Acer Predator 8 : une tablette gamer qui rate sa cible

Stéphane Ruscher
Spécialiste informatique
18 janvier 2016 à 17h33
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L'Acer Predator 8 vient se frotter aux tablettes Android pour joueurs, terrain de prédilection de NVIDIA et de sa Shield Tablet. Animée par un processeur Intel Atom X7, la Predator 8 mise sur son système audio, une gestion optimisée du retour de force et un design « tranchant » pour faire la différence. Face à la tablette de NVIDIA, le combat s'annonce rude.

Design et ergonomie : tablette ou Batarang ?

Dire que la Predator 8 ne ressemble à aucune autre tablette est un euphémisme. Dans la mesure où peu de tablettes s'apparentent à un Batarang (boomerang cher à Batman) ou au terminal d'un cargo spatial extraterrestre. Des coins anguleux comme une hache, des liserés rouges sur un dos en métal brossé, tous les clichés du périphérique gamer ou presque sont réunis : il ne manquerait plus qu'il fasse de la lumière !

Alors bien sûr, on aimerait que les constructeurs arrêtent de donner aux appareils pensés pour les joueurs une apparence de gadget post-apocalyptique... mais on serait prêt à passer sur cette faute de goût si la finition et l'ergonomie la rattrapaient. Malheureusement, c'est loin d'être le cas. D'apparence métallique, la Predator 8 est surtout composée de parties en plastique. Du plastique qui grince et qui n'inspire pas franchement confiance. Seul le dos est en métal, rappelant celui de l'Asus ZenPad S.



Mais surtout, les coins anguleux qui accueillent les haut-parleurs sont tranchants. Et qu'on la tienne en portrait ou en paysage, il arrive toujours un moment où ces coins rencontrent vos paumes. Et devinez quoi ? Ça n'est pas franchement agréable ! Et c'est d'autant plus regrettable qu'au dos, Acer a appliqué de chaque côté un matériau offrant une prise en main stable. Comment gâcher une ergonomie par un mauvais choix esthétique !

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Le poids de la tablette, en outre, est correct. Plus lourde qu'un iPad mini 4 ou une Sony Xperia Z3 Tablet Compact, elle fait jeu égal avec la récente NVIDIA Shield Tablet K1, à 353g. Pour une tablette qui se veut console portable, la Predator ne tire au moins pas trop sur les avant bras, à défaut de ne pas gratter les mains.

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Composants : Acer mise sur Intel

L'Acer Predator 8 intègre un processeur Intel Atom x7, plus exactement un Z8700, une puce quadri-cœurs cadencée à 2,4 GHz. La partie graphique est assurée par la solution HD Graphics for Atom du fondeur.

Acer offre à sa tablette un bel écran qui ne joue pas la surenchère pour autant. La dalle LCD IPS affiche une définition de 1 920 x 1 200 pixels (format 16/10e), et des caractéristiques très plaisantes. Les couleurs sont vives sans être trop saturées, les angles de vision presque irréprochables... L'affichage gagnerait tout au plus à être un peu plus lumineux.

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Predator oblige, la tablette intègre quelques technologies destinées à satisfaire les joueurs. L'écran, tout d'abord, est personnalisable. Quatre profils sont proposés, dont on peut modifier la température et la saturation.

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Les quatre haut-parleurs, intrigants, peuvent également être paramétrés selon trois préréglages : ouvert, riche ou concentré. Comme sur l'iPad Pro, les enceintes garantissent un son homogène en détectant l'orientation de la tablette (paysage ou portrait).

Et le Predator Tacsense annoncé sur la boite, de quoi s'agit-il ? Tout simplement de deux moteurs de retour haptique intégrés au dos de la tablette, permettant de se rapprocher des sensations d'un gamepad. Encore faut-il que les jeux le gèrent (voir page suivante).

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Le processeur est épaulé par 2 Go de mémoire vive, et la tablette embarque 32 Go de stockage interne, que l'on peut étendre via un slot microSD.

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Deux points déçoivent tout de même : le Wi-Fi, qui ne gère pas la norme ac et la batterie, d'une capacité assez réduite (pour une tablette) de 4400 mAh, soit moins que l'iPad Mini 4 ou la Shield Tablet K1 de NVIDIA.

À l'usage : une tablette pour joueurs peu exigeants

La Predator 8 se veut une tablette pour les joueurs, et un malentendu apparaît assez vite : Acer semble surtout avoir conçu une tablette « qui fait gamer », en l'affublant, en plus de son design « futuriste », de fonctionnalités un peu gadget comme le double moteur haptique.

Celui-ci ne vous sera d'ailleurs pas d'une grande utilité, puisqu'il nécessite des jeux compatibles. Et un des seuls (le seul ?), Asphalt 8, est préinstallé. Franchement, on n'a pas été saisi par les sensations loin d'égaler les meilleures manettes sur ce point, comme le pad Xbox One.

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Surtout, si les performances brutes de la Predator 8 sont à la hauteur de la concurrence, notre retour sur de vrais jeux ne nous a pas enthousiasmés plus que ça. Le même Asphalt 8 aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Par défaut, il est réglé sur un niveau de détail moyen, et malgré une bonne fluidité, on remarque l'absence d'effets observés sur la plupart des appareils bien équipés en GPU (motion blur, trainées de feu...), comme la Shield Tablet ou l'iPad Mini 4.

En forçant le niveau élevé, on déchante : la cadence prend un sévère coup dans l'aile. On vérifie ce constat avec tous les jeux testés face à la Shield Tablet K1. Real Racing 3 accroche légèrement dès que trop de voitures sont présentes à l'écran, et Lara Croft Go est nettement moins fluide que sur la tablette NVIDIA, notamment lors des passages riches en effets de lumière. On reste dans des limites largement suffisantes pour conserver la jouabilité. Mais d'une tablette pour joueurs, on attend le meilleur, pas la moyenne.

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Avec son joli écran et ses haut-parleurs en façade, la Predator est assez agréable pour regarder des films ou des séries. N'attendez pas, cependant, des performances incroyables de la part des enceintes. Leur son est correct mais manque de basses, et la bascule des haut-parleurs lors du passage de portrait à paysage occasionne une microcoupure du son.

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Rien à signaler pour les autres usages : la navigation web est fluide, l'écran affiche une densité de pixels largement suffisante pour garantir une lecture très confortable. Néanmoins, si l'interface est assez proche d'un Android « stock », on regrette, d'une part, l'intégration de nombreux « bloatwares » (des logiciels préinstallés), et le fait que la tablette soit toujours en version 5.1 à l'heure où nous écrivons ce test.

Un mot sur l'appareil photo : on va tout simplement faire comme s'il n'existait pas. La balance des blancs, la netteté, la gestion du bruit... Tout est moyen, voire médiocre. La webcam rattrape un peu le coup, mais elle ne fera pas beaucoup plus que dépanner pour la visioconférence avec sa définition de 1 mégapixel.

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Performances

L'Intel Atom x7 Z8700 est un processeur relativement performant. Et ça se vérifie lors de nos tests : la Predator 8 affiche de bons résultats sur sa partie CPU ; elle fait un peu mieux que l'iPad Mini 4, tout en restant derrière la NVIDIA Shield Tablet K1.

Cette dernière creuse toutefois l'écart sur la partie GPU, où le HD Graphics d'Intel peine face au Tegra K1, ce qui vérifie nos observations sur les jeux. Les performances de la tablette d'Acer sont assez bonnes, mais clairement en dessous de ce qu'on attend réellement d'une tablette qui se veut « gamer ».



Autonomie

Avec une batterie de capacité assez moyenne et un processeur Intel Atom pas franchement réputé pour sa consommation minimale, on était assez inquiet pour l'autonomie de la Predator 8. Ça se concrétise malheureusement : nous ne sommes pas parvenus à tirer plus de 5 heures d'utilisation, dès que l'on fait un tant soit peu de jeu, ce qui est tout de même sa raison d'être.

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Même constat avec le test de PC Mark, qui simule un usage « normal », mélangeant web, bureautique, retouche photo et lecture vidéo. Avec un écran à 200 Cd/m2, et du Wi-Fi activé, on dépasse à peine les 4 heures. C'est peu, et encore moins que l'Asus ZenPad S.Il est difficile de se distinguer sur le marché saturé des tablettes. Acer tente la voie de l'ardoise pour joueurs, et ça se tient sur le papier. Le jeu mobile demeure un secteur dynamique, qui continue régulièrement à voir débarquer de très bons titres. Avoir sous la main une petite tablette pour jouer à Lara Croft Go, Monument Valley ou à des jeux 3D plus lourds, pourquoi pas !

Malheureusement, la Predator 8 ne remplit pas son contrat. Son constructeur s'est cru obligé de l'affubler d'un design « gamer » non seulement d'un goût discutable, mais nuisant en plus à l'ergonomie de l'appareil par des choix complètement incompréhensibles tels que ses coins anguleux.

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Le parti pris pourrait à la limite se justifier si les performances étaient vraiment exceptionnelles, mais ça n'est pas le cas. La NVIDIA Shield Tablet K1 fait bien mieux pour moins cher, et sans les déconvenues de prise en main. On est tout aussi peu impressionné par l'autonomie, tout juste moyenne.

Au final, la Predator 8 part d'une intention louable mais souffre d'un mauvais sens des priorités. Une bonne tablette pour joueurs, c'est tout simplement une tablette simple, performante et autonome. La multiplication de gadgets technologiques et de choix de design « qui font gamer » ne fait que nuire à un tel produit.

A 349 euros, son prix en version 32 Go, on trouve un iPad Mini 2, dont les performances demeurent tout à fait correctes et à l'écosystème ludique beaucoup plus développé, alors que les joueurs au budget plus serré pourront se diriger vers une NVIDIA Shield Tablet K1 plus véloce, autonome et agréable à manipuler. Le choix est vite fait !

Acer Predator 8

5

Les plus

  • Bel écran LCD
  • 32 Go en standard / Slot Micro SD
  • Bonne fluidité générale

Les moins

  • Performances 3D peu remarquables
  • Autonomie réduite
  • Design anguleux désagréable
  • Beaucoup de bloatware

Finition6

Ergonomie5

Autonomie4

Performances7

Rapport qualité/prix4



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