L'arrêt définitif de la 2G interviendra en 2026, confirme Orange. L'extinction, qui s'impose pour des raisons énergétiques et sécuritaires, ne satisfait pas encore tout le monde. L'opérateur fait donc un peu de pédagogie.

L'heure de la retraite a sonné pour la 2G, un réseau encore assez utilisé en France. Après un quart de siècle de bons et loyaux services, la 2G s'apprête à tirer sa révérence dans à peine un peu plus d'un an. Anne-Flore Roger, directrice technique des réseaux mobiles d'Orange France, décortique pour Clubic cette transition inéluctable vers un futur tout 4G, 5G, puis plus tard 6G.
La 2G, vestige des années 90 encore indispensable pour certains usages
« La 2G, c'est vraiment les premiers téléphones portables qu'on a eu dans les mains au début des années 90 », se remémore Anne-Flore Roger. Cette technologie pionnière, presque d'un autre temps, a démocratisé l'usage de la téléphonie mobile. Mais figurez-vous qu'aujourd'hui, elle permet encore essentiellement de passer des appels, et d'envoyer des SMS. Son évolution vers la « 2,5G » aura introduit les premiers balbutiements de l'Internet mobile, avec le fameux WAP.
En 2025 donc, les utilisateurs de terminaux 2G, et il y en a encore, s'en servent principalement pour la voix et les messages texte. Mais le temps est en train de faire son œuvre. « Les usages data internet sont devenus plus gourmands. Il y a beaucoup d'images, beaucoup de vidéos sur les pages internet qu'on consulte, donc la 2G est un peu juste pour avoir des usages data confortables », explique la responsable, chargée de concevoir les réseaux de demain chez Orange.
Le monde professionnel reste aussi attaché à la 2G pour du machine-to-machine, la communication directe ente machines sans intervention humaine, pour échanger des données ou instructions automatiquement. Les capteurs industriels, peu gourmands en données, utilisent encore beaucoup la 2G dans divers domaines comme « l'énergie, de l'eau, de la sécurité, le bâtiment, l'agriculture, la logistique », énumère Anne-Flore Roger. Les sociétés qui exploitent les ascenseurs partout en France, qui demandent le report de l'extinction de la 2G, représentent une partie de cet écosystème.

La 2G, vestige des années 90 encore indispensable pour certains usages
Orange ne reviendra pas sur les dates prévues pour l'extinction. « Pour les dates annoncées en fonction des départements, il n'y aura pas de report de l'extinction », confirme Anne-Flore Roger. Le processus débutera le 31 mars 2026 avec Bayonne-Biarritz-Anglet, suivi le 12 mai des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, puis le 9 juin de sept autres départements du Sud-Ouest. La généralisation interviendra, elle, fin septembre 2026. Les autres opérateurs français suivront la même trajectoire avec un arrêt annoncé fin 2026 au plus tard.
L'arrêt de la 2G se justifie de bien des manières, mais elle s'inscrit surtout dans une tendance mondiale. Comme nous le précise Anne-Flore Roger, « il y a déjà plus de 200 opérateurs dans le monde qui ont arrêté leur 2G, leur 3G ». La Suisse, les États-Unis et le Japon ont déjà franchi le pas depuis 2023, par exemple.
Alors que faire pour les clients, qu'ils soient des particuliers ou des professionnels, ne se sentent pas lésés par la fin de la 2G ? L'accompagnement client a été prévu chez Orange, et il est déjà en vigueur. « Pour les clients grand public ou entreprises qui ont un téléphone 2G, il faut le remplacer par un mobile qui soit compatible 4G », conseille évidemment Anne-Flore Roger. La directrice technique à ce propos que les entreprises concernées par une migration « ont été prévenues dès 2022 de l'extinction ». En gros, elles ont eu le temps de voir venir.
Orange déploie ainsi tout un arsenal pour aider les consommateurs et clients professionnels. Les usagers peuvent profiter d'un bonus reprise de leur téléphone ou de remises commerciales significatives. L'opérateur historique leur propose même des prestations pour « retrouver tous leurs contacts » et faire « de la pédagogie sur le nouveau téléphone ». Les professionnels équipés de modules machine-to-machine bénéficient, pour leur part, d'un accompagnement technique et financier (s'ils choisissent des équipements Orange), « au cas par cas, en particulier les petites entreprises ».
Sécurité et performance : les vraies raisons de l'abandon de la 2G
Si l'arrêt de la 2G est une tendance, d'autres arguments solides justifient cette extinction, à commencer par l'aspect écologique, qui pèse lourd dans cette décision. « Une étude de l'ARCEP, le régulateur des télécoms, montre qu'entre 20 et 30% de la consommation énergétique des antennes mobiles sont dus à la 2G et à la 3G », révèle Anne-Flore Roger. La fin de la 2G, puis celle de la 3G avant fin 2028, permettront donc de réduire l'empreinte carbone du réseau mobile français.
La sécurité est un autre argument presque imbattable. Les technologies plus récentes, comme la 4G et la 5G, offrent « des technologies d'authentification des utilisateurs, des technologies de chiffrement qui sont renforcées » par rapport à la 2G vieillissante. « Il est nécessaire, dans le monde dans lequel on vit, d'aller vers des technologies qui permettent ces renforts de sécurité », insiste la responsable.
La libération du spectre 2G permettra, et c'est une aubaine pour les opérateurs, d'optimiser les performances 4G et 5G, plus sûres et économes. « On va réutiliser le spectre avec des technologies 4G et 5G, ce qui va permettre d'améliorer la capacité de ces réseaux-là », promet Anne-Flore Roger. La 3G suivra le même chemin dans un peu plus de trois ans, avec un piège supplémentaire, celui des smartphones 4G non compatibles VoLTE (les appels vocaux qui passent par le réseau 4G directement), qui basculent jusqu'à maintenant automatiquement en 3G pour les appels vocaux.
Et après, si l'on fait un peu de prospective ? Orange planche déjà sur la 6G, mais avec une approche responsable. « On pousse pour que la 6G ne soit pas une énième génération de course au débit », confie Anne-Flore Roger. L'opérateur veut miser sur des « réseaux télécoms plus responsables en termes de carbone, d'énergie ». Mais le déploiement n'est pas envisagé avant 2030.
01 juillet 2025 à 09h51