Elle a été sélectionnée à l'issue d'un appel d'offres jugé compétitif, qui nous rappelle que le marché spécialisé des gestionnaires de pylônes télécoms reste très, très lucratif.

Bouygues Telecom et SFR, deux gagnants mais deux stratégies différentes

On en veut pour preuve le montant potentiel de la transaction. Pour Bouygues Telecom, cette cession représente bien plus qu'une simple vente d'actifs. La réduction d'endettement estimée entre 300 et 350 millions d'euros va considérablement assouplir la situation financière de l'opérateur. Une bouffée d'oxygène qui arrive à point nommé pour financer ses investissements futurs… et peut-être le rachat de tout ou parti de SFR ? Pour l'opérateur au carré rouge d'ailleurs, le montant pourrait être à peu près comparable.

La vente d'Infracos intervient dans une période plutôt contrastée des deux partenaires. Bouygues Telecom, en pleine forme avec des résultats solides, peut se permettre cette gestion dynamique de ses actifs, pour d'emblée mieux investir dans la 5G et la fibre. SFR, confrontée aux difficultés d'Altice France et à un processus de vente, cherche plutôt à générer des liquidités, même si l'opérateur se remue et entend rattraper son retard vis-à-vis de la concurrence, avec une nouvelle box internet grand public et une offre pro revisitée.

La finalisation de la vente d'Infracos devrait intervenir d'ici la fin de l'année, même si plusieurs étapes sont encore à venir. Les autorisations de l'Autorité de la concurrence, de l'ARCEP et du ministre de l'Économie vont être nécessaires. La consultation des instances représentatives du personnel est aussi en cours, procédure obligatoire pour ce type d'opération.