Roaming : le double jeu d’Orange

06 mars 2015 à 19h33
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L'éditorial de Anicet Mbida, rédacteur en chef de Clubic Pro.
Comment amener ses clients du rire aux larmes en moins d'une semaine ? Simple : présentez-leur une application qui supprime les frais de roaming à l'étranger. Attendez quelques jours. Enfin, laissez les ministres repousser la fin du roaming Européen aux calendes grecques. Retour sur une semaine où j'ai nourri de fous espoirs sur l'abandon des frais d'itinérance.

Tout commence jeudi 26 février, quelques jours avant l'ouverture du Mobile Word Congress. Dans un communiqué, Orange annonce « Reach Me » une option inédite pour Libon, son application de VoIP. Avec celle-ci, l'abonné peut appeler et être appelé sur son numéro de mobile en utilisant le WiFi. En clair, si l'on bascule en mode avion, on peut quand même émettre et recevoir des appels sur son 06, si l'on est connecté en WiFi.

Plus de surcoût hors de son pays

L'option est évidemment très utile en cas de mauvaise couverture réseau. Mais elle prend tout son intérêt à l'étranger pour s'affranchir des frais de roaming. Plus besoin de s'arracher les cheveux à paramétrer un client SIP. Ni de bidouiller un renvoi vers un numéro Skype-in. L'accès WiFi suffit, et tous ses appels seront reçus, partout dans le monde, sans surcout, via l'application Libon. Une aubaine pour les globe-trotteurs.

Ne pas payer plus cher quand on téléphone hors de son pays. L'idée fait son chemin dans l'Union Européenne. Depuis quelques années, Bruxelles travaille à la suppression progressive des frais d'itinérance sur le Vieux Continent. Les appels et le surf mobile depuis plusieurs pays de l'Union commencent à être inclus dans les forfaits. En avril 2014, a même été voté le « Paquet Télécoms » qui fixait une date butoir pour la fin du roaming : le 15 décembre 2015. Il y avait donc de quoi être confiant.

Fin du roaming Européen en 2018... au mieux

Mais cette semaine patatras ! Les ministres des télécoms des états membres ont préféré ne pas valider le texte Européen pour préserver les marges de leurs opérateurs locaux (elles tournent autour de 60% sur les frais d'itinérance). Après des mois de tractations, un seul consensus : « évaluer, d'ici mi-2018, quelles mesures supplémentaires pourraient être nécessaires pour éliminer à terme les frais d'itinérance ».

Retour à la case départ et douche froide pour les globe-trotteurs ? Pas tout à fait diront certains, puisqu'on peut compter sur Libon. Sauf qu'avec le rétropédalage des États membres, je suis devenu pessimiste. Un exemple : pour pouvoir être appelé sur son mobile en WiFi, il faudra d'abord que l'option Reach Me soit activée dans le pays. Or pour l'heure, l'Italie est le seul pays à tenir la corde pour le lancement du service fin mars.

Pourquoi l'Italie ? Peut-être parce qu'Orange n'y est pas opérateur. Il peut donc y jouer les trublions comme Skype, Viber et consorts pour donner des migraines à ses homologues transalpins. Mais acceptera-t-il d'offrir Reach Me dans les pays où il est lui-même acteur ? Est-il prêt à mettre en péril ses juteux accords de roaming ? A la lumière des événements récents, j'en doute. Mais j'espère qu'Orange me donnera tort.

Anicet Mbida

On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir...

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On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir développé des jeux pour UbiSoft quand ils étaient encore installés à Créteil dans le Val de Marne. C’est totalement par hasard que j’ai bifurqué journaliste informatique en 1994, dans un titre de presse professionnelle qui plus est (01 Informatique). Une formidable expérience qui m’a permis de commenter toutes les transformations de ces vingt dernières années et d’interviewer les plus grands : Steve Jobs, Bill Gates, Andy Grove, John Chambers, Larry Ellisson, etc. Ce qui me passionne ? L’impact social des technologies : la façon dont Internet a changé notre façon de draguer, d’acheter, de s’informer ou de se distraire. Ce portable, dernier objet que l'on regarde avant de se coucher, le premier au réveil. C’est probablement pourquoi j’ai créé la chronique Culture Geek sur BFM TV en 2009. Et même si certains ne me connaissent aujourd'hui qu'à travers ce miroir grossissant de la télévision, l’essentiel de mon métier, de mon ADN, a toujours été lié à la presse écrite. Hier comme rédacteur en chef adjoint de 01Net et de 01 Business et Technologies, aujourd'hui comme Rédacteur en Chef de Clubic Pro. N’hésitez pas à me contacter. J’essaie, dans la mesure du possible, de répondre à tout le monde.

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