Hadopi : l'UMP savait tout mais n'a rien dit

08 juillet 2010 à 11h47
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Pour les vieux geeks, ce nouvel épisode politico-Web 2.0 ressemble un peu au film presque mondialement connu « Je sais rien mais je dirai tout ». Nanard cultissime qui a définitivement fait entrer le cinéma français dans une phase de renouveau. Le groupe UMP de l'Assemblée nationale avait pourtant rassemblé mercredi soir députés, bloggeurs, responsables de firmes, de FAI, d'ayants-droit... pour débattre des données personnelles, d'Hadopi et de neutralité du Net.
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Si les sujets étaient bien trop vastes pour être abordés en quelques heures, certains y sont tout de même allés de leur pique contre la loi Hadopi. C'est le cas de Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée qui estime : « J'en percevais déjà les faiblesses. Maintenant, j'ai évolué sur cette question mais il fallait protéger le droit d'auteur. De même je suis conscient que les technologies sont plus rapides que les politiques. C'est une énorme remise en question quand on voit comment une information se diffuse depuis un site Internet (en référence à l'affaire Mediapart-Bettencourt, ndr), cela amène une réflexion sur la vérification de l'information par exemple ». Puis il se tourne vers la salle et lance « Nous avons besoin de vous » avant de partir pour un autre débat portant sur la Burqa.

Pour celui qui a le titre de chef de la majorité à l'Assemblée, cette position est étonnante puisque durant les débats sur Hadopi, il aurait largement pu demander à l'UMP de ne pas voter la loi. Pourtant, à l'époque, personne n'a bougé...

L'ambition était donc grande de la part de l'UMP de rassembler toutes les « forces vives » des nouvelles technologies afin d'étudier le rapport du groupe de travail Ethique du numérique. Un texte de référence qui devrait servir de point de départ à de nouvelles réflexions autour du Web. Hervé Mariton (UMP), chef d'orchestre de cette réunion confie : « le but à l'avenir sera plutôt de fournir des grands principes et non pas une loi encadrant strictement des activités. Pour autant, je refuse de croire en l'incompétence du législateur ».

Dans cette optique, le rapport donne sa position notamment sur l'adresse IP en ne souhaitant pas qu'elle soit considérée comme une donnée personnelle, la différence de la Cnil et de la proposition de loi des sénateurs Détraigne-Escoffier. De même, le groupe aimerait adopter une régulation sur la collecte des données personnelles.

Pour le débat portant sur la neutralité du Net, bien que l'initiative soit louable, Olivier de Bailenx, directeur des relations institutionnelles d'Iliad-Free constate simplement : « L'Europe est en train d'organiser une consultation sur la neutralité du net, prenons garde à ne pas anticiper des choses qui viendront plus tard ». Une position contrebalancée par Laure de la Raudière (UMP) qui estime que « la régulation sur la neutralité du net peut et doit se faire en France ».

Pour la neutralité comme pour une éventuelle réforme d'Hadopi, la France devra néanmoins prendre garde à ne pas prendre certaines positions sans consulter plus largement les internautes. Histoire de ne pas tout dire sur rien. Ou l'inverse.
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