Le géant Apple cherche à intégrer l'IA d'Alibaba dans ses iPhones vendus en Chine, ce qui provoque l'inquiétude de Washington. Le partenariat, controversé, montre aussi toute la difficulté qu'a Apple à confirmer sur le marché chinois.

Apple se retrouve pris en étau entre ses ambitions commerciales en Chine, et les tensions géopolitiques avec Washington. Le projet de partenariat avec Alibaba pour intégrer son intelligence artificielle aux iPhone chinois fait l'objet d'un examen minutieux par l'administration Trump et le Congrès américain. Alors que ChatGPT propulse déjà l'IA des smartphones de la firme de Cupertino aux États-Unis, Apple doit trouver une solution locale pour son deuxième plus grand marché.
Une inquiétude sur d'éventuels liens entre Alibaba et l'armée chinoise
La Maison-Blanche s'inquiète du rapprochement entre Apple et le géant chinois Alibaba. Les craintes sont nombreuses. Washington redoute le renforcement des capacités d'IA d'une entreprise chinoise, l'expansion de chatbots soumis à la censure, et l'exposition accrue d'Apple aux lois chinoises sur le partage de données. Le représentant démocrate Raja Krishnamoorthi n'a pas mâché ses mots, en soulevant le lien entre Alibaba et la stratégie de fusion militaro-civile du Parti communiste chinois.
L'administration américaine considère désormais l'IA comme une technologie critique pour la défense nationale. L'intelligence artificielle, capable d'écrire des e-mails ou de développer du code, pourrait également coordonner des attaques militaires et contrôler des drones autonomes. Cette perspective explique pourquoi l'administration Trump tente de limiter l'accès de Pékin aux technologies d'IA, notamment en restreignant sa capacité à fabriquer et acheter des puces dédiées.
Pour compliquer davantage la situation, le gouvernement Trump envisage de placer Alibaba et d'autres entreprises chinoises d'IA sur une liste noire, en leur interdisant de faire affaire avec des sociétés américaines. Une position qui rappelle vaguement celle qui handicape Huawei depuis 2019. Le Pentagone et les services de renseignement scrutent également les liens entre Alibaba, le Parti communiste chinois et l'Armée populaire de libération.
Tim Cook, le patron d'Apple, pris entre les pressions de Trump et le marché chinois
Pour Apple, l'enjeu est très importante. La Chine, ne l'oublions pas, représente près d'un cinquième de ses ventes mondiales, mais si elles sont en dilettante. Sans partenariat avec Alibaba, les iPhone risquent de paraître obsolètes face aux smartphones de Huawei et Xiaomi, déjà équipés d'IA locale. La part de marché d'Apple en Chine est déjà en chute, passant de 19% en 2023 à 15% en 2024.
Tim Cook, le PDG d'Apple, fait face à d'autres critiques de la part du président Trump, qui lui reproche de délocaliser sa production en Inde. « Nous ne sommes pas intéressés par le fait que vous construisiez en Inde. L'Inde peut s'occuper d'elle-même. Nous voulons que vous construisiez ici », aurait déclaré Trump à Cook lors d'un récent voyage au Moyen-Orient.
Pour l'analyste Richard Kramer d'Arete Research, cité par le New York Times, les conséquences d'un échec de l'accord avec Alibaba seraient graves. Certes, les utilisateurs chinois pourraient toujours télécharger des applications d'IA tierces, mais l'expérience serait moins fluide que celle proposée par la concurrence locale. « Les gens continueront d'acheter leurs téléphones, mais ce sera plus difficile », estime-t-il. Entre ses ambitions commerciales et les tensions géopolitiques, Apple marche sur un fil de plus en plus ténu.