Essai Renault Clio E-Tech 145 : on a testé la seule citadine française hybride

Camille Pinet
Par Camille Pinet, Spécialiste automobile.
Publié le 02 septembre 2021 à 17h05
© Camille Pinet pour Clubic
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Alors que le Japonais Toyota remporte un succès inégalé avec sa Yaris hybride produite en France depuis dix ans, Renault lui a enfin lancé dans les roues une rivale hexagonale grâce à sa Clio dotée de l’originale motorisation E-Tech.

La motorisation hybride apparaît proche de la solution idéale pour celui qui ne veut pas ou ne peut pas investir dans une citadine électrique. Elle offre le double avantage de la transmission automatique, particulièrement reposante en ville, et d’une consommation réduite dans cet environnement où le moteur thermique seul se montre particulièrement peu efficient.

Pourtant, les constructeurs japonais furent longtemps les seuls à en proposer, avec la Honda Jazz et surtout la Toyota Yaris hybride, véritable carton commercial pour son constructeur. Pour les Français, spécialistes des petites voitures, ce succès avait un goût d’autant plus amer que la petite Toyota est produite en France.

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Un lancement attendu

Le lancement d’une version hybride de celle qui fut longtemps la voiture la plus vendue du pays apparaît donc comme particulièrement bienvenu, surtout à une époque où le diesel n’est plus en odeur de sainteté. Commercialisée depuis le courant de l’année 2020, la Clio E-Tech a déjà fait l’objet d’ajustements, à la fois pour améliorer le fonctionnement et la fiabilité de son système hybride E-Tech. Rappelons que celui-ci est totalement original et entièrement conçu en interne par la marque, qui déploie un véritable storytelling à son sujet. Elle a ainsi diffusé plusieurs communiqués expliquant comment l’un de ses ingénieurs, Nicolas Fremau, a conçu le tout premier prototype de cette motorisation en… LEGO !

Basée sur une boîte de vitesse à crabots à seulement quatre rapports, elle intègre deux moteurs électriques, un gros qui assure l’essentiel de la propulsion et un petit qui permet à la fois de démarrer le moteur thermique et de synchroniser le passage des des vitesses. La voiture démarre toujours sur le gros moteur électrique, ce qui permet de se passer d’embrayage. Un système qui présente à la fois l’avantage d’un coût de fabrication réduit, d’un faible encombrement et d’un potentiel de fiabilité important grâce au faible nombre de pièces en mouvement.

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Dans l’habitacle, une Clio presque comme les autres

La Clio n’est plus tout à fait une nouveauté, même si la cinquième génération actuellement en vente a été lancée en 2019. Par rapport à la Toyota Yaris hybride, conçue avant tout comme une citadine pure et dure, elle propose une vision typiquement française : celle de l’urbaine polyvalente, qui doit être capable de réaliser les tâches quotidiennes sans avoir peur des longs trajets. C’est pourquoi elle est un peu plus grande, avec 11 cm de plus. C’est particulièrement perceptible à l’arrière, où l’espace à la tête et aux jambes apparaît nettement plus généreux et lui permet d’accueillir deux adultes sans difficulté.

Le coffre de 254 litres doit abandonner tout de même 63 litres aux batteries par rapport aux thermiques mais reste de taille convenable. On regrette cependant qu’il ne soit plus possible de le configurer en plancher plat et que le seuil de chargement reste aussi élevé. L’emplacement du bouton très bas au niveau de la plaque d’immatriculation n’est pas aussi idéal et risque d’être sali très facilement. En matière d’habitabilité et de volume de coffre, la Clio ne fait donc pas le poids face à la Honda Jazz, qui profite de son format de monospace.

Du côté des équipements, la Clio n’échappe par à la tourmente de la crise des semi-conducteurs. Ainsi, notre modèle d’essai Initiale Paris a été retiré du catalogue faute de pouvoir produire certains de ses équipements. Heureusement, la version RS Line (qui devrait être bientôt rebaptisée Alpine Line), qui la remplace momentanément, reçoit toujours bien en série la version la plus évoluée à écran 9,3 pouces du système multimédia Easy Link. Il s’agit là d’un véritable avantage comparatif par rapport à ses rivales japonaises équipées toutes deux de systèmes moins évolués et très vieillot dans le cas de la Yaris.

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Celui de la Française profite de menus intuitifs, d’une navigation performante et se montre facile à connecter au téléphone mobile. Elle propose bien évidemment un écran consacré aux flux d’énergie. L’instrumentation de 7" de notre modèle d’essai ne propose pas d’écrans configurables mais la R.S. Line profite bien de la version 10" qui permet par exemple d’afficher la carte de navigation entre les compteurs. Elle offre simplement trois menus configurables permettant de consulter la consommation ou le compteur kilométrique. Du côté de la finition, la Clio fait valoir des matériaux flatteurs, mais notre exemplaire souffrait de bruit de mobilier important au niveau du bloc de commande de climatisation.

Citadine accomplie, routière performante

Si la Clio offre le même poste de conduite que ses sœurs thermiques, les sensations de conduite qu’elle distille sont bien différentes. En effet, ses moteurs électriques jouent un rôle bien plus important dans sa propulsion que celui, par exemple, de la Yaris électrique. Ce sont en effet toujours eux qui assurent le démarrage, et leur contribution au couple total de la voiture est majeur. Au feu vert, la Française détale comme une voiture électrique, bien plus fort que le Captur Hybride rechargeable par exemple.

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Corollaire de ce rôle important alloué à l’électrique : la batterie doit conserver en permanence un niveau de charge suffisant pour l’alimenter, ce qui provoque la mise en route régulière du moteur thermique… dont le régime n’a pas de rapport avec la pression exercée sur l’accélérateur. Un fonctionnement qui peut déconcerter au premier abord, mais auquel on s’habitue vite. Autre particularité typique d’une hybride : le mode B, qui offre un niveau élevé de régénération et donc de freinage lorsqu’on lâche la pédale. Seule une petite pression sur le frein suffit pour arrêter la voiture en fin de course.

Attention cependant à ne pas compter sur ce frein moteur lorsque la batterie est pleinement chargée : il faut alors reprendre l’habitude d’utiliser les freins « physiques » et appuyer franchement sur la pédale, une situation qui arrive relativement souvent, notamment à la fin d’une descente. A noter enfin que la Clio ne dispose pas de la commande électrique de changement de rapports du Captur. Pour notre part, on ne s’en plaindra pas, la commande traditionnelle réduisant les erreurs de sélection. Hormis ces particularités de fonctionnement, la Clio E-Tech se révèle particulièrement agréable à conduire en ville, d’autant qu’elle conserve un format de petite voiture, qui permet notamment de se garer facilement, surtout lorsqu’elle est équipée de la caméra à 360°, particulièrement pratique et suffisamment définie.

Par rapport à ses rivales japonaises, c’est cependant sur route que la Clio fait la différence. D’abord parce qu’elle bénéficie d’un châssis plus efficace, mieux taillé pour les longs trajets et les échappées sur route sinueuses. Elle y fait valoir une réelle efficacité et un confort très correct, même si les suspensions se montrent nettement plus fermes que celles de la Toyota Yaris. Elle sait aussi faire preuve d’un silence de fonctionnement, même si le déclenchement du moteur thermique surprend toujours celui qui s’est vite habitué au fonctionnement électrique. Là encore il faut tout de même faire avec les particularités de la transmission. A 110 km/h, elle se montre particulièrement lente à réagir lorsque l’on cherche à réaccélérer. En revanche, les à-coups que nous avions relevés lors des premiers essais du système hybrides Renault ont totalement disparu. Logiquement pour un modèle dont le moteur atmosphérique n’est pas un parangon de performance, la Clio se montre moins nerveuse à haute vitesse qu’en ville mais elle reste parfaitement à son aise sur autoroute.

© Camille Pinet pour Clubic

En termes de consommation, le système hybride de la Clio apparaît efficace. Nous avons relevé 4,0 l/100 km en circulation urbaine et périurbaine et 5 litres sur route à 90 km/h. Sur autoroute, le bilan est logiquement un peu moins favorable avec 6,5 l/100 km à 130 km/h relevés sur le GPS. Reste que su l’ensemble de notre parcours de 300 km, nous avons consommé moins de 5 litres aux 100 km, sans chercher aucunement à rouler selon les lois de l’éco-conduite. Ceux qui se prennent au jeu pourront donc faire baisser encore ces chiffres.

Acheter la Renault Clio E-Tech.

La gamme de la Clio E-Tech démarre à 23 450 € en finition Zen et il ne faut pas compter sur un bonus pour diminuer ce tarif, le plus élevé de la gamme. A ce niveau de finition, l’équipement intègre tout de même l’instrumentation numérique et le système multimédia avec écran de 7 pouces ainsi que la climatisation manuelle. Une dotation déjà correcte pour une citadine mais il faut accéder au niveau supérieur Intens (25 800 €) pour profiter de la navigation, de l’entrée mains libres et du capteur de stationnement arrière. Nous l’avons dit, c’est bien la version RS Line qui assure désormais le haut de gamme, mais il faut consentir une dépense de 27 900 €, un tarif qui la place au niveau de bien des compactes.

Sans surprise, Renault se situe au niveau des tarifs catalogue de la Toyota Yaris mais fidèle à sa politique, le constructeur japonais offre d’office une remise de 1 500 € appelée « prime à l’hybride ». Voilà qui laisse place à l’hésitation : si la Franco-japonaise est un peu moins habitable et moins douée pour les grands trajets, elle se révèle en revanche encore plus sobre en ville. Honda propose quant à lui sa Jazz à partir de 22 510 €, mais ce montant grimpe à 27 670 € pour la version Crosstar. La Japonaise se montre beaucoup moins à l’aise sur autoroute, mais fait valoir un rapport encombrement habitabilité imbattable.

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Bilan essai Renault Clio E-Tech

L’attente d’une citadine française 100% hybride a été longue mais elle est récompensée. En combinant la polyvalence incontestable de la Clio avec une motorisation hybride efficace, Renault offre une alternative plus que crédible à la référence Toyota Yaris. Si cette dernière reste la plus sobre, la française profite de son plus grand silence sur autoroute, d’un équipement multimédia à jour et d’une habitabilité supérieure. Elle permet à la petite Renault de jouer gagnant dans une cour clairsemée, Peugeot et CItroën faisant pour l’instant l’impasse sur l’hybride simple.

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Fiche technique Renault Clio R.S Line

Camille Pinet

Prix et équipement

Prix Renault Clio E-Tech 140 R.S. Line : 27 900 €
Bonus écologique : 0 €

Equipement de série

  • Caméra de recul
  • Jantes Alliage 18 pouces
  • Navigation
  • Entrée et démarrage sans clé
  • Phares à LED

Equipement en option

  • Peinture métallisée : 550 €
  • Caméra 360 : 500 €
  • Conduite semi-autonome sur autoroute : 800 €
  • Sellerie cuir : 1 000 €
  • Sièges et volant chauffant : 400 €
  • Vitrage arrière surteinté : 100 €
Par Camille Pinet
Spécialiste automobile

Je ne suis pas né dans l’huile de vidange mais j’ai su prononcer le mot voiture avant « maman ». Autant dire qu’une fois devenu journaliste, je n’ai pas hésité longtemps avant de me spécialiser. Bien m’en a pris, car je suis ainsi aux premières loges pour observer la plus grande transformation que cette industrie a connu depuis son avènement. Entre triomphe des nouvelles technologies, électrification et révolution des usages, l’automobile me donne une matière infinie pour écrire. Et lorsque la nostalgie me prend, je restaure mes vieux tacots d’une main en lisant « L'éloge du carburateur » de Matthew B. Crawford de l’autre…

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Commentaires (10)
SlashDot2k19

Bonne bagnole, mais trop cher et surtout dommage qu’elle sorte avec 20 ans de retard sur la Toyota…

Obi1Jenesaisqui

Question surement stupide, mais avec une consommation de 5l / 100 km, en quoi est-ce que cette voiture est plus verte que d’autres modèles (je pense aux DCi) qui arrivaient à des consos inférieures sans hybride ? sachant qu’avec les batteries et leur (théorique) recyclage, elles polluent je pense plus à produire

Zebulon_Vigitatus

Parce qu’elle émet moins de polluants qu’un moteur diesel (particules, NOx,…). Et dans son cycle de vie global elle est également moins émettrice. La batterie de cette Clio équivaut à environ 2 batteries de vélo électrique.

zoup01

Le diesel produit plus de particules et de nox.
L’essence produit plus de co2 et d’hydrocarbures imbrûlés.

Quand à l’hydride, il ne présente d’intérêt que si roules essentiellement en ville…4l/100 en ville, c’est plutôt bien.

À l’inverse, le diesel n’a pas sa place en ville ( sauf à aimer enrichir son garagiste)

Obi1Jenesaisqui

et quand on voit les particules émises pour le minage des terres rares, je trouve étonnant que personne ne se pose la question (et surtout qu’on évite soigneusement de faire de comparaison sur le cycle complet de vie des voitures)
Par exemple Tesla, dans son rapport annuel, indique que ses voitures sont « vertes » uniquement si l’électricité qui les alimente est peu carbonnée, sinon elles ne sont pas mieux que les moteurs thermiques

Urleur

attention car pour l’europe il y a une date limite pour l’interdiction de l’hybride et votre voiture vaudras : O euros.

cpicchio

Interdiction à la vente, pas à l’usage. Le gros problème va se produire avec les véhicules diesel. Pour Paris, l’interdiction, c’est 2024

cpicchio

Et l’acheminement du brut et son raffinage ?

zoup01

Oui les ve polluent plus à la construction…
Mais sur un cycle de vie, elle polluent entre 1,5 et 2,5 fois moins environ …

Des études dans ce genre, il y en a pleins.

ypapanoel

27000€ pour une citadine. Sans faire le gripsou : y’a que moi que ça choque?