L’Alliance pour la créativité et le divertissement (ACE) et la police égyptienne ont stoppé Streameast, un réseau pirate de sport qui attirait plus d’un milliard et demi de visites annuelles.

- L'ACE et la police égyptienne ont fermé Streameast, un réseau pirate de streaming sportif très fréquenté.
- L'opération a mené à des arrestations et à la saisie de matériel, ciblant aussi une société offshore suspectée de blanchiment.
- En France, le piratage sportif reste préoccupant, avec près de 18 % des Français utilisant des flux illégaux en 2024.
Streameast regroupait 80 domaines et cumulait 1,6 milliard de visites en un an. Entre football européen, NFL, NBA, MLB, Formule 1 et MMA, la plateforme rassemblait toutes les grandes compétitions en accès non autorisé. Le 24 août dernier, l’ACE et la police égyptienne ont fermé ce réseau de streaming illégal lors d’une opération avec plusieurs arrestations et la saisie de matériel.
Une action concertée pour briser la plus grosse plateforme pirate
Les autorités égyptiennes ont mené une opération à El-Sheikh Zaid, près du Caire, qui a conduit à l’arrestation de deux personnes. Elles ont saisi des ordinateurs, des téléphones, de l’argent liquide et des cartes bancaires. Une société offshore aux Émirats arabes unis, suspectée de blanchir 4,9 millions de livres sterling depuis 2010, a également été ciblée.
L’ACE a participé à l’opération. Le groupe réunit une cinquantaine de géants du secteur comme Amazon, Apple TV+, Netflix et Paramount. Charles Rivkin, président de l’ACE et de la Motion Picture Association, a qualifié l’action de « victoire éclatante », et Larissa Knapp de la MPA a souligné qu’« aucun réseau de piratage n’échappe à une action mondiale coordonnée ».
Les utilisateurs provenaient principalement des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, d’Allemagne et des Philippines. Après la fermeture, les domaines redirigent vers une page de l’ACE qui propose des alternatives légales.

Le streaming illégal en France : des chiffres qui parlent
En France, l’Arcom observe un public bien ancré dans le streaming pirate. Près d’un Français sur cinq âgé de plus de 15 ans, soit 18 %, a utilisé des flux illégaux pour suivre du sport en 2024, une proportion stable par rapport à 2023. Le secteur du sport perd 290 millions d’euros par an à cause du piratage et l’État subit 420 millions d’euros de recettes fiscales et sociales non perçues. IPSOS, pour LFP Media, estime que 37 % des spectateurs de Ligue 1 ont recours à des sources illégales et que ce chiffre monte à 55 % pour les matchs comme OM-PSG.
L’Arcom a renforcé ses blocages avec 3 797 noms de domaine bloqués en 2024, dont 1 769 pour l’IPTV et 2 028 pour le streaming en direct. Ce chiffre représente une hausse de 146 % par rapport à 2023. À fin avril 2025, le total depuis 2022 dépasse les 10 000 blocages. Ces mesures ont permis de réduire le nombre d’internautes accédant aux flux piratés.
Le 17 juillet 2025, le président du Tribunal judiciaire de Paris a ordonné à plusieurs fournisseurs de DNS alternatifs de bloquer l’accès à des sites illégaux diffusant des matchs de Ligue 1 McDonald’s et de Ligue 2 BKT. La justice a reconnu que les fournisseurs de DNS pouvaient être contraints de limiter l’accès aux services diffusant illégalement des compétitions sportives dès la première journée de championnat. Une ordonnance précédente du 10 juillet visait les fournisseurs d’accès à Internet et a renforcé ce dispositif. Ensemble, ces décisions permettent à la LFP et à LFP Media de saisir systématiquement l’Arcom pour bloquer de nouveaux services pirates identifiés au fil de la saison. Cette stratégie vise à limiter le contournement des blocages par l’apparition de sites miroirs, d’applications alternatives ou de DNS déguisés.
Source : BBC, The Athletic (accès payant), ACE