Disparitions, attentats : comment la gendarmerie opère sur Facebook et Twitter

23 avril 2015 à 10h03
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Avec près de 600 000 fans sur Facebook et plus de 80 000 abonnés sur Twitter, la Gendarmerie nationale s'appuie sur les médias sociaux pour un contact plus direct avec la population. Elle s'en sert aussi pour communiquer en cas « de crise » comme lors des attentats de Charlie Hebdo.

Si l'armée est la grande muette, la Gendarmerie nationale fait exception. Cette institution plusieurs fois centenaire s'exprime aujourd'hui très largement sur les réseaux sociaux. Fini la communication très « old school » dans les journaux ou en participant à des séries TV comme Une Femme d'Honneur, un virage web a été clairement pris en 2013.

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Sa page Facebook qui comptait alors 60 000 fans dépasse aujourd'hui les 300 000. Un nombre que l'on peut quasiment doubler avec les 71 déclinaisons départementales. Facebook complète avantageusement le site web institutionnel avant tout informatif en permettant de délivrer des messages de prévention (départ en vacances, cambriolage, fraudes sur Internet...) tout en interagissant avec les citoyens.

Facebook permet aussi de jouer la carte de la proximité. La page de la Gironde a ainsi mis en ligne les photos d'objets volés lors de perquisitions pour que les propriétaires se fassent connaître. Avec succès. Et d'autres départements ont suivi. « En 2014, Facebook a permis d'élucider 114 cas de cambriolage », s'enthousiasme le lieutenant-colonel Gwendal Durand, en charge des réseaux sociaux pour la gendarmerie au sein du Service d'information et de relations publiques des armées (Sirpa). Un dispositif complété par l'application mobile Cambrio Liste qui où les particuliers peuvent dresser un inventaire de leurs objets de valeur en les photographiant.

Un appel à témoins sur Twitter permet de retrouver une ado

En janvier 2014, la gendarmerie ouvrait son compte Twitter qui dénombre aujourd'hui plus de 80 000 followers. Le lancement lors du Forum international de la cybersécurité (Fic) de Lille a été soutenu par... Le Petit Journal de Canal +. Son sketch se moquant gentiment des gendarmes 2.0 a permis à ces derniers de gagner d'un coup 5 000 abonnés.

« Twitter est un réseau plus exigeant que Facebook. Les twittos ne pardonnent rien. Sur ce média chaud, nous avons cherché l'influence, la viralité, la reprise de nos messages auprès de la population. Nous y sommes allés non par effet de mode mais pour des besoins opérationnels, avec une réelle efficacité à moindre coût », précise Gwendal Durand.

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Lieutenant-colonel Gwendal Durand, chargé des réseaux sociaux pour la gendarmerie au Sirpa


Le 19 mai 2014, un #AppelATemoins est lancé pour Maria, 14 ans, qui a quitté son domicile familial du Morbihan. Le message est retweeté des milliers de fois notamment par Le Parisien et la police espagnole. Quelques jours plus tard, un hôtelier espagnol reconnaît le visage de l'adolescente et se souvient du comportement étranger de l'adulte qui l'accompagnait. Ce signalement permettra d'intercepter l'auteur du rapt.

La vidéo de l'assaut de Dammartin vue 1,8 million de fois

Twitter sert aussi pour la communication de crise, notamment lors de l'attentat de Charlie Hebdo. Le 11 janvier quand les frères Kouachi se retranchent dans l'imprimerie de Dammartin-en-Goële, le périmètre est bouclé. Les chaînes d'information en continu ne peuvent tourner. Pour gérer cette frustration, le Sirpa dépêche sur place deux reporters, un vidéaste et un caméraman.

Un live tweet sera mis en ligne a posteriori. Il retrace les événements de la journée. La vidéo de l'assaut du GIGN sera vue plus de 1,8 million de fois sur YouTube. Deux jours plus tard, les gendarmes seront applaudis place de la Bastille. Organisé comme une agence de presse, le Sirpa diffuse photos et vidéos en primeur sur ses comptes sociaux puis les met à disposition des médias.



Twitter sert aussi à riposter. Alors que les zadistes du barrage de Sivens utilisaient abondamment les réseaux sociaux en octobre dernier pour défendre leur cause, la gendarmerie mettait, elle aussi, des photos en ligne de brasiers ou de bonbonnes de gaz pour montrer la violence des engagements. Une manière de répondre images contre images alors que les forces de l'ordre étaient pointées du doigt depuis la mort d'un manifestant.

Hors de ces moments de crise, la gendarmerie sait faire preuve d'humour. Elle a détourné la publicité Adidas sur l'équipe de France de Rugby pour rappeler qu'elle recrute plus de 10 000 personnes par an. Si vous voulez porter le maillot bleu, #DevenezGendarme.



Rompus aux médias sociaux, la Gendarmerie nationale peut exercer sa mission de prévention auprès du jeune public. Sur le principe du permis vélo, les gendarmes font passer un permis Internet aux élèves de CM2. Avec ces kits pédagogiques fournis par Axa, 230 000 enfants ont été ainsi sensibilisés aux risques de la Toile (harcèlement moral, pédopornographie....). A la rentrée, l'initiative va se généraliser à tout le territoire avec l'arrivée de la police.

En interne, la Gendarmerie nationale a publié un guide du bon usage des médias sociaux en s'inspirant du guide du bon sens numérique d'Axa. Il s'agit d'initier les gendarmes aux réseaux sociaux pour un usage individuel ou collectif tout en les mettant en garde sur la fuite de données sensibles qui pourraient mettre en péril leurs missions.

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