Générer de l’argent avec du gratuit : un pari difficile pour l’impression photo

24 octobre 2014 à 09h48
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Monétiser ses applications mobiles est loin d'être chose facile. Les consommateurs ont l'habitude de la gratuité sur Internet et il est souvent difficile de les convaincre de payer. Deux sociétés tentent de proposer l'impression gratuite de photos, sans sacrifier leur chiffre d'affaires.

La capture d'image sur smartphone est en plein essor, mais paradoxalement, l'industrie de l'impression photo est en déclin. De nombreux services en ligne proposent désormais d'imprimer des clichés à des prix bien inférieurs aux boutiques physiques. Pour faire développer les images prises avec son smartphone, il y a notamment Polagr.am, Printic, ou encore Polabox. Tous sont payants. Mais d'autres ont tenté le pari de proposer gratuitement ce service.

Deux modèles pour une même finalité

FreePrints fait partie des pionniers du « mobile to print ». Via une application, les utilisateurs envoient les photos de leurs smartphones aux serveurs de la société afin qu'elle imprime jusqu'à 45 clichés par mois et 500 clichés par an gratuitement. Elles sont ensuite livrées au domicile du client, à sa charge. « Le service n'est pas entièrement gratuit, la livraison reste effectivement payante », reconnait Pierre Cesarini, PDG de Avanquest, la société à l'origine de FreePrints.
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Take it propose une formule un peu différente. Des annonceurs vont sponsoriser les tirages. La facture sera réglée par ces derniers. En contrepartie, Take it placera une publicité parmi les photos de l'utilisateur, imprimées dans un format proche de celui des appareils polaroïds. A l'inverse de FreePrints, la démarche n'est pas initiée par le client. « C'est à l'annonceur de décider qui il souhaiter sponsoriser », explique Antoine Marie, co-fondateur de Take it.

Les tirages prennent donc la forme de cadeaux dans le cadre de programmes de fidélité ou lors d'événements particuliers. Take it a des partenariats avec de nombreux annonceurs, dont Levi's, la SNCF, Fiat ou encore HTC.

De la difficulté d'être rentable

Avanquest édite des logiciels depuis 1984. La société est notamment à l'origine de WinFax ou Fix-it mais dispose d'activités dans presque tous les domaines : de la bureautique à la création de sites web, en passant par les jeux vidéo et la modélisation. Des activités lucratives qui lui permettent de tenter des tirages photos gratuits à perte.

En effet, FreePrints n'est pas rentable : « nous ne gagnons pas d'argent mais nous n'en perdons pas non plus, nous arrivons à amortir nos frais », explique Pierre Cesarini. Grâce à des volumes d'impression importants et des partenariats avec des « prestataires américains », la société parvient à réduire considérablement ses coûts de production, ce qui lui permet de compenser ses faibles marges, inférieures à 10%.

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De son côté, le sponsoring à la manière de Take it n'est pas non plus rentable. En revanche, Antoine Marie assure que « la société le sera d'ici la fin de l'année 2015, car nous allons essayer d'augmenter nos marges ». Comme pour FreePrints, les marges de Take it « ne dépassent pas les 10% ». Les volumes d'impression seront alors déterminants pour les résultats de l'entreprise. Par ailleurs, son procédé industriel serait optimisé grâce à « la flexibilité de l'imprimeur partenaire », situé en banlieue parisienne.

Se faire connaître et tester un marché

Mais alors, pourquoi proposer de tels services gratuitement ? Pour FreePrints et ses 45 clichés gratuits par mois, il s'agit d'une offre d'appel ayant donc pour vocation d'attirer les utilisateurs. Le but de la démarche est plutôt de faire connaître Avanquest, et surtout, ses offres payantes : « Nous espérons que nos clients viendront à d'autres produits », explique Pierre Cesarini.

En réalité, seules les photos imprimées en format 10x15cm sont gratuites. L'application propose 9 autres formats « premium » allant jusqu'à 76x100cm. Et pour le PDG d'Avanquest, cela fonctionne : « Sur le marché américain, où nous sommes également présents, nous avons constaté que les utilisateurs de notre application se rendaient également sur nos services hors mobile. C'est plus simple pour eux de continuer à faire développer leurs photos via nos services car nous les avons déjà sur nos serveurs ».

Quant à la démarche de Take it, elle avait pour ambition de tester le marché : « les 8 derniers mois nous ont servis à valider le concept. Maintenant que c'est fait, nous voulons répondre aux attentes de plus de marques ». La société offre un support média dont l'ambition est d'améliorer l'image de marque des annonceurs. Après un premier essai, Take it va lancer la seconde version de son application en début d'année prochaine.

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La marque n'a encore jamais communiqué à ce sujet, mais Antoine Marie nous a confié que « la nouvelle application intégrera des fonctionnalités sociales et elle sera ouverte à tout le monde ». Cela signifie qu'un utilisateur pourra offrir des développements photo à d'autres utilisateurs : les marques ne seront donc plus les seules à pouvoir sponsoriser les tirages.

Offrir du gratuit permet une pénétration du marché plus rapide et plus importante, et c'est également une bonne manière de faire connaître son entreprise. Mais pour Jeremy Charoy, co-fondateur de Polagr.am, la viabilité à long terme de ces services n'est pas certaine : « C'est un bon plan de communication éphémère, mais sur le long terme, je doute que cela fonctionne. L'offre gratuite est limitée à peu de produits, le service risque de coûter cher aux annonceurs, et je ne suis pas certain que la qualité des photos soit aussi bonne qu'avec des services premium ».

Quoi qu'il en soit, FreePrints semble avoir eu l'effet escompté par sa société mère, et Take it continue de développer ses activités. Malgré l'engagement de certains acteurs, offrir des produits gratuitement reste une stratégie compliquée, et rentabiliser un tel modèle s'avère souvent être un véritable parcours du combattant.
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