Fracture numérique, qualité de connexion : UFC-Que Choisir fait l’état des lieux de l’Internet fixe

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 21 mars 2019 à 14h54
Fibre optique

L'association de consommateurs a publié, jeudi, une étude sur les retards pris au niveau du déploiement du très haut débit fixe en France.

Il y a un an et demi, l'UFC-Que Choisir pointait du doigt les modalités de déploiement du très haut débit fixe en France. Dix-huit mois après, sa dernière étude montre que si des efforts ont été faits, les inégalités se renforcent, symbolisées par ce que l'on appelle la « fracture numérique ». L'organisation de défense des consommateurs va même plus loin en déconstruisant les objectifs du Plan France très haut débit, qui prévoit - en théorie - une couverture en fibre de 80% du territoire à horizon 2022.

La ruralité plongée dans une « misère » des débits

Sur la base de quelques 32 millions de données collectées par l'Observatoire de la qualité de l'Internet, l'UFC-Que Choisir note qu'en haut débit, les communes rurales les plus reculées font état de débits 43% plus faibles que celles de plus de 30 000 habitants. Pire, si l'on bascule du côté du très haut débit, les zones rurales ne font qu'approcher la barre des 50 Mbit/s tandis que les communes plus importantes, elles, bénéficient d'un débit moyen de 285 Mbit/s. Un fossé.

« Le plus dur reste à faire », a indiqué l'association lors d'une conférence de presse téléphonique donnée ce 21 mars 2019. « Les opérateurs poussent sur les zones où il y a le plus de population, là où c'est le plus facile à fibrer, celles qui ont la meilleure rentabilité. Cette rentabilité va décroître à mesure que les zones à fibrer seront moins peuplées ».> Près du tiers des habitants des communes qui comptent moins de 1 000 âmes ne dépassent pas le seuil des 3 Mbit/s. Dans les villes de plus de 100 000 habitants, seulement 0,8% des administrés doivent se contenter d'un si faible débit.

part accès internet UFC.png

En attendant la fibre, une montée en débit du réseau cuivré comme substitut

L'UFC-Que Choisir insiste sur une solution de substitution pour accompagner l'évolution des usages et le déploiement d'un débit honnête. Si la fibre optique ne peut pas être comparée au réseau cuivré, une montée en débit de ce dernier pour s'avérer être « un substitut salutaire à la fibre optique lorsque cette technologie n'est pas disponible », indique l'association.

L'organisation reproche - notamment à l'ANFR - de ne plus tenir à jour les données sur les débits théoriques proposés aux consommateurs au niveau des communes depuis plus d'un an. L'UFC-Que Choisir, sur les informations connues les plus récentes, parvient tout de même à faire un constat frappant. Aujourd'hui, plus d'1 Français sur 10 (10,1%) ne dispose pas d'un Internet « de qualité minimale », dont la vitesse est estimée entre 3 et 4 Mbit/s. S'agissant du « bon » haut débit (ADSL, VDSL2, câble et fibre optique), 12,8 millions de personnes en sont encore privées. Ce qui fait beaucoup de monde à raccorder en trois ans...

carte débits UFC.png

Un objectif de couverture repoussé de plusieurs années par l'association

Si l'on s'en tient aux objectifs fixés par le Plan France très haut débit, 80% du territoire devrait être couvert en fibre optique en 2022. Mais l'étude d'UFC-Que Choisir montre que cet objectif ne pourra être atteint qu'en... 2029. « 2022, c'est demain, et nous sommes toujours très loin de cette part de population qui doit être couverte par la fibre optique », indique l'association. Seuls 34,5% des locaux sont éligibles à la fibre optique aujourd'hui.

Si Orange accélère les choses depuis deux ans, les efforts sont encore trop peu soutenus pour rattraper le retard abyssal. « On ne peut pas se contenter d'engagements d'opérateurs. Il faut prendre en compte la réalité. Il convient d'identifier, au regard des plans de déploiement des réseaux fibre qu'ont les opérateurs, quels sont les habitants qui ont la perspective d'en disposer à échéance plus lointaine pour offrir un substitut de qualité », déclare l'association.

UFC-Que Choisir demande à l'Arcep de rendre publiques en open data les informations relatives aux débits théoriques délivrés à l'ensemble des consommateurs et au gouvernement de travailler avec les FAI pour permettre une montée en débit sur le réseau cuivre. En outre, l'association milite pour l'intégration d'une extension sur les navigateurs Chrome, Firefox et Edge, qui permettrait de connaître la qualité réelle de l'Internet, dont le débit, le temps de chargement des pages web et les différents problèmes de lecture de vidéos.

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
obyoneone

la fibre passe à 100m de chez moi, mais 15000 € le répartiteur à payer par le village de 250 hab., c’est énorme !
Donc on regarde passer le cable qui arrive au village suivant de 2500 habitants et qui n’ont pas la fibre non plus, trop cher, parce que ce puta de gouvernement ruine les campagnes !!!

waouzzaaa

faut pas déconner ça fait 60€ par habitants c pas la mort. moi je signe direct

hotspot

je ne voudrais pas dire mais 15000€ pour 250 hab, cela fait 60€ par habitant. Si il y a une réelle volonté de tout le monde, c’est réalisable et de plus, cela peut créer un vrai plus pour le village.
Moi, j’ai pire : la fibre à 50m (et encore) en ADSL à 11mbs depuis plus de 10 ans.
Il n’y a aucun problème technique tout est en souterrain. C’est un pavillon en zone très urbaine.
Orange m’a dit ok, Free m’a dit ok et les 2 sont ko sur le raccordement. je suis là dessus depuis juillet dernier.

petrus20167

ouais mais 60€ pour des petites retraite c est pas rien non plus et il y a autre choses a payer que la fibre !!

kaks56

sans compter qu’Orange délaisse les abonnés au cuivre (2 mois pour qu’il vienne réparer par chez nous un fil de téléphone tombé… et encore, il a fallu changé d’opérateur SFR->Orange pour qu’ils daignent s’occuper de nous). Et ca reste cher comme abonnement (35eur/mois pour un débit de 3Mo)

FoxLeGoupil

Sans compter que sur 250 habitants il n’y a probablement pas que des adultes et dans ces adultes il doit bien y avoir des couples donc le coût par foyers n’est plus le même…

hotspot

60€ par habitant, cela se trouve. Tout est question de volonté. Attention, je n’ai en aucun cas dit que la totalité des couts doit être payé par les habitants. Déjà, avec un bon dossier monté par la municipalité et défendu auprès du député, je pense que l’on peut bien descendre la facture pour le client final. Enfin, moi, c’est ce que j’essaierai de faire au lieu d’attendre que tout arrive sans rien faire.

Stephanos84

Peut être faut il tout simplement arrêter de vivre dans des villages de 250 habitants. c’est un non-sens !

deds94

on a le réseau que l’on mérite, 4 opérateurs, le moins chers d’Europe, mais le plus pourri.

obyoneone

pour répondre, je ne vais pas organiser une cotise des habitants, qui sont pour 70 % des retraités qui s’en battent de la fibre.
La taxe d’habitation était de 150 € par an. Maintenant, c’est zéro. La mairie ne peut pas payer.
Mais pour rien au monde je ne retournerai vivre dans une ville de plus de 5 000 habitants, j’ai grandi à marseille et lille, la ville, je connais, je veux vivre vieux…
Maintenant, je paye le même prix mon FAI que les citadins pour du 8 Mb/s, j’ai la 3g depuis 1 ans pour le même prix que la 4g.
Par contre, une subvention de 650 000 € à “permis de bétonner” les 400m de route du village, avec des câbles enterrés tout neufs, mais pas de répartiteur fibre…peut être en 2023.
Les entreprises rames avec un débit indécent en 2019, le cloud et les services en ligne, on oubli.
L’école du grand village a 20 pc et 15 tablettes pour 160 élèves (Ipad, vive le plan numérique orienté Apple) avec du 12Mb.
Donc, oui, nous sommes oubliés et non, on veut pas vivre en ville, ici pas de feu rouge, un rond point pour 4 gilets jaunes maxi, du bon air et de la bouffe locale clean.

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles