Au menu, le modèle phare de 2018 de DJI présente un meilleur système de transmission vidéo, des capteurs additionnels d'obstacles et de positionnement et une stabilité améliorée. Annoncée à 1 999€ en version Plus, l'addition semble plutôt salée pour un drone de 2016 rafraîchi. DJI part toutefois sur de bonnes bases, puisqu'à l'époque le lancement du Phantom 4 Pro était considéré comme une avancée technique majeure, et a participé à la domination du constructeur sur le marché.
DJI Phantom 4 Pro V2.0 Plus : la fiche technique
Prix conseillé : 1 699€ en version standard - 1 999€ en version PlusCatégorie : Semi professionnel
Dimensions : 28,9 x 28,9 x 19,6 cm
Poids : 1 375 gr
Batterie : 5 870 mAh, donnée pour 30 minutes d'autonomie
Capteurs équipés :
- 6 capteurs optiques devant, arrières et dessous
- 2 capteurs infrarouges sur les cotés
- 2 capteurs ultra-sons en dessous
- Détection d'obstacles sur 5 directions
- Évitement sur 4 directions
- Capteurs GPS et GLONASS
Ecran tactile 5,5 pouces Full HD à haute luminosité intégré à la radiocommande
Nacelle de stabilisation 3 axes
Capteur CMOS 1"
- 20Mpx
- Objectif à ouverture réglable f/2,8 - f/11
- Focal 24 mm
- Obturateur mécanique jusqu'à 1/2000sec, Obturateur électronique jusqu'à 1/8000sec
Résolutions : Vidéo 4K et C4K
Encodage Vidéo : H.264 et H.265
Accessoires :
- Batterie
- Chargeur
- Carte MicroSD 16Go
- 4 paires d'hélices
Considérant ses caractéristiques et son coût d'achat, ce Phantom s'adressera donc un public de professionnels, ou de photographes passionnés. Pour rappel, son poids dépassant les 800 grammes, son nouveau propriétaire, même non-professionnel, devra passer une petite formation obligatoire auprès de la DGAC, avant de pouvoir l'enregistrer et voler uniquement hors agglomération.
Découverte : fidèle à la série Phantom
Le drone est livré dans sa mallette de transport, fabriquée en polystyrène renforcé, soutenant très bien le matériel. On aurait toutefois souhaité un meilleur thermoformage pour le rangement des accessoires. On apprécie les 2 paires d'hélices supplémentaires, dont le design a été revu pour amoindrir le bruit. Mais une deuxième batterie aurait été la bienvenue, surtout pour un bundle « PLUS ».
Au premier examen, le matériel est resplendissant, solide et ferme dans la main. Le design général impressionne par ses finitions et ses courbes harmonieuses. En réalisant le nombre de capteurs, on contemple une véritable pièce de technologie.
La radiocommande est imposante et assez lourde. La coque en plastique est durable, et les rajouts en grip accueillent très bien la main. Les boutons et joysticks sont bien placés, et donnent un bon retour de force, à l'exception de la molette droite, un peu désagréable au toucher. On constate plusieurs ports disponibles à l'arrière de la RC : USB, HDMI, MicroSD, Micro USB, qui peuvent trouver leurs utilités.
Le chargeur est à double usage pour la RC et la batterie. La batterie se détache facilement. Le cache caméra aussi, mais son remontage sera plus délicat. Le corps du drone en lui-même est très bien construit, tout comme sa caméra suspendue. Le train d'atterrissage, les hélices et la nacelle paraissent robustes. Restez vigilant aux fixations des hélices sur les moteurs, et à la nappe électronique de la caméra, collée à nue sur la nacelle.
Mise en route : c'est là que ça se joue
Au premier abord, la mise en route semble simple. Aucun assemblage n'est nécessaire à part les hélices. Prenez garde toutefois à leur montage, leurs petits repérages n'étant pas très visibles. La RC se lance en 30 secondes. La taille de l'écran de 5,5 pouces et surtout sa grande luminosité sont accommodantes. L'OS intégré est en somme une surcouche logiciel sur un système Android. Pour le login et la gestion de la géolocalisation, il faut accéder aux paramètres comme sur un smartphone Android. Il faut donc sortir de l'application pour se connecter au Wi-Fi local ou à son téléphone en partage de connexion, puis se connecter à ses divers comptes. Pas top pour un premier paramétrage, mais soit !
Plusieurs problèmes se posent alors. Il est impossible d'installer des appli tierces, ou d'utiliser un smartphone externe. Exit donc l'utilisation de Litchi, pourtant bonne appli alternative de contrôle, ou même de DJI GS Pro, appli de planifications de vols automatiques, uniquement disponible... sur IOS !
En ouvrant le menu des paramètres, on accède aux réglages de vols automatisés, de détection et d'évitement d'obstacles. Ceux-ci sont explicités dans le menu et facilement compréhensibles. Le flux de transmission vidéo est réglé en 1080p par défaut, mais ce n'est utile que pour un live, ou pour les DJI Goggles. Passez en standard 720p pour ne pas surcharger le flux.
On accède aussi aisément aux paramètres avancés de caméra (Sensibilité, Ouverture, Obturation). En vol, la molette droite fera office de bouton permettant la sélection rapide de ces réglages. Globalement, l'ergonomie de l'interface est réussie, mais demande un petit temps d'adaptation. Ce qui est normal considérant la quantité de paramètres différents.
La navigation intuitive façon DJI
Les tests de manœuvrabilité ont tous été effectués en journée ensoleillé, avec une brise légère voire un vent faible. Le drone est prêt à décoller en 3 minutes chrono.Manœuvres standard
Sous la brise, on constate rapidement l'efficacité des nouveaux ESC sinusoïdaux (modules de gestion des moteurs) rendant une excellente stabilisation du drone. Face au vent, le Phantom 4 Pro V2 perd toutefois légèrement de sa stabilité. La nuisance sonore est présente mais modérée, et devient inaudible à 50 m de distance. La prise d'altitude reste progressive mais sans effort, tout comme la descente. La vitesse de croisière plafonnée à 50km/h est confortable pour les prises de vues. Les contrôles sont précis et très réactifs, et permettent de bonnes manœuvres en courbes. En avance normale ou rapide, la distance de freinage ne dépasse pas les 2 m.Les obstacles sont aisément repérés s'ils sont suffisamment imposants, comme une poutre ou un tronc d'arbre. L'appli signalent l'utilisateur et freinent automatiquement le drone à proximité d'un danger, sans pour autant perturber les manœuvres rapprochées. Une fois passé en mode sport, l'accélération devient beaucoup plus vive en élévation et en marche avant, jusqu'à avoisiner les 70km/h. En mode ATTI (sans capteurs de positionnement sauf altitude), le drone est beaucoup plus joueur, mais beaucoup moins stable.
Manœuvres automatisées
De nombreux modes de vols intelligents disponibles sur le Phantom 4 Pro V2.0. On considérera que le fonctionnement des modes est déjà acquis, pour faciliter la lecture.On éludera les modes Courselock, Homelock, Point of Interest et Waypoint, qui sont déjà connus et éprouvés pour réaliser de bonnes vidéos. On note juste que, dans l'interface, le menu de certains modes occulte les touches Camera, ce qui nuit à l'ergonomie.
Même si Tapfly & Draw restent des modes gadgets, on a constaté un bon degré de précision dans les trajectoires. Ils peuvent prouver leur utilité lors de prises de vues aériennes complexes mais leurs environnements d'utilisation est restreint, par exemple en espace large sur une trajectoire peu courbée et suffisamment d'altitude.
Le mode Tripod réduit drastiquement la vitesse de déplacement et offre une meilleure précision dans les commandes, ce qui est parfait pour des plans de vues rapprochés ou minutieux.
Pendant le test du mode Follow Me, il a fallu plusieurs mètres de distance et plusieurs secondes avant que le drone ne suive le déplacement de la RC. Toutefois, il garde son utilité si, pour une raison ou une autre, vous ne pouvez pas utiliser le mode ActiveTrack.
Particulièrement efficace sur un objet fixe, le mode ActiveTrack donnera d'excellentes prises de vues. En revanche, calé sur le pilote, le drone discernait mal et n'a verrouillé sa cible qu'à 10 m de distance. Considérant le poids et la grosseur du drone, et la législation en vigueur, on déconseille un suivi si rapproché d'une personne pour des raisons de sécurité. A ce propos, on déconseillera du coup le mode Gesture qui déclenche un selfie à l'aide de vos mains, sans RC.
En mode Terrain Follow, le drone conserve la même altitude parallèlement au dénivelé d'un terrain en pente. Testé à 2 m du sol, la trajectoire était parfaite. En conditions réelles, ce mode assez bluffant peut donner très bonnes prises de vues.
En fin de vol, le mode Return-to-Home fait revenir le drone rapidement, en conservant l'évitement des obstacles. L'atterrissage est précis et sans à-coup. Le matériel se range facilement. La batterie se rechargera en 1 heure, et la radiocommande en 2h30. Fort agréablement, le système Ocusync de transmission de vidéo n'a failli à aucun moment, même à 200 m de distance, entouré d'arbres et de structures en pierre. On ne prendra malheureusement pas plus de distance, la législation française précisant que le drone doit rester impérativement en vue du pilote.
Capture Photo : digne d'un hybride haut de gamme
La caméra stabilisée du Phantom 4 Pro V2.0 est équipé d'un gros capteur CMOS de 1 pouce de 20Mpx, à l'instar d'un appareil photo reflex ou d'un très bon hybride, produisant des images aux ratios 16:9, 4:3 et 3:2, au formats JPEG, DNG (RAW) ou les deux.En mode automatique, les prises de vues aériennes sont aisées, et leur qualité est très impressionnante, rendant d'excellents résultats, sans distorsion ou artefact notable. Les réglages photo sont facilement accessibles, notamment grâce à la molette de sélection. Plutôt efficace, la gestion de la correction d'exposition EV se fait par pas de 1/3. Moins accessible au grand public, le format DNG produit pourtant de meilleurs résultats, avec une plage dynamique plus large, une fois les fichiers traités automatiquement.
L'obturateur mécanique jusqu'à 1/2000 sec est un réel avantage technique car il évite les distorsions sur les prises de vues en mouvement, gros désagrément habituel des obturateurs électroniques. Le drone en mouvement, la stabilisation de la nacelle fait également très bien son travail.
Le mode AEB prend le même cliché à 3 ou 5 niveaux de correction d'exposition EV, laissant au photographe le choix du meilleur réglage pour plus tard. Absent sur ce modèle, le mode HDR peut être remplacé par le mode AEB, en fusionnant les images en post-traitement. C'est moins pratique, mais le résultat est relativement similaire.
Les modes de balance des blancs modifient légèrement la température des couleurs, par exemple, plus chaudes avec le mode Sunny. Les sélections automatiques ou manuelles des Styles feront varier la netteté, le contraste et la saturation, de manière assez efficace. Quant à l'intérêt du mode Couleurs, il réside principalement dans les modes D-Cinelike et D-Log, rendant des images « Flat » afin de pouvoir personnaliser la coloration en post-traitement et donner une plus grande plage dynamique. Les autres modes donnent plutôt des effets de styles, comme le TrueColor.
Le Phantom 4 Pro V2.0 dispose des modes Priorité à l'ouverture, Priorité à la vitesse et Manuel. A la diminution de l'ouverture, on constate que l'image commence à perdre de son piqué en dessous de f/4.5. On recommande de ne pas dépasser ce seuil, voire f/5.6, pour ne pas perdre en finesse. De même, on voit que l'image perd rapidement de sa qualité lorsque l'obturateur électronique prend le pas sur l'obturateur mécanique au-delà de 1/2000sec. Pour un drone de ce gabarit, ce dernier donne vraiment un avantage exceptionnel.
La plage de sensibilité varie de ISO 100 à 12800 en mode manuel. Au-delà de ISO 1600, la caméra perds un peu en piqué. Si vous recherchez une qualité d'image optimale, ne dépassez pas le seuil de ISO 3200 sans vouloir impacter la plage dynamique ou la netteté de l'image.
Prévoyez beaucoup de temps avant de pouvoir maîtriser parfaitement le mode Panorama, et surtout la fonction Sphere. Au lancement de la fonction, la correction d'exposition EV est remise à zéro, obligeant à passer en mode Manuel. De plus, vous ne pouvez pas récupérer l'image finale sur la carte Micro-SD. Il faudra passer par la fonction Lecture, alors que le drone est toujours en fonctionnement, et exporter l'image manuellement. Optez plutôt pour un traitement logiciel des clichés, dans lequel il faudra aussi effacer l'intrusion des hélices dans le ciel.
Absent du test par manque de temps, le mode Timelapse du Phantom 4 Pro 2.0 a suscité tout notre intérêt, mais celui-ci demandera la préparation d'une prise de vue longue et complexe et d'un post-traitement.
Capture Vidéo : la même donc ?
Pour les besoins de l'article, les vidéos ont été assemblées par type de codec, mais les analyses ont été effectuées indépendamment sur les fichiers bruts.Le Phantom 4 Pro v2.0 enregistre en 1080p, 2,7K, 4K et C4K. Cette dernière résolution au format 1,89:1 est légèrement plus grande, offrant un champ de vision plus large. Globalement, les vidéos prises en mode automatique sont superbes, fournissant une excellente clarté et une grande fidélité des couleurs. En manœuvre rapide, les captures sont fluides, sans lags, particulièrement en 1080p, et conservent une parfaite stabilité.
On note que les résolutions 4K et C4K, tendent à avoir le meilleur niveau de détails parmi les résolutions testées. Les vidéos deviennent limpides et atteignent leur qualité optimale avec une compression H.265, et en 30 fps, au bitrate maximum de 100 Mb/s. Même si le format est lourd à traiter, l'arrivée du H.265 est indéniablement bénéfique pour l'amélioration de la qualité vidéo. Petit bémol : pas de 60 fps possible en 4K H.265, mais ce ne sera contraignant que dans certains cas, comme la réalisation d'un slow-motion. Pour cela, rebasculez plutôt en 1080p H.264 pour avoir accès à du 120 fps.
A l'instar du mode Photo, les profils de Couleurs D-Log ou D-Cinelike produisent des vidéos « Flat », mais celles-ci contiennent plus d'informations pour réaliser l'étalonnage de couleurs en post-traitement, et ainsi obtenir une meilleure plage dynamique.
Phantom 4 Pro V2.0 Plus : l'avis de Clubic
Reprenant les principales caractéristiques de la première version, le Phantom 4 Pro V2.0 offre toujours un excellent package, tant en termes de performance de navigation, que d'équipement photographique, et ce malgré les quelques problèmes d'ergonomie de l'interface. Les derniers rajouts technologiques rajeunissent le modèle et pourront ravir les pilotes de drone exigeants.Toutefois, le surcoût de 300 euros de la version Plus a beaucoup de mal se justifier. Si l'interface n'évolue pas, un bon smartphone fera un meilleur travail.