Il est temps pour Nothing de sortir les crocs, et de se frotter à un marché audio plus haut de gamme. Le pari a été plus que réussi avec son premier casque Headphone (1), il pourrait bien l’être également avec les écouteurs Nothing Ear (3).

Construction premium, partie sonore ambitieuse, ANC et kit mains-libres optimisés, fonctions innovantes et réglages avancés, le constructeur met les petits plats dans les grands. On ne se refait pas, Nothing adopte avec ses Ear (3) la fameuse formule transparente qui a fait son succès.

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- Puissance sonore
- Assez bonne isolation des basses
- Boitier luxueux et très pratique (Super Mic)
- Application très complète
- Confort et tenue
- Son fatigant et artificiel
- Qualité technique moyenne
- Isolation des haut-médiums très perfectible
- Mode transparence vraiment pas efficace
- Toujours ce réglage du volume...
Une pointe de luxe
Très proches des Ear mais pas identiques, les Nothing Ear (3) perpétuent une formule simple mais efficace : le design semi-intra à tige, ici toujours animé par un concept de transparence, mettant en avant avec brio certains composants électroniques.
Nothing allonge ici légèrement la tige, arrondit son extrémité, et troque l’espèce de petite plaque micro-perforée pour ce qui ressemble à une plaque en aluminium. Premium ? Pas spécialement, mais la sensation de solidité est là, et la certification IP54 est rassurante sans être spécialement au-dessus de la norme.
Le boîtier nous tape déjà bien plus dans l’œil, puisque si cet élément reprend lui-aussi les codes des précédents Ear, comme la forme en carré plat, et l’intégration d’un capot transparent, sa base fait la part belle à l’aluminium anodisé. Plus dense, plus luxueux, ce boîtier de charge compatible Qi devient certes bien plus lourd (71,4 g, contre 51,9 g), l’ajout d’aluminium pouvant passer pour une solution facile, mais cela donne vraiment au Nothing Ear (3) une sensation de montée en gamme. Cerise sur le gâteau, la certification IP54, le protégeant lui-aussi des poussières et des projections d’eau. En étant taquins, nous pourrions rappeler que le boîtier des Ear atteignait un indice IP55.
Très compacts et légers, ces écouteurs Bluetooth sont plutôt confortables, puisque parviennent à ne pas être intrusifs, tout en étant assez stables. L’utilisation de quatre tailles d’embouts en silicone permet de couvrir pratiquement toutes les morphologies d’oreille, quoique la taille L nous semble un peu petite.
Commandes perfectibles, application toujours plus riche
Pour une raison qui n’appartient qu’à Nothing, l’intégration d’un contrôle de volume via glissement du doigt sur la tige a disparu après les Ear (1). Depuis, la marque nous impose une manipulation certes fonctionnelle mais lente et peu intuitive : 1 appui court + 1 appui prolongé. Pour le reste, tout est classique : 1 appui pour la lecture/pause, 2 appuis pour la piste suivante, 3 pour la piste précédente/début de piste, 1 appui long pour le mode de réduction de bruit.
À cela s’ajoute une petite personnalisation, afin par exemple d’appeler un assistant vocal. Bien sûr, la marque n’omet pas la détection de port (désactivable). Les Nothing Ear (3) n’offrent rien de nouveau donc, dans les bonnes choses comme dans les choses un peu frustrantes.
L’application dédiée, Nothing X, s’étoffe quant à elle d’itération en itération. Aérée et claire, elle affiche toutes les données principales (batterie, type d’ANC, etc…) et ouvre la porte à de nombreux réglages sonores et ergonomiques : égaliseur, mode basse latence, qualité Bluetooth, commandes, test auditif, audio spatial, test d’ajustement des embouts, localisation des écouteurs, etc…
Connectivité moderne, mais pas assez ?
En étant équipés d’une puce Bluetooth 5.4, les Ear (3) avaient tout pour devenir des exemples de modernité. Malheureusement, si ces true wireless vont effectivement assez loin, avec du multipoint, une prise en charge de l’appairage rapide, et l’intégration du codec LDAC de Sony, ils ne passent pas le cap de la norme LE Audio, Auracast comme Unicast.
Heureusement, la connexion est parfaitement stable, et la portée excellente, même en LDAC. L latence est en revanche classique, c’est-à-dire trop élevée pour une utilisation en vidéo sans compensation, même avec le mode basse-latence.
Plus de silence, mais pas dans la cour des grands
Correcte mais animée de plusieurs défauts, l’isolation phonique des Nothing Ear ne parvenait au moment de notre test pas vraiment à se détacher des meilleurs modèles à moins de 100 euros. Ici, les choses ne sont pas fondamentalement différentes, puisque si les Ear (3) parviennent à légèrement optimiser l’efficacité de l’ANC dans les basses fréquences, il ne corrige pas le reste, notamment les haut-médiums, pas plus qu’il n’apporte une meilleure isolation passive (à l’oreille).
Très efficace dans la première partie du spectre, ce qui est suffisant pour nettement atténuer les sons ronronnant (quoique nous sommes loin de leader comme les Airpods Pro 2, Sony WF-1000Xm5, et même Galaxy Buds3 Pro), ces écouteurs parviennent nettement moins à s’attaquer aux sons imprévisibles (voix, clavier, etc…), et à tout ce qui s’approche des 1 kHz. Au-delà, la structure assez peu intrusive des écouteurs donne une isolation correcte (un peu plus efficace en mode passif qu’avec ANC, chose un peu trop gonflée à la mesure), sans plus.
Enfin, le mode transparence présente là-encore le même caractère que son prédécesseur : un équilibre idéal jusqu’aux haut-médiums, mais des aigus presque totalement oubliés. Ce mode est pour le dire simplement assez décevant. D’une manière générale, mis à part quelques rares optimisations par rapport aux Ear, les Nothing Ear (3) ne parviennent pas vraiment à monter en gamme. Le souci est double, puisque nous parlons d’écouteurs sortis plus d’un an après, et placés dans une gamme plus ambitieuse, avec des concurrents vraiment matures.
Le boitier du futur ?
Un des arguments majeurs des Nothing Ear (3) est incontestablement le boitier de charge, qui en plus de sa fonction première peut, grâce à ses deux microphones intégrés et un bouton de déclenchement, être utilisé en tant que kit mains-libre, se substituant alors aux écouteurs (qu’il faut tout de même sortir de la boîte).
Avec les écouteurs seuls, la captation est de qualité moyenne, puisqu’étouffée et pas spécialement à l’aise avec les nuances de la voix ni avec les sons sifflants. Toutefois, bien qu’un environnement extérieur bruyant puisse détériorer encore cette captation, l’intelligibilité est à peu près conservée, sauf cas vraiment compliqués. L’apport, par rapport aux Ear, d’un microphone à conduction osseuse, semble léger voire négligeable.
En revanche, l’utilisation du boitier, qui certes ne sera pas un réflexe pour tout le monde, apporte un plus. Placé près de la bouche, celui-ci offre une qualité bien plus naturelle, moins détériorée. En environnement bruyant, tout est presque inchangé. Un gadget pour certains, mais un gadget efficace.
Une autonomie correcte avec ANC
Annoncée à 5 h 30 avec ANC, et jusqu’à 10 h sans ANC, l’autonomie n’atteint pas forcément des records, mais paraît globalement robuste. En pratique, nous avons frôlé les 5 h 45 avec ANC, et atteint environ 10 h 30 sans ANC, cela sous codec AAC. Dommage de constater un tel écart entre ANC On et Off, puisque la réduction de bruit reste, en théorie, le mode privilégié par les utilisateurs. En s’essayant au codec LDAC, il ne faut pas espérer dépasser les 3 h 45 avec ANC.
Le boitier est un atout non-négligeable, mais cet élément n’ajoute en pratique que 2,5 cycles de charge.
Sonorité : le plus est l’ennemi du bien
Nothing avait annoncé la couleur avec la présentation des Ear (3) : ces écouteurs et leur nouveau transducteur de 12 mm avec dôme PMI apporte un gain de 6 dB dans les graves, et de 4 dB dans les aigus, quand bien même les précédents Ear n’étaient pas des exemples d’équilibre dans ce domaine.
Force est de constater que si Nothing nous a livré avec le Headphone (1) un casque franchement bien réglé, le constructeur a pris le chemin inverse avec ces très exubérants Ear (3). Extrêmement démonstratifs, ces écouteurs mettent les basses en avant, et font la même chose avec la majorité des aigus. La signature est ainsi ronde et tranchante à la fois, ce qui donne un rendu ni agréable ni naturel.
En optant pour une telle approche, Nothing rend sa création certes percutante, mais très fatigante, avec un côté largement artificiel voire chimique dans le haut du spectre. De même, les basses ont tendance à déborder dans les médiums, à ronronner. Difficile, surtout, de vraiment savoir si le transducteur possède un bon niveau technique ou non. En l’état, les Nothing Ear offrent tout simplement un meilleur rendu, pas parfait mais nettement plus naturel, nettement plus agréable, tout en étant aussi technique à l’oreille. Seule la scintillance est un peu excessive sur ces écouteurs, quand les Ear (3) le sont sur une gamme de fréquences nettement plus larges.
Si techniquement les Nothing Ear (3) ne semblent pas mauvais, les détails étant globalement là, et la scène parvenant à être suffisamment large bien que très peu projetée en avant, difficile de parler d’une montée en gamme. Les basses ne sont ni plus percutantes ni plus nuancées, et les aigus, même après égalisation, manquent de richesse.
L’impressionnant égaliseur paramétrique 8 bandes peut-il justement sauver la donne ? Très partiellement. En appliquant (ce qui n’est ici pas trop compliqué) un réglage corrigeant les basses et abaissant le plateau des aigus, nous pouvons revenir à bien plus d’équilibre, ce qui permet au transducteur de mieux exprimer sa technicité, et à la signature de devenir nettement plus polyvalente. Néanmoins, nous sentons que ledit transducteur n’est pas vraiment taillé pour cet équilibre. Le son s’améliore, mais ne passe pas un immense cap, notamment en matière d’ouverture sonore. La comparaison avec les quelques (la gamme des 180 -200 euros n’étant pas extrêmement fournis) écouteurs se trouvant actuellement dans les mêmes ordres de prix, comme les Sennheiser Momentum TW 4 ou les Huawei Freebuds Pro 4, est très cruelle pour Nothing.
De son côté, l’option Son Personnalisé, qui consiste en un petit test auditif, donnant une courbe de correction, celle-ci conserve le réglage de base comme standard. Forcément, cela n’apporte pas grand-chose en l’état. Enfin, le mode Spatial Audio se révèle malheureusement anecdotique, car il n’apporte pas vraiment une spatialisation plus ample ni des effets convaincants.
Nothing Ear (3) : l'avis de Clubic
Bourrés de bonnes intentions premium, les Nothing Ear (3) ne réussissent que très partiellement leur montée en gamme. Ils ne se détachent des Ear que sur quelques détails… et régressent même en matière de son.
Beaux et confortables, les Ear (3) profitent d’un boîtier revisité, peaufiné à l'aluminium, ce qui confère à l’ensemble une certaine aura. Au-delà de cet élément réjouissant, le constructeur reste campé sur ses fondamentaux ergonomiques, bons comme mauvais : commandes efficaces mais un peu frustrantes, et application intuitive et complète.
Dommage de ne pas avoir réussi à réellement hausser le niveau technologique, que ce soit en matière de connectivité, en laissant le LE Audio à quai, ainsi que sur l’isolation et le mode transparence. Difficile néanmoins de passer à côté de l’une des bonnes idées de la marque, le Super Mic, qui utilise le boîtier comme microphone déportée.
Tout serait très acceptable si Nothing n’avait pas, en dépit d’une certaine logique, complètement déréglé son habituelle signature sonore. Le son proposé est certes spectaculaire, mais fatigant, peu naturel, et de facto peu technique. Le fabuleux égaliseur peut pallier légèrement ces excès, mais ne permet jamais aux Ear (3) de se confronter aux concurrents directs.
- Puissance sonore
- Assez bonne isolation des basses
- Boitier luxueux et très pratique (Super Mic)
- Application très complète
- Confort et tenue
- Son fatigant et artificiel
- Qualité technique moyenne
- Isolation des haut-médiums très perfectible
- Mode transparence vraiment pas efficace
- Toujours ce réglage du volume...
Fiche technique Nothing Ear (3)
Version Bluetooth | Bluetooth 5.4 |
Autonomie écouteurs | 5h |
Poids écouteurs | 10.4g |
Type | Intra-auriculaire |
Réduction de bruit active | Oui |
Haut-parleurs | Transducteur de 12 mm à dôme PMI |
Impédance | 32 ohm |
Réponse en fréquence | 20 hz - 40 kHz |
Micro | 2 |
Version Bluetooth | Bluetooth 5.4 |
Codecs compatibles | SBC, LDAC, AAC |
Distance transmission | 10m |
Application | Oui |
Autonomie écouteurs | 5h |
Autonomie boîtier | 19h |
Temps de charge boîtier | 70mn |
Poids écouteurs | 10.4g |
Poids boîtier | 71.4g |
Dimensions écouteurs | 30.5 x 21.5 x 20.75 mm |
Dimensions boîtier | 56 x 55.5 x 22.25 mm |
Indice de protection | IP54 |