Avec le Phone (3), Nothing se lance dans le grand bain des smartphones haut de gamme. Un pari audacieux pour une marque qui n'en manque pas, mais qui se traduit par un certain déséquilibre dans les comptes de l'entreprise.

Le Nothing Phone (3) est un pari pour la marque londonienne. © Pierre Crochart pour Clubic.com
Le Nothing Phone (3) est un pari pour la marque londonienne. © Pierre Crochart pour Clubic.com
L'info en 3 points
  • Nothing se lance dans le haut de gamme avec le Phone (3), mais le prix élevé suscite des critiques, surtout en Inde.
  • La marque défend son choix de puce Snapdragon 8s Gen4, affirmant que peu de gens on vraiment besoin de plus de puissance.
  • Malgré les critiques, Nothing ne prévoit pas de baisser le prix, rappelant le parcours de OnePlus vers le haut de gamme.

Connu (et reconnu) pour ses excellents smartphones de milieu de gamme, Nothing s'est-il surclassé avec le Phone (3) ? C'est (un peu) l'opinion que je défendais dans mon test du produit le mois dernier. Mais, plus embêtant pour la marque : elle se met à dos l'Inde, son marché principal — et de loin, si l'on en croit les chiffres de Counterpoint. Alors quelle est la stratégie de Nothing au juste ?

Nothing Phone (3)
  • Un design clivant mais hors du commun
  • Écran lumineux et bien calibré
  • D'excellentes performances (même sans Snapdragon 8 Elite)
8 / 10

Un smartphone clivant

Le Nothing Phone (3a) Pro est vendu 469€. Le Phone (3), lui, s'affiche à partir de 849€, soit près du double. Un grand écart qui a interrogé au moment de l'annonce, et qui continue d'interroger plusieurs semaines après la sortie du smartphone. En effet, d'après un porte-parole de l'entreprise cité par Bloomberg, la majorité des plaintes concernant le prix du smartphone viendrait d'Inde. Une région clé pour le fabricant (et tous ses concurrents du milieu de gamme d'ailleurs). Pourtant, la marque balaie la critique. Pour Nothing, l'Inde « n'est pas le marché cible [pour le Phone (3)] ».

« Nous avons conçu notre catalogue en ajustant le prix selon certaines régions, et nous avons d'autres produits qui sont plus dans une fourchette compatible avec les attentes de l'Inde », a-t-il ajouté au média américain.

Le même attaché de presse assure que la marque est satisfaite des ventes mondiales du Phone (3), même si elle refuse pour l'heure de communiquer des chiffres de vente afin qu'on puisse les comparer avec les Phone (1) et Phone (2). Une comparaison bien futile : les précédents smartphones de Nothing étaient vendus autour des 500€.

Aucune intention de baisser le prix

Nothing défend le positionnement de son Phone (3), qu'il considère comme un véritable flagship. Un postulat qui anime de vifs débats en ligne, en cela que le smartphone n'embarque pas la puce la plus puissante du marché (comme cela est d'usage), et lui préfère la récente Snapdragon 8s Gen4. Une puce que l'on retrouve également dans le POCO F7… vendu 453€.

C'est néanmoins un choix qui permet d'éviter au Phone (3) d'être vendu encore plus cher, et que le patron de Nothing, Carl Pei, justifie très justement dans une vidéo où il explique que « 0,1% de la population a vraiment besoin du processeur le plus puissant du marché ». Il ajoute à juste titre que Nothing n'a jamais été conçu pour satisfaire aux « specs warriors », les consommateurs qui veulent à tout prix le jouet le plus clinquant du marché.

Par conséquent, une baisse de prix du Nothing Phone (3), même s'il suscite un rejet de la part du public numéro 1 de la marque, n'est absolument pas à l'ordre du jour.

Amusant : la réception relativement tiède du Phone (3) nous rappelle celle du OnePlus 7 Pro. La précédente entreprise de Carl Pei avait effectivement suivi le même parcours que Nothing, satisfaisant d'abord un public à la recherche d'un flagship killer, pour au final se diriger vers le marché du haut de gamme et devenir, à son tour, un flagship qu'il faudrait « killer ». Alors, qui sera le bourreau de Nothing ?