Trois anciens de SpaceX veulent réinventer le transport de marchandises sur le rail

Mathilde Rochefort
Publié le 21 janvier 2022 à 12h00
© Parallel Systems
© Parallel Systems

Trois anciens ingénieurs de chez SpaceX ont imaginé un tout nouveau concept de transport de marchandises par rail. S’ils n’en sont qu’au stade de prototype, leur technologie est très prometteuse.

L’entreprise qu’ils ont fondée, baptisée Parallel Systems, vient de lever 50 millions de dollars.

Corriger des failles du système ferroviaire américain

Le transport ferroviaire est beaucoup moins polluant que le transport par camion. Toutefois, le système ferroviaire américain, qui a été privatisé au fil des années, présente plusieurs failles. De nombreuses voies ferrées de petite taille ont ainsi été fermées, car elles ne permettaient pas aux entreprises de générer assez de revenus. Par ailleurs, les trains transportant des marchandises sont incroyablement longs et peuvent parfois compter plus de 200 wagons. Les coûts sont bien moins élevés si un seul train transporte les marchandises.

Cela les force cependant à s’arrêter dans d’importants terminaux situés dans des zones urbaines pour les décharger, et les marchandises destinées à des endroits plus reculés sont donc livrées par la route. « En raison de la façon dont le domaine ferroviaire est conçu, il a ses limites opérationnelles et économiques. Mais si vous pouvez briser ces barrières et permettre au rail de desservir un plus grand nombre de ces marchés, c'est là que se trouve l'opportunité », explique Matt Soule, employé chez SpaceX de 2006 et à 2019.

Avec John Howard et Ben Stabler, également anciens salariés de la firme d’Elon Musk, il a donc créé Parallel Systems. Le système imaginé par les ingénieurs comprend de petits véhicules ferroviaires autonomes à propulsion électrique qui proposent une nouvelle façon d’utiliser les chemins de fer. Ils peuvent aussi bien fonctionner de manière autonome qu’ensemble. Mais, contrairement à un train classique, un wagon peut être chargé et commencer sa route sans attendre que tous les autres soient prêts également. De la même manière, ils peuvent être déchargés un par un, ce qui leur permet de se rendre dans des terminaux bien plus petits, et donc dans des zones rurales.

« Les wagons transportant les conteneurs sont tous autonomes, mais le système fonctionnera mieux si les wagons sont reliés entre eux. Ainsi, au lieu d'avoir un long train de marchandises alimenté par quelques locomotives diesel, Parallel Systems envisage un "peloton" de 10 à 50 wagons de marchandises auto-alimentés », déclare Matt Soule à CNBC.

Le concept plaît 

Les véhicules peuvent transporter plus de deux fois la capacité d'un semi-remorque, possèdent une autonomie de 800 km et peuvent se recharger en une heure environ. En sachant que de nombreuses locomotives aux États-Unis tournent au diesel, faire passer le système à l’électrique pourrait permettre de largement faire baisser les émissions de CO2 liées au transport, bien qu’il faille également prendre compte la technologie par laquelle l’électricité est produite.

Pour l’heure, Parallel Systems compte une équipe de 25 ingénieurs, certains issus de grandes entreprises comme Uber, Tesla et Google. Si la firme n’engrange pas encore de bénéfices et n’a testé son système que sur 50 miles (31 km), Matt Soule affirme que plus de 30 sociétés réputées dans le secteur l’ont déjà contacté. 

Dean Wise, ancien vice-président de la stratégie réseau de BNSF Railway, une compagnie de chemin de fer, fait l’éloge de Parallel Systems : « Chez BNSF, nous avions pensé qu'un véhicule ferroviaire autonome et auto-alimenté changerait la donne, en améliorant considérablement la capacité du rail à concurrencer l'autoroute et à se défendre contre le défi imminent des camions autonomes, que la plupart des gens reconnaissent aujourd'hui comme une question de temps, pas d'éventualité. »

L’entreprise semble donc bien partie pour attirer les grands acteurs du secteur, qui pourraient même investir dans celle-ci pour profiter de sa technologie. 

Sources : Electrek, CNBC 

Mathilde Rochefort
Par Mathilde Rochefort

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Commentaires (10)
PsykotropyK

Intéressant mais quelques gros challenge à relever :
1- l’autonomie est faible. Pour du ferroviaire aux US 800km c’est pas top. On serait donc plutôt sur la dernière portion, le local, pour lequel il n’est pas évident d’avoir un gain VS un camion.
2- si il s’agit d’une plateforme sur laquelle poser un (plusieurs) container(s) cela semble compliquer de mettre un pantographe pour une alimentation via une voie électrifiée aérienne
3- chaque plateforme étant motrice, la maintenance est sans doute plus complexe. A voir si le gain VS un thermique (plus de pièce mobiles sur du thermique) compense la hausse lié à la multiplication des motrices

Thamien

Très intéressant et peu de gros challenges à relever:
1- 800km/h mais te rends tu compte que chaque wagon possèdent 2 packs de batteries contenus dans ses bogies. On est loin d’un plancher recouvert de batteries. L’efficience du système (ferroviaire) le permet… On est sur du x4!!!
2- Aux US, peu de voies électrifiées et ils empilent déjà deux containers sur les wagons de train de marchandises.
3- Le thermique vs l’électrique: c’est le jour et la nuit, en entretien et en efficience…

https://moveparallel.com/product/

zoup01

J’ai du mal à comprendre le concept malgré une bonne connaissance du monde ferroviaire (français)…

Quand à l’entretien, difficile de croire que la maintenance d’une locomotive diesel soit plus important que 50 véhicules autonomes…

Et la multiplication des batteries est à éviter, alors que le ferroviaire offre le meilleur système pour utiliser l’electricite , à savoir caténaire et pantographe.

Cela ressemble à un délire irréaliste comme Hyperloop, sans prise en compte des coûts.

avandoorine

La vraie question c’est de savoir si l’infrastructure ferroviaire est capable de permettre celà. Je ne suis pas un expert ferroviaire mais autant que je sache la base est qu’un signal boque la voie suivante si un train y est déjà présent.

Pour pouvoir faire rouler ces véhicules sur les même voies il faudrait donc beaucoup plus de signaux, avec des tronçons plus rapprochés pour permettre à ces véhicules de fonctionner. Sans quoi avec des petits ensemble je pense que cela serait vite congestionner malgré tout.

PsykotropyK

On n’a pas lu le même article : « Les véhicules (…) possèdent une autonomie de 800 km ». Leur site parle de 500 miles (804). Sans compter que pour atteindre cette autonomie il faut un système de charge à chaque extrémité, sinon on tombe a 400 km de distance couvrable (400 aller + 400 retour). Je ne comprend donc pas de quel x4 tu parles

Je sais bien, d’où l’impossibilité de capitaliser sur une infrastructure existante pour augmenter l’autonomie.

Oui, sauf qu’avec 2 motrices, les trains US tractent 150 wagons. Du coup on échange la maintenance de 2 motrices diesel contre celle de 150 motrices électriques. Les gains n’ont donc rien à voir avec ceux existant entre une voiture thermique et une voiture électrique.

Et attention, je ne dit pas que c’est inutile. C’est sans doute un très bon complément à l’existant (gros trains, gros hubs) pour le local (gros hub - petit hub, petite desserte). Dans ce cas le concurrent n’est plus le rail mais la route par contre.

PsykotropyK

Les US ont un ferroviaire peu électrifié. Les distances à couvrir étant supérieur ils ont fait le choix de conserver des motrices diesel plutôt que d’électrifier les voies.
Il existe seulement 4 lignes de fret totalisant 196 km en électrique… Il y a quelques passages partagé avec des lignes passagers qui sont électrifié mais ça ne dépasse pas 900km (et le fret passe en diesel dessus)

SplendoRage

Sauf qu’aux USA, le réseau ferroviaire est entièrement basée sue le diesel. Il y a très peu de lignes électrifiée ! Et aucunes ne l’est sur les grands axes ferroviaire qui traverse le pays !
D’un point de vue infrastructure, il est plus simple pour les USA et le Canada de miser sur de l’électrique à batterie plutôt que sur des voies alimentée par caténaires. Ne serait-ce déjà pour des raisons d’entretien, et surtout, d’un point de vu climatique, le nord des USA est soumis aux mêmes conditions climatiques que le sud du Canada avec des hiver très rigoureux !

zeebix

Les US ont un immense retard dans le ferroviaire… Ils se sont en gros contenté de remplacer les loco à vapeur par des versions diesel…

Quand chez nous tout ou presque est électrique.

Si seulement chez nous d’ailleurs le système ferroviaire était plus utilisé… Le gouvernement allait dans ce sens il y a quelques années… Mais politique oblige ça n’avance pas ou vraiment lentement.

dante0891

Je pense qu’ils serviront surtout sur les derniers kilomètres.

Le gros train arrivent et au lieu de faire 50 semi, il y aura 25 modules qui transporteront les containers de l’entrepôt général vers les entrepôts de proximités.

Et seuls les tronçons pourraient être automatique pour transporter les modules juste via un écran de contrôle (comme les métros sans conducteurs).

Thamien

ici:


4 fois plus efficient qu’un semi électrique (et bien sûr, sans comparaison avec un semi thermique)