Avec l'émergence des smartphones, les applications de messagerie gratuite ont gagné du terrain, entraînant dans leur sillage une victime collatérale : le SMS. Une étude du cabinet Ovum rappelle que les « textos » représentent une grosse source de revenus pour les opérateurs mobiles, près de la moitié de leur chiffre d'affaires en 2011, appels exclus, dit l'étude. Cette cannibalisation par des services gratuits, utilisant la 3G ou le Wi-Fi, entraîne un manque à gagner conséquent.
Que ce soit BlackBerry Messenger (BBM), iMessage sur iPhone, ou des applications indépendantes comme WhatsApp Messenger et ses un milliard d'utilisateurs revendiqués, Viber, TextPlus ou Fring, ces moyens alternatifs d'échanger des messages hors des canaux mobiles entraîneraient un manque à gagner de 17 milliards d'euros en 2012 pour les opérateurs télécoms dans le monde.
Et le phénomène s'accélère. En deux ans, les pertes auraient triplé : 6,75 milliards d'euros en 2010 et 10,8 milliards en 2011. L'étude prévoit que la tendance va se renforcer pour atteindre une perte potentielle de 42 milliards d'euros d'ici 2016. À cette échéance, la part des SMS dans les revenus des opérateurs télécoms atteindrait les 35%, contre 45% aujourd'hui.
Facebook plus offensif sur la messagerie
Les opérateurs peuvent-ils reprendre du terrain sur la messagerie ? Pour Neha Dharia, analyste chez Ovum, un besoin urgent d'innovation se fait sentir. Pour l'instant, « les opérateurs sont sous pression pour tirer le maximum de revenus de cette activité de communication », explique-t-elle, mais à terme, ils « devront investir le terrain de la messagerie sociale ou, à défaut, s'allier avec des acteurs existants ». Pour l'analyste, cette évolution n'est pas une mode, mais le résultat d'un « changement des habitudes de communication ».
Rappelons que fin septembre, Facebook a apporté sa pierre à l'édifice avec une nouvelle mouture de son application Android Facebook Messenger. Laquelle met à l'honneur sa fonctionnalité de messagerie, permettant désormais de consulter ses SMS via Facebook. L'idée sous-jacente est d'habituer l'utilisateur à son environnement pour le détourner progressivement du bon vieux « Short Message Service ».
Malgré tout, les opérateurs français peuvent être rassurés. Le 4 octobre, l'Arcep relevait un nombre record de SMS envoyés en France lors du deuxième trimestre, avec 45,7 milliards d'envois. L'Autorité observait que le nombre de messages interpersonnels émis connaît une très forte expansion et s'accroît depuis un peu plus de deux ans, d'environ 10 milliards de SMS en rythme annuel.