Le prix de la RAM s'envole... et risque d'emporter tout le reste avec lui

Les prix de la mémoire vive, et plus particulièrement de l'ancienne norme DDR4, connaissent une augmentation spectaculaire. Cette flambée, qui pourrait atteindre plus de 40% sur certains segments, annonce un effet domino sur le coût final des ordinateurs, des cartes graphiques et même des smartphones.

Après une période d'accalmie, le marché de la mémoire DRAM (Dynamic Random Access Memory) entre dans une zone de fortes turbulences. Les analystes prévoient des hausses de prix significatives pour les mois à venir, une tendance qui risque de peser lourd sur le portefeuille des consommateurs. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette inflation n'est pas directement liée à l'essor de l'intelligence artificielle, mais à une transition industrielle majeure.

La fin d'un cycle pour la DDR4

La principale raison de cette envolée des prix réside dans une décision stratégique des grands fabricants de puces mémoire. Des géants comme Samsung, Micron et SK Hynix sont en train de réduire progressivement leurs lignes de production dédiées à la DDR4, une technologie présente sur le marché depuis plus d'une décennie.

Les fabricants réallouent leurs capacités de production vers des mémoires plus modernes et à plus forte marge, comme la DDR5 et surtout la mémoire à large bande passante (HBM), indispensable aux serveurs d'IA. Cette réorientation stratégique, dictée par la rentabilité, crée un déséquilibre sur le marché de la DDR4. L'offre se contracte alors que la demande, elle, reste bien présente pour les PC d'entrée et de milieu de gamme, ainsi que pour la maintenance de nombreux parcs de serveurs existants.

Ce phénomène provoque une situation paradoxale : la technologie la plus ancienne devient subitement plus chère en raison de sa rareté organisée. Les prévisions pour le troisième trimestre 2025 font état d'une augmentation de 38% à 43% pour la DDR4 destinée aux PC, et de 28% à 33% pour celle des serveurs. Cette situation est aggravée par le comportement des acheteurs et des intégrateurs qui, anticipant la pénurie, se sont mis à stocker massivement des modules, accentuant la pression sur les prix.

Du PC au smartphone, personne n'est épargné

Cette hausse des coûts de la mémoire vive ne se limite pas à un seul type de produit et aura des répercussions concrètes pour les consommateurs. L'impact se fera sentir sur l'ensemble de l'écosystème technologique, rendant plus onéreux l'achat ou la mise à niveau de nos appareils.

Ceux qui prévoyaient de monter ou de mettre à jour leur PC seront les premiers touchés. Alors que la DDR5 subit une hausse plus modérée, estimée entre 3% et 8%, c'est bien le segment le plus accessible du marché, encore très dépendant de la DDR4, qui souffrira le plus. Les cartes graphiques ne sont pas en reste : la mémoire vidéo GDDR6, utilisée par de nombreux modèles actuels, pourrait voir son prix grimper de 28% à 33%. Cette tendance pourrait même affecter le prix des futures générations de GPU, comme les très attendues RTX série 50 de NVIDIA, qui utiliseront la nouvelle et déjà coûteuse norme GDDR7.

Les appareils mobiles sont également dans le viseur. La mémoire LPDDR4X, souvent utilisée dans les smartphones et ordinateurs portables d'entrée et de milieu de gamme, devrait connaître une augmentation de 23% à 28%. Les modèles plus récents équipés en LPDDR5X verront une hausse plus contenue, de 5% à 10%, mais une hausse tout de même. Ces surcoûts de production seront très probablement répercutés sur le prix de vente final.

S'équiper maintenant ou attendre : le dilemme de 2025

Face à cette tendance inflationniste, la question du bon timing pour un achat se pose. Les perspectives à court terme indiquent une poursuite de la hausse des prix, ce qui pourrait inciter les consommateurs à ne pas trop tarder pour leurs projets d'acquisition ou de mise à niveau.

Le marché se trouve actuellement dans une phase de transition complexe entre deux générations de mémoire. À plus long terme, une fois que la DDR5 sera devenue le standard dominant et que sa production aura atteint sa pleine capacité, les prix devraient logiquement se stabiliser. D'ici là, il faut s'attendre à une période de turbulences où les composants plus anciens verront leur tarif grimper avant de disparaître, marquant la fin temporaire d'une ère de mémoire vive abordable.

Source : Tech Radar