Et si votre piscine municipale se chauffait... en refroidissant un data center ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 16 mars 2023 à 11h45
© Guduru Ajay bhargav / Pexels
© Guduru Ajay bhargav / Pexels

Au Royaume-Uni, une vingtaine de piscines publiques pourraient être chauffées grâce à la chaleur issue d'un centre de données. Une bonne idée qui a aussi fait son chemin en France.

Les data centers sont réputés pour être très énergivores, ce qui pose problème à l'heure où la consommation des données explose et où la sobriété énergétique s'impose. Mais la chaleur émise par un centre de données peut être utilisée pour des activités qui, elles, souffrent de l'explosion des coûts de l'électricité et du gaz et qui sont à la recherche de solutions salvatrices, bien moins coûteuses. Parmi elles, les piscines municipales.

Chauffer une piscine grâce à un data center, presque simple comme bonjour

Prenons la direction d'Exmouth, une station balnéaire située au sud-ouest de l'Angleterre où la start-up Deep Green a carrément installé un petit data center sous une piscine. Figurez-vous que l'énergie qu'il dégage permet de chauffer le bassin, pour une solution aussi bien rentable que durable. Et la piscine en profite gratuitement.

La technique ne profite pas qu'à la piscine, car si la chaleur des ordinateurs réchauffe son eau, le transfert de chaleur dans la piscine refroidit à l'inverse les ordinateurs. La chaleur produite par les machines permet de chauffer la piscine à une température d'environ 30 °C, et ce, pendant plus de 60 % du temps.

Le directeur général de Deep Green, Mark Bjornsgaard, avait à l'origine prévu d'alimenter sept piscines cette année. Mais le succès est tel qu'il en équipera finalement une vingtaine. Une aubaine pour le Royaume-Uni, qui fait face à une vague ininterrompue de fermeture de ses piscines, avec près de 400 bassins vidés depuis 2010. Par ailleurs, une autre start-up propose d'utiliser le même procédé pour chauffer l'intérieur des particuliers.

En France aussi, on s'active

En France, des solutions aussi existent et émergent. On peut notamment évoquer ici la chaleur émise par le prochain data center de l'entreprise américaine Equinix. Elle sera récupérée par le réseau de chaleur du SMIREC (Syndicat mixte des réseaux d'énergie calorifique), le deuxième réseau d'Île-de-France.

La chaleur captée du refroidissement des serveurs (on parle d'une eau à 28 °C) fournira 75 % d'énergie renouvelable et de récupération pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire de la ZAC métropolitaine de la Plaine Saulnier, localisée sur la commune de Saint-Denis. Ce système alimentera même le centre aquatique des Jeux olympiques de Paris 2024.

D'un point de vue plus technique, la chaleur perdue pendant le processus de refroidissement des machines du centre de données sera récupérée à la température, nous le disions, de 28 °C, et ce, toute l'année. Trois pompes à chaleur viendront augmenter celle-ci à 65 °C pour alimenter le réseau de chaleur. Cela profitera aux futurs usagers de la ZAC qui, une fois les Jeux passés, deviendra un quartier en partie résidentiel. 10 000 MWh de chaleur devraient être produits chaque année.

À Paris, les bassins intérieur et extérieur de la piscine de la Butte-aux-Cailles (dans le 13e arrondissement) sont déjà alimentés par la chaleur dégagée par des serveurs informatiques depuis maintenant plusieurs années.

Source : The Guardian

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Blap

C’est le cas de la piscine de la butte aux cailles de Paris

louchi

Et ça caille ?

AlexLex14

Exactement, depuis plusieurs années même. Et je me suis permis de l’ajouter à l’article :wink:

qotzo

il faudra donc éteindre les datacenters pendant l’été ?

Pendant qu’on y est au niveau des délires : pourquoi ne pas utiliser des farm de cartes graphiques dans le cloud pour remplacer les centrales nucléaires ? Ou au moins les éoliennes pour garder le même type de rentabilité énergétique par rapport au m2 occupé.

a-snowboard

Ça fait parti des choses qui auraient du être mis en place depuis des années.

Mais pas tellement cette solutions précise mais tout simplement le circuit des « déchets » au sens large dans l’industrie.

Ce n’est pas normal que dans une zone industrielle ou artisanale, il n’y ait rien qui chapeaute le tout pour mutualiser les moyens mais surtout privilégier les circuits courts en terme d’usage. Les déchets des uns peuvent être des ressources pour les autres et ainsi de suite.

L’exemple des data center et ses piscine en est un exemple.

loco93

A Val d’Europe, ça fait déjà 5 que la piscine est chauffée de cette manière

Nmut

En plein été, le refroidissement du datacenter est à perte, mais comme avant.
Mais au moins le reste du temps, l’énergie a dissiper n’est pas perdue.
Comme le système est simple et relativement peu couteux, cela me semble une évidence. Je ne comprends pas ton « niveau des délires »!?!

MattS32

Rien de bien nouveau, mais c’est bien de le rappeler de temps en temps que ça se fait histoire de donner des idées à ceux qui ne le font pas encore…

La récupération de la chaleur perdue partout où il y en a, c’est clairement un gros axe d’amélioration dans le cadre de la transition énergétique, car ça peut permettre des économies importante.

Outre les datacenter, il y a deux autres très gros producteurs de chaleurs qui gagneraient à être mieux exploités, les centrales électriques thermiques (à flamme ou nucléaire), qui rejettent à peu près en chaleur l’équivalent de 1.5x ce qu’elles produisent en électricité et les incinérateurs de déchets.

Il faudrait donc développer un peu plus les réseaux de chaleur urbains et les connecter à tous ces producteurs de chaleur, d’autant plus qu’on sait aujourd’hui acheminer cette chaleur sur plusieurs dizaines de km sans trop de pertes (pertes qui de toute façon n’impactent que la rentabilité économique, énergétiquement ça aurait été perdu de toute façon), ce qui permet de ratisser large (et notamment vers les centrales nucléaires, qui sont généralement pas juste à côté des centres urbains).

Utiliser la chaleur d’un datacenter pour chauffer une piscine ou quoique ce soit d’autre qui a besoin d’être chauffé ce n’est pas un délire, récupérer la chaleur « parasite » générée par des équipements est une excellente idée encore trop rarement exploitée, qui permet d’importantes économies d’énergie.

Par contre, ce que tu proposes, oui, c’est du délire, ça n’a vraiment aucun sens, les cartes graphiques sont des consommatrices d’électricité, elles ne peuvent pas remplacer les moyens de production d’électricité, quels qu’ils soient.

Ils gardent bien sûr un système de refroidissement leur permettant d’évacuer la chaleur vers l’atmosphère quand il n’y en a pas besoin ailleurs.

Thamien

Oui!
Et les fermes de calcul avec des milliers de cartes graphiques pour faire tourner les AI comme ChatGPT pourraient aussi chauffer des fermes à crocodiles!

TotO

20 ans de passés et on en est encore à trouver que se sont des initiatives originales, alors que ça devrait-être une obligation pour ce type de projets.