Transition énergétique : vers des batteries écologiques à base de protéines ?

Thomas Porez
Publié le 18 mai 2021 à 18h45
batteries

Les batteries lithium-ion qui équipent la majorité de nos appareils numériques, de nos smartphones jusqu’à nos voitures électriques, font face à un double écueil : des ressources minérales bientôt épuisées, et un impact environnemental problématique, puisqu’elles sont rarement recyclées. Mais des chercheurs américains ont peut-être trouvé une alternative : des batteries « biologiques », qui se dégradent sur commande.

Les piles (accus ou batteries) sont l'un des outils les plus importants dans nos vies modernes : elles nous permettent de faire fonctionner une multitude d’objets, des radios aux jouets, des smartphones aux montres connectées. Outre les classiques piles sèches (AA, AAA, D), les batteries lithium-ion (ou “Li-ion”), rechargeables, équipent la majorité de nos appareils électroniques portables. Mais si ces dernières ont révolutionné notre quotidien depuis leur commercialisation en 1992, elles posent des problèmes environnementaux qui ne font que croître à mesure que les objets connectés et les véhicules électriques se développent.

Comme le notait le Chemical & Engineering News en 2019, ce qui pose problème, c’est « le caractère jetable de ces batteries ». Si les lithium-ion sont recyclables, dans les faits moins de 5 % sont recyclés, « pour des raisons techniques et économiques ». En outre, leur conception nécessite l'utilisation massive de cobalt, qui est à la fois une ressource naturelle finie et un métal toxique, qui pollue et qui nécessite de rejeter une grande quantité de CO2 pour son extraction. Selon les estimations, si rien ne change, ce sont 15 millions de tonnes de batteries lithium-ion qui devraient être mises au rebut d'ici 2030 (sans être recyclées).

La dégradation plutôt que le (non) recyclage

Plutôt que d’espérer un sursaut miraculeux des fabricants en matière de recyclage, des chercheurs ont mis au point une batterie « écologique », qui fonctionne avec des protéines au lieu du lithium. Plutôt que le graphène, un matériau cristallin synthétique qui selon les promesses de certaines entreprises comme Samsung, pourrait un jour prolonger la vie des batteries, augmenter leur capacité et accélérer leur vitesse de recharge, le futur pourrait ainsi être dans des batteries à radicaux organiques polypeptidiques.

Concrètement, des chercheurs de la Texas A&M University conçoivent depuis 2018 une batterie sans métal, qui utilise des polypeptides (substances qui servent dans la synthèse des protéines) « redox-actifs ». Ces polymères, en se dégradant, permettent de « réduire » une autre substance, c’est-à-dire de la rendre neutre. Quand ils composent la structure d’une batterie comme ici, ils peuvent rester « endormis » pendant son fonctionnement, mais aussi être « déclenchés » (grâce à des électrodes) pour se dégrader en vue d’un recyclage.

Selon les chercheurs de la Texas A&M University, qui ont publié leurs recherches début mai 2021 dans Nature, la dégradation de cette batterie biologique devrait se faire « à la demande » ; simplement en la plongeant dans une solution acide qui dégage des acides aminés. En outre, le processus de dégradation serait inoffensif pour les piles. Ce qui signifie qu'elles devraient se dissoudre sans danger et d’une façon naturelle ; qu’elles soient jetées dans une décharge ou dans l'environnement.

Batteries durables et économie circulaire

« En s'éloignant du lithium et en travaillant avec ces polypeptides, qui sont des composants des protéines, nous entrons dans un domaine qui évite le besoin d'extraire des métaux précieux, et qui ouvre aussi de nouvelles possibilités pour alimenter des appareils électroniques portables ou implantables », estime Karen Wooley, chimiste et membre de l’équipe de recherche.

Les batteries à base de protéines ont actuellement des performances équivalentes à un tiers de celles des batteries lithium-ion. « Mais grâce à leur architecture semblable à celle des protéines, ces performances pourraient être optimisées, en incorporant des conformations que l'on trouve dans les protéines naturelles, qui transportent déjà très efficacement les électrons », avance Jodie Lutkenhaus, professeure de génie chimique et en génie des matériaux, qui participe aux recherches. Les biochimistes de la Texas A&M University, qui travaillent déjà sur cette optimisation en utilisant l’apprentissage automatique, affirment que ces batteries écologiques pourraient constituer une « première étape » vers des batteries durables à long terme et « bio-dégradables ». Allant dans le sens d’une « future économie circulaire ».

Une batterie sans métal, non toxique, rechargeable, recyclable, dégradable à la demande et potentiellement plus performante : face à un tel concurrent, les Li-ion pourraient bien, finalement, voir leur durée de vie réduite.

Source : Techxplore

Thomas Porez
Par Thomas Porez

Geek de naissance, futurologue, prospectiviste, décortiqueur de signaux faibles (positifs ou négatifs), accroc aux smartphones et à ce qu'ils changent dans nos vies, fan absolu (mais averti) de Google.

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Commentaires (10)
Cynian90

on nous l’a fait avec les ordinateurs à base de protéines aussi, tu sais tu finis pas ton repas, tu verse les restes dans ton lecteur CD et ça alimente l’overclockage de la carte graphique
un verre de vin rouge par jour pour garder le disque dur en bon état
et puis si ça ram t’insère un doliprane t’es reparti directe

en attendant j’attends encore l’ascenceur vers la lune que le présentateur de e=m6 nous avait promis pour 2020 ou quelque chose comme ça

cirdan

« Une batterie sans métal, non toxique, rechargeable, recyclable, dégradable à la demande et potentiellement plus performante : face à un tel concurrent, les Li-ion pourraient bien, finalement, voir leur durée de vie réduite. »
Evidemment on a envie de croire à ces merveilleuses promesses, mais depuis des années qu’on nous promet monts et merveilles pour le futur des batteries, il faut surtout rester très prudent sur les rêves qu’on nous vend (souvent du marketing pour obtenir des subventions) et être conscient qu’une utilisation de masse, dans n’importe quel domaine, n’est jamais neutre et encore moins bénéfique pour l’environnement.

tangofever

Une batterie sans métal, non toxique, rechargeable, recyclable, dégradable à la demande et potentiellement plus performante, à base de matière fécales, pourquoi pas.

SlashDot2k19

Douce utopie ces batteries à base de protéines…
Mais il serait temps que les politiques prennent conscience de la pollution qui va être générée de manière exponentielle avec leur lubies d’imposer les véhicules électriques…

Yannick2k

tous les ans, il y a une nouvelle révolution de batterie… mais on en voit jamais la couleur…
à l’année prochaine pour un nouveau type de batterie révolutionnaire :sweat_smile:

twenty94470

Il faut surtout ne plus cliquer sur ce type d’articles et ne plus commenter, oups si le sujet n’est plus vendeur les articles vont disparaître.

carinae

Bah les politiques ne font que s’appuyer sur une tendance de fonds… Les thermiques ne valent pas mieux. La différence tiens essentiellement au fait que le type de pollution est différent.
Le problème du recyclage des batteries est surtout du au modèle économique. Pas assez rentable… Par contre se débarrasser de la pollution de l’air …la c’est une autre paire de manche…:face_with_raised_eyebrow:

bmustang

Si l’utilisateur prenait un peu plus de soins en chargeant sa batterie, pas comme un bourrin, que les fabricants rallongent la durée de vie de nos équipements par des màj et une réparation plus longues dans le temps, on jetterait certainement moins de batterie.
Conclusion, chacun peut réduire ces déchets pollueurs en ayant les bons gestes et surtout de la bonne volonté.

KlingonBrain

Si l’utilisateur prenait un peu plus de soins en chargeant sa batterie, pas comme un bourrin, que les fabricants rallongent la durée de vie de nos équipements par des màj et une réparation plus longues dans le temps, on jetterait certainement moins de batterie.

C’est pas faux.

Mais il faudrait pour cela que les constructeurs nous laissent la possibilité de paramétrer la charge. Par exemple, quand on sait qu’on est pas pressé, de pouvoir désactiver la charge rapide. Aussi de pouvoir fixer le seuil de charge maximale, car cela influe énormément sur la durée de vie d’une batterie.

Mais les fabricants ont t’ils intérêt à ce que nos appareils durent plus longtemps ?

pecore

Des batteries sans métaux rares me semblent autrement plus probables que cette batterie à basse de gelée d’anguille électrique.
Même si je serai très content que cette batterie bio voie le jour. Mais j’attendrai de voir un prototype fonctionner pour sabler le champagne.