Réseaux sociaux d'entreprise : "un nouveau tous les matins"

10 mars 2011 à 17h49
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A déambuler dans la section dédiée aux réseaux sociaux d'entreprise du salon Solutions intranet et Travail collaboratif, qui se tient jusqu'à ce soir à la Porte de Versailles de Paris, on ne pouvait que s'étonner du nombre d'acteurs sur ce marché. Certes, les solutions existent depuis longtemps, et découlent directement des réseaux sociaux classiques, des intranets, ou de l'email, mais le marché est encore jeune et n'a pas encore eu le temps de se structurer.

C'est bien simple, si l'on en croit Bertrand Duperrin, consultant senior sur ces questions au sein de l'agence Nextmodernity, « il y en a un nouveau tous les matins. » Jive Software, Telligent, ou encore Bluekiwi sont les principaux pure-players du secteur. Face à eux, plusieurs géants tentent de s'imposer sur ce créneau, de Microsoft à IBM, en passant par Salesforce qui semble décider à mettre des briques sociales dans tous ses produits depuis quelques mois. Et à côté, dans la marge, un nombre incalculable de petits éditeurs tentent de se faire une place.

Prétentions des startups
Y a-t-il encore de la place pour ces derniers ? Selon Eric Merle, président de Cara Mel (éditeur d'Info Dialog) - qui affirme que le nom de son entreprise n'est pas un clin d'oeil à feu Caramail - c'est tout à fait normal : « pour les gros éditeurs, comme Microsoft, ce sont des technologies extrêmement destructives de valeur, car ça met fin à un certain nombre de produits, comme Word par exemple, qui leur rapporte beaucoup d'argent. Ils disent qu'ils y vont pour la communication, mais en réalité, ils traînent des pieds et arriveront le plus tard possible sur le marché. »

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Il y aurait donc une fenêtre de tir pour toutes ces startups, « à condition d'aller plus vite, et de révolutionner un peu les techniques. » Sur les fonctionnalités de base, tout le monde semble s'entendre : une touche de blogs, de pages personnelles, de micro-blogging aussi. Sur le reste, chacun met en avant ses technologies. Les plateformes internes et externes, qui permettent de collaborer au sein de l'entreprise, mais aussi avec les clients et fournisseurs, semblent s'imposer. Elles sont la norme chez Cara Mel, Telligent, et autres. Tel éditeur mise sur l'analytique, tel autre appuie ses capacités à récupérer les données issues des emails échangés entre collaborateurs, un troisième mise sur la prise en charge de formats de documents étendue.

Critères de sélection
Difficile de s'y retrouver, donc. D'où la présence d'une agence comme Nextmodernity sur le salon. Interrogés sur les différentes capacités de différentiation des éditeurs, ils insistent sur plusieurs points :
  • « Pas de solution qui enferme l'utilisateur dans une logique imposée, » selon Bertrand Duperrin. « Par exemple, chez Danone, l'outil qui fait le réseau social d'entreprise entre les collaborateurs est invisible : ce sont des couches de services intégrées dans l'Intranet, ce qui est une bonne pratique car elle permet de créer un outil sur mesure, en fonction des besoins. »

  • « Si l'entreprise en a les moyens, il faut aussi s'appuyer sur des outils avec des APIs bien documentées, ouvertes, et robustes. » Ces APis permettront également de s'intégrer avec les grands éditeurs du marché, pour des besoins spécifiques liés au partage de documents, etc.

  • Autre point à vérifier : le type d'hébergement. Qu'il soit sur site ou hébergé, cela peut changer la donne pour les organisations. Bertrand Duperrin explique que « certaines organisations, publiques par exemple, ont l'obligation d'héberger leurs données sur le sol français. Le type d'hébergement peut donc faire la différence. »

  • Rodolphe Magnin-Feysot, éditeur partenaire de Nextmodernity, ajoute qu'il faut une offre venant d'un éditeur pérenne : « le marché va se consolider, il est loin d'être mature, et plusieurs éditeurs risquent de disparaître dans les prochaines années. »


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Des critères qui faciliteront sans doute l'aide au choix, même si les consultants semblent un peu catégoriques : pour Rodolphe Magnin-Feysot, le seul qui réunit toutes ces conditions à l'heure actuelle, c'est IBM Connections. Vérification faite auprès de l'intéresser, son entreprise est Business Partner d'IBM. Mais il met en avant le caractère supposé véritable de l'implication d'IBM dans les réseaux sociaux.

Arrivée des éditeurs américains
« Les autres éditeurs, comme Salesforce, » explique Bertrand Duperrin, « sont des spécialistes d'autres métiers qui ajoutent des briques sociales. Alors que les réseaux sociaux sont censés décloisonner, ils ajoutent de nouveaux silos sociaux. » Aucune chance pour les autres ? Le consultant voit les petits éditeurs cantonnés « aux niches, ou aux PME. » « Pour l'instant, il y a de la place pour tout le monde, » ajoute Rodolphe Magnin-Feysot, « parce que les grands comptes expérimentent, et donnent donc du budget qui permet de faire vivre un bon nombre d'éditeurs. Mais quand les choix seront faits, cela va se structurer. »

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Avec une prépondérance des éditeurs américains ? Certains, comme Telligent, veulent marquer des points sur les marchés européens. De quoi faire craindre le pire à certains éditeurs français, comme Bluekiwi, qui se dit leader européen. Amélie Launay, responsable du marketing chez Bluekiwi, semble plutôt confiante. « Les éditeurs américains arrivent, mais les Français sont aussi bien représentés. La France a son propre marché, et pour réussir, il ne suffit pas d'avoir des moyens et une solution : il faut être proche du marché, connaître ses spécificités. » Pourtant, pour Stephen Poncini, le vice-président EMEA de Telligent, « les questions sont le plus souvent les mêmes d'un marché à l'autre chez nos clients. »

Mais Bluekiwi veut s'appuyer sur son implantation, et son expérience. « Aux Etats-Unis, nous sommes tout petits, et nous devons nous adapter à Jive. Mais en Europe, on espère ne pas avoir à s'adapter, et que ce soit Jive qui doive se positionner par rapport à nous. »

Voire, donc. Bertrand Duperrin est moins confiant sur l'avenir des éditeurs français. « Il n'y a qu'à regarder l'histoire de l'informatique. Quelques grands éditeurs européens restent-ils ? Il y avait BusinessObjects, rachetés par SAP. Donc SAP, ça fait un. Dassault Systèmes, deux. Techniquement, on n'a rien à envier aux Américains, mais le problème est structurel. » Mais au salon Solutions intranet et travail collaboratif, tout le monde y croit : les réseaux sociaux d'entreprise arrivent, et le marché va se structurer. Cara Mel veut prendre sa place, Telligent avance ses pions sur la France et l'Europe, Bluekiwi fait confiance à son expérience. « De toute façon, » plaisante à moitié Rodolphe Magnin-Feysot, « ce n'est pas forcément un mauvais calcul. Si les grands éditeurs décident un jour de nettoyer le marché, ils peuvent racheter à tout va, et ça sera aussi un succès pour les éditeurs locaux. »
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