Un revenu universel en crypto-monnaie : douce utopie ou vraie bonne idée ?

Cyril Fiévet
Par Cyril Fiévet, Cyberculture.
Publié le 05 juillet 2021 à 10h37
Revenu universel

Plusieurs projets non-gouvernementaux tentent de lancer des formes de revenus universels s’appuyant sur des blockchains et des crypto-monnaies. Beaucoup ont déjà échoué, mais d’autres les ont remplacé. Utopie ou vraie bonne idée ?

L’idée d’accorder à tout le monde un revenu universel (« Universal Basic Income », UBI - acronyme plus répandu que notre franco-français RU, pour « Revenu Universel ») n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs décennies, en Afrique, au Canada ou en Europe, et même tout récemment (Espagne, Allemagne), des gouvernements nationaux ou locaux ont expérimenté des programmes accordant des sommes régulières aux citoyens quelles que soient leurs situations sociale, professionnelle ou financière. 

Le principe d'UBI s’invite d’ailleurs de plus en plus souvent dans le débat public. En Europe, une vaste étude de l’université d’Oxford montrait en mars 2020 que 71 % des européens sont favorables au principe de l’UBI. Une initiative citoyenne a été officiellement enregistrée en septembre dernier « pour demander à la Commission européenne de proposer un revenu de base inconditionnel généralisé à toute l’Europe ». La pétition, ouverte jusqu’en 2022, a recueillie à ce jour 120 000 signatures. Le sujet est donc dans l’air du temps. Mais il prend une tournure nouvelle en se télescopant aux cryptomonnaies. 

Le revenu universel était l’un des thèmes de campagne du candidat à la Maison Blanche Andrew Yang en 2020
Le revenu universel était l’un des thèmes de campagne du candidat à la Maison Blanche Andrew Yang en 2020

UBI et cryptos, un mariage de raison ?

D’un côté, l’UBI vise à transformer la répartition de valeur en éliminant les règles et restrictions habituelles (niveau de revenu, catégorie sociale...). Outre les expérimentations « officielles », le revenu universel se traduit depuis longtemps par une démarche militante et des initiatives citoyennes.

De l’autre côté, les cryptomonnaies ont été créées en opposition au « système » (et souvent par des militants, au moins au début). Elles entendent transformer les processus de création monétaire, étendre la notion de valeur et redonner aux citoyens le contrôle de leur argent tout en leur offrant une nouvelle forme d’indépendance. « Soyez votre propre banque », comme le clame l’adage le plus répandu dans le monde Bitcoin. Et cela s’accompagne d’un mouvement massif pour décentraliser la finance (DeFi), en particulier crédits et emprunts, par le truchement de protocoles et de mécanismes automatisant les processus et éliminant les démarches administratives. Tout cela semble entrer en résonance avec le principe d’UBI, qui vise à redistribuer la valeur de façon systématique et automatique.

Le Basic Income European Network (BIEN) promeut l’idée d’un revenu universel depuis 1986 - basicincome.org

Le rapprochement entre le revenu universel et l’univers des cryptos paraît donc logique, presque « naturel ». Comme l’expliquait en 2019  le blog du Citizen’s Basic Income Trust, une ONG qui milite pour l’UBI depuis 1992 :

« Pour les défenseurs de revenu de base citoyen, les cryptomonnaies présentent un attrait évident. Elles sont aussi universelles que le principe de revenu de base. Pas de frontières, pas de contrôles, pas de banques centrales ou autres intermédiaires corrompus. Et comme une cryptomonnaie peut être créée à partir de zéro, on peut en concevoir une qui correspond parfaitement aux objectifs à atteindre pour le revenu de base du citoyen »

Pour les partisans de l’UBI, les cryptos sont donc perçues comme un facilitateur potentiel. Et c’est sans doute vrai sur le plan technique. Les blockchains sont réputées idéales pour sécuriser des transactions, accroître la transparence et éviter les triches. Le versement de revenus universels implique d’ailleurs de résoudre le problème d’une identité numérique inviolable, pour lequel les blockchains sont considérées comme une voie prometteuse (Identifiants décentralisés, DID).

Les cryptomonnaies sont également bien adaptées pour distribuer des petites sommes de façon régulière et à frais réduits — contrairement aux autres méthodes. Au plus fort de la crise Covid, le gouvernement des Etats-Unis a plusieurs fois versé à tous les citoyens des sommes forfaitaires sans contrepartie, un « stimulus » qui n’était pas très éloigné d’un « UBI temporaire ». Mais beaucoup de ces sommes furent versées par chèque. Des millions de chèques en papier ont ainsi été envoyés par la poste (et continuaient d’arriver il y a encore quelques semaines). Une méthode jugée archaïque par beaucoup de crypto-fans, qui estime qu'entre les frais d’envois et d’encaissement, l’utilisation de monnaies numériques aurait pu faire économiser des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars. 

Blockchains et cryptomonnaies sont en outre souvent présentées comme une solution d’inclusion financière. « Les technologies blockchain peuvent jouer un rôle essentiel pour améliorer l’inclusion financière des personnes non-bancarisées et sous-bancarisées », estimait le cabinet Deloitte en 2018. « Banking the unbanked », autre mantra très prégnant dans la cryptosphère, insiste sur la capacité des cryptos à fournir à bas coût des solutions viables pour les 1,7 milliards d’individus non-bancarisés aujourd’hui.

Précurseurs et projets morts-nés

Pour toutes ces raisons, on constate une forte proximité entre revenu universel et blockchains, et plusieurs projets de « crypto-UBI » sont apparus au milieu des années 2010. Mais certains ont disparu presque aussi vite qu’ils étaient annoncés, et d’autres, bien que plus solides, ont déjà mordu la poussière.

UBU a disparu

Lancé depuis l'Afrique du Sud, l’ambitieux projet UBU avait imaginé dès 2016 un dispositif innovant pour « monétiser le gaspillage ». L’idée était notamment de réinjecter les produits physiques invendus dans une sorte de second marché reposant sur une monnaie interne au système (UBU), distribuée gratuitement et quotidiennement. Les usagers pouvaient dépenser leurs UBU sur une place de marché offrant des deals et des remises, tandis que des marchands tiers étaient incités à proposer d’autres produits via un second token, UBUx (qui était lui un véritable token Ethereum). Un dispositif complexe qui a fonctionné plus de quatre ans, mais n’a pas survécu à la crise du covid : à l’été 2020, les créateurs d’UBU expliquaient que « compte tenu du climat économique actuel, le projet n'est plus durable ». La start-up afférente a été liquidée et les sites, applications et comptes de réseaux sociaux ont tous été fermés.

D’autres projets paraissent totalement figés. Swift Demand, qui offre 100 Swifts quotidiens à quiconque s’enregistre sur le service, devait lancer sa propre blockchain en 2018 - mais le projet ne semble plus évoluer depuis plus d’un an.

Autre exemple déjà ancien : l'association à but non lucratif Hedge for humanity développe depuis 2015 différents produits et services pour favoriser l’émergence d’un UBI à base de cryptos. Entre 2018 et 2020, l’initiative s’est traduite par la distribution gratuite et régulière de MANNA, « la première crypto-monnaie mondiale conçue pour être distribuée à tout le monde sur Terre selon les principes du revenu de base universel », issue de la blockchain indépendante Mannabase (à ne pas confondre avec MANA, le token de la communauté virtuelle Decentraland). Le projet est actuellement « en sommeil », avant le lancement imminent d’une V2 qui promet de « créer une forme d'argent démocratique, distribuée et équitable » corrigeant les défauts de la première version. Le dispositif s’appuiera notamment sur BrightID, une solution d’identification numérique basée sur une blockchain indépendante, également développée par Hedge.

De son côté, Circles, apparu en octobre 2020, vise à conjuguer UBI, économie circulaire et blockchains. Tout utilisateur validé et « adoubé » par au moins trois autres utilisateurs reçoit sur une base régulière des Circles, qu’il peut utiliser pour échanger biens et services avec d’autres membres de la communauté. Bien que reposant sur une blockchain externe (xDai), le principe se veut différent des cryptomonnaies classiques. « La valeur des Circles est basée sur la valeur apportée par les utilisateurs à la communauté. Si vous vendez votre vélo pour des Circles, ou si vous effectuez une traduction en étant payé en Circles, cette valeur entre dans le système, reste dans la communauté et circule », explique-t-on. La monnaie Circles, dont la valeur va décroître dans le temps, n’est pas destinée à être conservée à long terme mais à être utilisée, si possible comme « moyen de paiement privilégié au plan local, là où réside l’utilisateur ». A ce jour, le projet revendique plus de 200 000 utilisateurs.

UBI + DeFi

Parmi les diverses pistes mises en oeuvre pour créer la valeur nécessaire au versement de revenus universels, la finance décentralisée (DeFi) offre des perspectives nouvelles.

La DeFi se caractérise notamment par des mécanismes de crédit automatisés, ce qui se traduit par des taux d’intérêt récompensant le capital. Plusieurs protocoles, comme Compound ou Aave, rémunèrent ainsi les comptes en stablecoins, avec des taux variables mais jamais nuls. C’est ce principe qu’exploite depuis janvier dernier le projet Good Dollar pour tenter d’initier un revenu universel via un mécanisme à la fois astucieux et simple : les internautes désireux de soutenir la cause de l’UBI envoient des cryptos stables (DAI) dans un smart contract et les dividendes récupérés après avoir fait « travailler » cet argent sont reversés équitablement aux bénéficiaires de l’UBI sous forme de revenus récurrents. 

Le mécanisme de Good Dollar - © GoodDollar

Après vérification d’identité, n’importe qui peut ainsi recevoir chaque jour 7 ou 8 GoodDollars (G$), un token Ethereum provenant des intérêts accumulés. Ces versements sont facilités par le réseau Fuse, porté par sa propre blockchain et autorisant des transactions à très faibles frais. Les supporters du système peuvent retirer leurs DAI à tout moment et n’ont rien perdu (si ce n’est le manque à gagner s’ils avaient eux-mêmes placé cet argent sur un compte rémunéré ; ils récupèrent toutefois également des G$ en contrepartie). Le dispositif est encore balbutiant mais fonctionne : en avril 2021, 17 millions de G$ ont été distribués et plus de 38 000 porte-monnaie ont été créés. En moyenne 86 000 utilisateurs, dont 40% résidant en Asie du Sud-Est, utilisent le dispositif quotidiennement. Les sommes sont encore faibles (environ 10 000 $ distribués gratuitement au total depuis le début, dont 3 230 $ en avril, sachant que le G$ n’est pas encore coté sur les marchés). Mais le projet, porté par le PDG de la plate-forme de trading eToro, s’ouvrira bientôt à d’autres protocoles pour dégager des bénéfices additionnels à redistribuer.

Autre projet notable, la plate-forme Kleros lançait en mars 2021 son projet de revenu universel, sous la forme d’un token Ethereum baptisé $UBI. Une quantité variable de tokens est envoyée au fil de l’eau à toute adresse dûment validée par l’intermédiaire de Proof of Humanity, un dispositif décentralisé de gestion des identités numériques. Initialement, l’idée est de verser à tout humain un revenu lié au temps, à raison de 1 $UBI par heure, donc 720 $UBI par mois (soit 410 $, au cours actuel du token). Là aussi, le projet s’appuie d’une part sur des briques déjà développées (Kleros est un protocole de résolution de dispute basé sur des blockchains) et sur la DeFi (les utilisateurs peuvent être récompensés pour fournir de la liquidité aux marchés via le bureau de change décentralisé Uniswap, rendant le token plus accessible).

Proof of Humanity, clé de voute du token $UBI

Si tout cela est encore embryonnaire, les initiatives privées ou citoyennes mariant UBI et cryptos semblent donc gagner en maturité, et pourraient même (peut-être) inspirer des gouvernements. 

Il est difficile d’estimer à ce stade si ces projets réussiront et, surtout, s’ils pourraient se généraliser à large échelle. Mais ils explorent des pistes inédites. A tout le moins faut-il reconnaître que blockchains, smart contracts et DeFi permettent d’inventer de nouveaux modèles de création et de distribution de valeur. Après tout, qui aurait imaginé lors de l’apparition de Bitcoin en 2009 qu’il existerait une douzaine d’années plus tard près de 10 000 cryptomonnaies pesant 2 500 milliards de dollars ? 

Par Cyril Fiévet
Cyberculture

Cyril Fiévet est ingénieur, journaliste et auteur. Il couvre depuis une vingtaine d’années les technologies de pointe, l'innovation et les tendances émergentes. Il a publié plusieurs centaines d’articles dans une vingtaine de médias sur la cyberculture, l'évolution des usages numériques, l’intelligence artificielle, les interfaces homme-machine, les blockchains... et 7 livres annonçant successivement l’avènement d’Internet, des blogs, des robots ou des crypto-monnaies.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
malak

« Il est difficile d’estimer à ce stade si ces projets réussiront »
Je trouve que c’est plutôt facile… non ils ne réussiront pas.

On passe à autre chose? :slight_smile:

C’est toujours marrant de voir des charlatans prôner le bien de tous alors qu’ils font ça en premier lieu pour s’enrichir personnellement sur le dos d’autrui.
Les projets qui ont « échoué » n’ont pas échoué pour tout le monde…

KlingonBrain

Un revenu citoyen est une évidence dans un monde ou l’automatisation devient omniprésente et ou l’on constate que le chômage de masse irrésorbable ne fait que croître dans la durée.

Hélas, une bonne partie de la classe politique raisonne encore dans le déni des troubles de société engendrés par l’informatisation. Et les problèmes de société tels que la délinquance s’accumulent.

Mais les initiatives privées tels qu’une crypto monnaie « avec des morceaux de revenu citoyen » n’ont pas grande chance de succès. Et cela pour une raison simple, c’est que c’est une forme d’impôt.

Et il ne faut pas être naïf, c’est pas dans la mentalité du monde fric de partager volontairement.

Raisonnablement, l’avènement du revenu citoyen ne peut être que le fruit d’un processus politique.

tangofever

CQFD et qui dit crypto-monnaie dit systèmes informatiques ce qui laisserait un tiers voir plus sur le carreau.

tux.le.vrai

je ne vois pas bien comment c’est financé, crypto ou € !
A part de l’impot, je vois pas d’autres solution.

Il n’y a pas déjà assez d’aides ? on voit déjà des restaurants qui préfèrent rester fermer plutôt que d’ouvrir …

Tout le monde n’est pas motivé par le travail, alors, si on gagne de l’argent sans travailler, autant continuer à vivre sur le dos de ceux qui se font avoir, et donc qui travaillerait encore avant que tout le système ne s’écroule.

tux.le.vrai

(Tiens, en parlant de Crypto, j’ai pas vu d’article aujourd’hui citant le fameux Elon Musk qui dit à présent que le Bitcoin, c’est nul, ça consomme trop d’énergie, et qu’il refuse le paiment de ses voitures en bitcoin :smiley: )

carinae

Pour être plus précis il a dit que les bitcoins ne seraient plus utilisés pour payer des Tesla car cela pollu trop pour l’instant. 80% du minage est fait en Chine et ils utilisent beaucoup de charbon pour l’électricité… Pas vraiment vertueux tout ça :roll_eyes:

carinae

Je ne sais pas si la classe politique est dans le déni mais en tout cas il y a une réalité économique et financière. Certains pays où régions sont considérés comme étant dans des situations de plein emploi donc pourquoi pas les autres ? Et puis comment financer tout ça ?: C’est sur que c’est facile de quémander quand il s’agit de l’argent des autres…:thinking: Je ne suis pas vraiment sur que le revenu universel soit une si bonne idée de que ça. Ça va pousser certains a en faire encore moins… Et encore on ne compte pas les aides … a moins de tout supprimer…
Bref d’un point de vue aussi bien technologique que psychologique ou économique ce n’est pas gagné… :no_mouth: On a vu ce que cela donnait avec l’URSS. « Le capitalisme reparti mal les richesses, le socialisme également la pauvreté »

BossRreynolds

UBI - acronyme plus répandu que notre franco-français RU, pour « Revenu Universel »
avant le lancement imminent d’une V2 qui promet de « créer une forme d’argent démocratique, distribuée et équitable »
« la première crypto-monnaie mondiale conçue pour être distribuée à tout le monde sur Terre selon les principes du revenu de base universel »
Swift Demand , qui offre 100 Swifts quotidiens à quiconque s’enregistre sur le service
après avoir fait « travailler » cet argent sont reversés équitablement aux bénéficiaires de l’UBI sous forme de revenus récurrents.
Après vérification d’identité, n’importe qui peut ainsi recevoir chaque jour 7 ou 8 GoodDollars (G$), un token Ethereum provenant des intérêts accumulés
Le dispositif est encore balbutiant mais fonctionne
En moyenne 86 000 utilisateurs, dont 40% résidant en Asie du Sud-Est, utilisent le dispositif quotidiennement.
l’idée est de verser à tout humain un revenu lié au temps, à raison de 1 $UBI par heure, donc 720 $UBI par mois (soit 410 $, au cours actuel du token)
qui aurait imaginé lors de l’apparition de Bitcoin en 2009 qu’il existerait une douzaine d’années plus tard près de 10 000 cryptomonnaies pesant 2 500 milliards de dollars ?
En Europe, une vaste étude de l’université d’Oxford montrait en mars 2020 que 71 % des européens sont favorables au principe de l’UBI. Une initiative citoyenne a été officiellement enregistrée en septembre dernier « pour demander à la Commission européenne de proposer un revenu de base inconditionnel généralisé à toute l’Europe ».

Un revenu universel en crypto-monnaie : vraie bonne idée ?

Cela veut dire que plus il y a d’investisseurs souhaitant miser sur une crypto monnaie et plus la valeur de cette dernière augmente

il est temps de s’inscrire sur tout les sites pour profiter de l’offre… GRATUITE

PS : l’utilisation de monnaies numériques aurait pu faire économiser des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars.

cirdan

Alors Cluclu, même pas un petit article sur le revirement de Musk concernant le bitcoin ? Dommage, c’est une info croustillante (et surprenante) :wink:

malak

La seule chose de surprenante dans cette info, c’est que Tesla ai réussi à convaincre Musk d’arrêter cette stupidité… c’est pas Musk de lui-même, on a du lui foutre son nez dans sa merde pour qu’il se rende compte que ça pue.