Comment sont testés les écrans chez Clubic ? Ce qu’il faut savoir

01 octobre 2021 à 10h11
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© Matthieu Legouge pour Clubic
© Matthieu Legouge pour Clubic

Le test d’un écran demande un protocole et des outils spécifiques pour être mené à bien. Aujourd’hui, on vous en dit un peu plus sur la façon dont nous les passons en revue chez Clubic.

Téléviseurs, moniteurs, laptops et autres smartphones ont tous pour point commun d’avoir un écran comme principale source d’interaction. Naturellement, de nombreux critères entrent en ligne de compte pour juger de leurs qualités, déceler leurs faiblesses, et savoir à quels points ils répondent aux usages pour lesquels ils sont destinés. En revanche, ces éléments ne revêtent pas la même importance selon que nous parlons d’un téléviseur ou d’un smartphone, et bien d’autres paramètres entrent logiquement en jeu pour que l’on puisse se faire un avis précis et détaillé sur les produits que nous testons.

Nos mesures nous permettent ainsi de ne pas avoir un avis qui se base uniquement sur le ressenti à l’usage, quand bien même celui-ci reste important pour élaborer nos tests. En appliquant un protocole similaire entre chaque appareil d’une catégorie, nous obtenons des valeurs et des résultats que nous entrons dans notre base de données. Celle-ci s’étoffe au fil des tests et nous donne un aperçu global sur une catégorie de produit grâce à des valeurs comparatives pertinentes. Dès lors, la cohérence du protocole, mais aussi des matériels et logiciels que nous utilisons, est indispensable pour ne pas fausser les résultats.

Présentation des outils de mesures

Dans un souci de transparence et d’informations vis-à-vis de nos lectrices et lecteurs, nous avons décidé de vous donner plus de détails afin de vous expliquer comment sont testés les écrans chez Clubic. Notez bien qu’il ne s’agit pas là de notre méthodologie complète pour chaque type d’appareil, cet article porte uniquement sur l’évaluation de l’affichage.

Calman – Portrait Display

Pour commencer, évoquons d’abord l’outil central autour duquel gravite la totalité de nos tests d’écrans. Il s’agit du logiciel Calman Ultimate édité par Portrait Displays.

Utilisé majoritairement dans le secteur professionnel par des coloristes renommés d’Hollywood comme par les entreprises qui développent des affichages en tout genre, ou encore dans la production de jeux vidéo, Calman permet de vérifier, valider et étalonner une grande variété d’écrans. Plusieurs logiciels sont ainsi développés par Portrait Displays, répondant à des besoins spécifiques : Calman Ultimate, Calman Video Pro et Calman Studio.

Comme son nom l’indique, Calman Ultimate est le plus complet d’entre eux. Il autorise aussi bien l’étalonnage manuel qu'automatique (AutoCal), permet de créer des rapports, et dispose d’outils conçus pour des tâches spécifiques, les workflows.

Les activités de Portrait Displays ne s’arrêtent pas là puisque la société propose également divers outils et accessoires destinés aux professionnels, notamment une sonde et un générateur de pattern. Pour information, un générateur de pattern permet de diffuser diverses mires à l’écran, des mires dont l’importance et la précision sont cruciales puisqu’elles vont passer sous la lentille de notre sonde.

Selon le produit testé, il existe différents générateurs de pattern, nous utilisons notamment MobileForge pour les smartphones sous Android et iOS et Client 3 pour les ordinateurs portables. Les produits qui peuvent directement être connectés en HDMI sur l’ordinateur qui accueille Calman Ultimate bénéficient quant à eux du générateur de pattern intégré au logiciel. Enfin, certains téléviseurs sont compatibles et accueillent des générateurs implémentés avec Calman, c’est le cas de certains téléviseurs chez Sony, LG, Samsung, et Panasonic, qui sont par ailleurs compatibles avec une solution d’étalonnage plus axé vers le grand public : Calman Home.

Nos sondes et boîtiers de mesures

Tous nos testeurs sont équipés de sondes de calibration professionnelles
X-Rite i1. Deux références sont à notre disposition : l’i1 Display Pro et l’i1 Display Pro Plus.

© Matthieu Legouge pour Clubic
© Matthieu Legouge pour Clubic

Ces colorimètres ont tous deux le même rôle, mais la version « Plus » se distingue par des capacités supérieures pour mesurer les niveaux de luminance (jusqu’à 2 000 nits) ainsi qu’une précision accrue pour mesurer le point noir, ce qui la rend idéale pour les affichages OLED comme pour les écrans très lumineux et l’HDR.

© Matthieu Legouge pour Clubic
© Matthieu Legouge pour Clubic

En plus de ces sondes, nous avons recours à un boîtier Leo Bodnar. Celui-ci permet de mesurer l’input lag (la latence), principalement sur les téléviseurs, projecteurs et moniteurs, avec une marge d’erreur de seulement 1 ms.

Nos mesures d'input lag réalisées sur les téléviseurs testés par la rédaction. Plus la valeur est basse, mieux c'est.

Bien des paramètres interviennent dans l’évaluation d’un téléviseur. En ce qui concerne la qualité d’image, nous cherchons à rester au plus près des consommateurs et effectuons dès lors nos premières séries de mesures sans aucun étalonnage au préalable afin de savoir à quoi vous pouvez vous attendre dès la sortie de carton.

© Matthieu Legouge pour Clubic
© Matthieu Legouge pour Clubic

Une fois ces mesures établies, nous en effectuons plusieurs séries avec les différents modes d’images dédiés au cinéma présent sur le téléviseur. Dans certains cas, nous effectuons quelques ajustements pour obtenir de meilleurs résultats. Nous le précisons systématiquement lorsque c’est le cas, et présentons nos réglages.

© Matthieu Legouge pour Clubic
© Matthieu Legouge pour Clubic

Nous pourrions effectuer de très nombreuses séries de mesure sur un grand nombre de critères, mais dans un souci de lisibilité et d’accessibilité, nous présentons uniquement les mesures qui nous semblent être les plus pertinentes. Dans nos tests de téléviseurs, vous retrouverez ainsi une section dédiée au format SDR, puis une autre au format HDR. Nous vérifions ainsi la courbe RGB et la température de couleurs, l’échelle de gris, le gamma, le contraste de la dalle, et bien sûr la colorimétrie avec les mesures de couverture des différents espaces (sRGB, DCI-P3, Rec. 2020) et le Delta E moyen.

Couverture colorimétrique des espaces DCI-P3 (à gauche) et Rec. 2020 (à droite) du Sony BRAVIA XR-55A80J.

S’ajoute à cela les mesures liées à l’HDR, avec la courbe EOTF qui nous permet d’apprécier le tone mapping de certains modèles, et les mesures de pic lumineux.

Les courbes EOTF et de luminance du LG OLED65G1, des mesures réalisées en HDR.

L’ensemble de ces mesures sont réalisées avec des mires diffusées sur des fenêtres qui occupent 10 % de la taille de l’affichage ; nous évaluons toutefois la luminosité sur des fenêtres de 1 à 100 %. Enfin, nous réitérons une partie de ces mesures dans le mode dédié au jeu vidéo si besoin, puis complétons avec la fameuse mesure d’input lag.

Exemple de mesures de pics lumineux réalisées avec Calman Ultimate, ici sur le téléviseur Panasonic TX-65JZ1000
Exemple de mesures de pics lumineux réalisées avec Calman Ultimate, ici sur le téléviseur Panasonic TX-65JZ1000

Les critères importants à retenir pour un téléviseur

La qualité d’image varie fortement selon la technologie, le type de dalle et naturellement du prix du téléviseur, si bien que la plupart du temps elle sera contrainte en premier lieu par ces facteurs.

Néanmoins, une belle image se distingue d’abord par son contraste, à savoir l’écart qui existe entre le point blanc le plus lumineux et le point noir le plus sombre. L’étalonnage d’usine est lui aussi crucial, pour la simple raison que la grande majorité des utilisateurs ne vont pas s’attarder à régler température de couleur et autres teintes et saturation pour chaque nuance. Dans l’idéal, courbe RGB et gamma, température de couleurs et Delta E moyen doivent être au plus près des valeurs acceptées comme référence.

Image en sortie de carton du Panasonic JZ1000 avec le mode d'image "Normal" © Matthieu Legouge pour Clubic
Image en sortie de carton du Panasonic JZ1000 avec le mode d'image "Normal" © Matthieu Legouge pour Clubic

Enfin, en ce qui concerne le rendu HDR, les capacités du téléviseur en matière de luminosité sont primordiales, tout autant que la couverture colorimétrique sur les espaces WCG (Wide Color Gamut) qui vont quant à eux marquer la différence au niveau de la richesse des couleurs et de leurs niveaux de détails, du piqué, ou encore des dégradés.

Comment sont testés les moniteurs et laptops chez Clubic ?

À vrai dire, la qualité d’image d’un moniteur n’est pas si différente à évaluer de celle d’un téléviseur. Nous allons toutefois nous concentrer sur des points qui sont sans doute plus critiques à l’usage pour un moniteur ou l’écran d’un ordinateur portable. Pour les moniteurs, nous évaluons ainsi, en plus des éléments déjà cités ci-dessus, l’uniformité de l’écran grâce à une série de mesures sur un total de 25 zones. Nous complétons cette mesure en diffusant des mires noires dans la pénombre afin de constater si l’écran ne souffre pas de backlight bleeding, de clouding, banding et autres IPS Glow.

Exemple de mesures d'uniformité sur le moniteur LG UltraFine Ergo 32UN880

Lorsque cela est nécessaire, nous calibrons l’écran à l’aide de notre colorimètre et de Calman Ultimate et Client 3. Nous obtenons ainsi un profil ICC que vous pouvez télécharger et appliquer à votre moniteur, si bien sûr vous possédez l’exacte même référence. Attention toutefois, l’étalonnage d’usine peut varier pour une même dalle et référence ; un profil ICC créé pour le même modèle peut donc parfois s’avérer contre-productif et ne pas correspondre aux besoins de votre moniteur. L’idéal reste évidemment d’étalonner vous-même votre unité.

Les critères importants à retenir pour un moniteur

Les critères diffèrent sensiblement si nous parlons d’un moniteur ou de l’écran d’un laptop. La différence se fait surtout sur les capacités lumineuses de la dalle. Les luminosités maximales et minimales sur un ordinateur portable sont souvent un point important puisqu’il est logiquement amené à être déplacé et utilisé à divers endroits. À ce titre, sa réflectance joue aussi un rôle dans l’évaluation, même s’il s’agit d’une donnée que nous évaluons encore au ressenti.

Le MSI Optix MAG274QRF-QD est un moniteur qui requiert un étalonnage pour corriger la saturation des couleurs qu'il présente en sRGB © Matthieu Legouge pour Clubic
Le MSI Optix MAG274QRF-QD est un moniteur qui requiert un étalonnage pour corriger la saturation des couleurs qu'il présente en sRGB © Matthieu Legouge pour Clubic

Enfin, les critères de sélection vont fortement varier selon l’usage de l’écran, c'est pour quoi il est difficile de lister exhaustivement chaque critère important. Nous ne nous attendons pas à ce qu’un écran classique pour la bureautique ait les mêmes capacités qu’un moniteur gaming, et encore moins d’un moniteur dédié aux professionnelles de l’image. Surtout, et comme pour les téléviseurs, bien d’autres éléments vont venir se greffer : la compatibilité HDR, la fréquence de rafraîchissement, ou encore le support de technologies diverses et variées.

Comment sont testés les écrans de smartphones chez Clubic

L'analyse des propriétés d'un écran de smartphone repose peu ou prou sur les mêmes techniques évoquées ci-dessus. À la différence que la génération des patterns passe cette fois par une application éditée par Calman : MobileForge.

Pour l'utiliser, il suffit de connecter son smartphone au même réseau que l'ordinateur sur lequel est lancé Calman Ultimate. L'appairage effectué, il nous suffit ensuite de choisir quel type d'écran nous testons (LCD ou, la plupart du temps, OLED) et de sélectionner le spectre colorimétrique de référence.

© Pierre Crochart pour Clubic
© Pierre Crochart pour Clubic

Nous commençons par tester la luminosité maximale de l'écran. Pour ce faire, deux méthodes. La première consiste à laisser activée la fonctionnalité de « luminosité automatique » du smartphone, qui va pouvoir grimper beaucoup plus haut que si on l'ajustait manuellement. Ensuite, à l'aide d'une torche LED que nous pointons vers l'écran pour simuler une lumière vive, nous effectuons nos mesures.

Selon le chiffre obtenu, nous désactivons ensuite l'ajustement automatique de la luminosité et venons la régler à peu près au milieu. L'idée étant d'obtenir une luminosité d'environ 200 à 300 nits pour répliquer un usage en intérieur.

Viennent ensuite les tests touchant à la colorimétrie. Dans un premier temps, il s'agira de vérifier si la température de la dalle correspond aux standards de l'industrie. Ensuite, il faudra s'assurer que les spectres de couleurs sRGB (le plus répandu) et le DCI-P3 (le plus agréable à l'œil) soient correctement couverts. Et enfin, nous vérifierons que la dérive colorimétrique (le fameux Delta E) n'excède pas la valeur de 3, au-dessus de laquelle l'œil humain commence à remarquer que quelque chose cloche.

Les critères importants à retenir pour un smartphone

Tous les critères évoqués ci-dessus sont importants à différents niveaux. En premier lieu, s'assurer d'avoir une bonne luminosité maximum est essentiel pour s'assurer de pouvoir profiter de son écran sans mal en extérieur. Dans le cas d'un écran LCD, on vérifiera aussi que le taux de contraste est suffisant pour obtenir des noirs profonds.

Sur cet écran, on évalue le point blanc, dont la température doit se situer idéalement à 6500.
Sur cet écran, on évalue le point blanc, dont la température doit se situer idéalement à 6500.

La plupart du temps, du moins sur les smartphones milieu de gamme, la calibration d'usine est mauvaise. L'écran est souvent beaucoup trop froid (l'image a une teinte bleue), ce qui ne rend pas forcément justice à ce que vous pouvez regarder à l'écran. Certains constructeurs comme Xiaomi ou Samsung, permettent néanmoins de jouer avec les réglages pour corriger le tir. Mais sans sonde, il vous sera bien difficile de constater les changements que vous effectuez.

Dans tous les cas, retenez que l'idéal est d'avoir un écran affichant une température de 6500K, qui correspond à un point blanc parfait.

Pour ce qui est de la couverture des couleurs, on préférera une couverture à 100% du gamut DCI-P3, qui offre des couleurs beaucoup plus vives que le sRGB, et donc plus flatteur à la rétine.

Ici, on vérifie si comment s'étend la couverture du spectre DCI-P3.
Ici, on vérifie si comment s'étend la couverture du spectre DCI-P3.
Et là, nous nous assurons que les couleurs sont conformes au nuancier Pantone.
Et là, nous nous assurons que les couleurs sont conformes au nuancier Pantone.

Le delta E, enfin, est un critère important pour les personnes qui veulent retoucher des photos ou des vidéos sur leur mobile. S'il est trop élevé, cela signifie que la couleur affichée par l'écran ne correspond pas à sa référence sur le nuancier Pantone. Et donc que les couleurs sont « fausses ». Ici, ce n'est pas difficile : plus le chiffre est bas, mieux c'est.

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Commentaires (5)

Popoulo
Génial ce genre d’article.
oudiny
oui j’aime ce type d’article explicatif et justificatif !!!
benben99
Au final, ce qui compte c’est pas ce que le capteur à 2000 balles te dit sur l’écran, mais ce que tu vois avec tes yeux.
SlashDot2k19
Merci monsieur l’expert pour ta science infuse
SPH
Bonne article : donc, je donne un
TAURUS31
je donne pas souvent raison a BenBen…il a pas tort tu peux donner les meilleurs outils a 2 personnes et tu auras pas la même façon de faire et le travail fini ne sera pas le même.<br /> Et dans ce cas précis,c’est l’interprétation qu’en fera le testeur qui ressortira au final,forcément subjectif car ça reste un «&nbsp;humain&nbsp;».
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