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Pascal COHET, Ligue Odebi : "on ne peut pas considérer le téléchargement comme du piratage"

28 juillet 2004 à 00h00
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Président de la Ligue des Associations Haut-débit, Pascal COHET présente son association et ses souhaits sur l'épineuse question de la musique en ligne

JB - Pascal COHET, bonjour. Quelle est la représentativité de votre ligue. Combien d'internautes ont signé votre dernière pétition par exemple.

PC - Si la représentativité doit se mesurer en chiffres, on peut éventuellement se référer aux 45.000 internautes qui boycottent l'industrie du disque (cf http://www.odebi.org/boycothon/ ). Sinon, si l'on prend l'exemple de l'affaire pèrenoël.fr, ou de la loi Fontaine, on peut mesurer l'importance des actions de la Ligue, et son pouvoir fédérateur.(pèrenoël.fr n'existe plus, les 95.000 euros de dommages contre les responsables de défense-consommateurs ont été abandonnés, quant à la LEN, entre les différentes lectures parlementaires, et la saisine du conseil constitutionnel -que nous avions préparée un an et demi à l'avance- c'est à 95% qu'elle a été 'nettoyée').

JB - Vous niez le lien entre développement du haut débit et baisse des ventes de CD. Avez-vous d'autres explications ?

PC - La Ligue dit très exactement qu'aucune étude n'a réussi à établir ce lien causal. A titre d'exemple, le porte-parole de la Ligue a demandé, lors d'une conférence à l'Assemblée nationale, à Olivier BOMSEL, auteur de l'étude CERNA préconisant une taxation de l'upload, si selon lui le déploiement des débits était la cause de la baisse de vente de CD, en lui demandant de répondre oui, non, ou je ne sais pas. Olivier Bomsel a répondu "je ne sais pas".

Nous ne prétendons en revanche certainement pas pouvoir affirmer que tel ou tel phénomène serait la cause de cette baisse de vente. Nous constatons simplement que de nombreux internautes expriment que les CD sont trop chers, et remarquons au passage qu'un représentant de l'UFC a récemment publiquement annoncé que l'Union européenne s'intéressait à d'éventuelles ententes entres industriels pour fixer le prix des CD, précisant même "dans ces conditions je me demande bien qui sont les voleurs".

Enfin, de façon globale, il faudrait tenir compte d'une part de l'évolution du pouvoir d'achat, et d'autre part de l'évolution des usages : au-delà de la musique, de plus en plus de temps est consacré au jeux vidéo, et aux dvd.... On notera d'ailleurs par rapport au téléchargement, que si les cd voient leurs ventes baisser, celle des dvd explose....

JB - Vous dénoncez les solutions préconisées par l'industrie du disque. Quelle serait la solution idéale selon vous pour mettre en place une filière légale pour la musique numérique ?

PC - Que l'industrie du disque s'adapte et propose de la musique à un prix raisonnable (10 centimes par morceau), avec des catalogues complets (à elle de se débrouiller avec ses artistes pour la réécriture de leurs contrats...).

Par ailleurs, les produits vendus devront être interopérables : si un internaute achète de la musique, il doit pouvoir la lire sur le support qu'il veut (quel que soit le matériel ou le logiciel). Un internaute n'a aucune raison d'acheter un produit qu'il ne pourrait pas lire sur son baladeur mp3, ou sur sa configuration machine/OS (pourquoi acheter un produit qui obligerait pour pouvoir être utilisé à l'achat d'un autre OS ou d'un logiciel?).

Le nombre de copies possibles, ou leur qualité, ne sauraient être limités (ou alors il faudrait limiter la redevance copie privée?) Que l'industrie du disque arrête de faire la guerre à ses clients potentiels : quels que soient les modèles qu'adopteront ces industriels, ils ne pourront qu'échouer si les attaques contre les internautes persistent (procès, filtrage, dispositifs anti-copie, campagnes de diabolisation, etc...). Quel est l'industriel qui oserait espérer gagner des clients avec des campagnes de procès, ou en refusant de lui fournir ce qu'il a déjà payé?

D'autre part le terme filière "légale" est selon nous inadapté : tant que les français paieront une redevance pour copie privée, on ne pourra pas considérer le téléchargement comme du piratage. Les artistes eux-mêmes ne considèrent pas le téléchargement comme du piratage. C'est très exactement ce qu'explique notre communiqué : si les téléchargeurs sont des pirates, alors la redevance copie privée est un racket. En gros, de façon plus prosaïque : le jour où l'industrie du disque arrêtera d'agresser le public, et de le prendre pour une vache à lait, il sera possible d'espérer une éventuelle reprise des ventes de musique. En attendant, l'attitude de cette industrie ne peut générer que rejet et boycott.

JB - Pascal Cohet, je vous remercie.
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