Le premier cargo électrique et autonome prend la mer et remplacera 40 000 trajets en camion par an

23 novembre 2021 à 09h11
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© Knut Brevik Andersen / Yara International ASA
© Knut Brevik Andersen / Yara International ASA

En Norvège, un bateau cargo électrique et autonome a parcouru la distance entre une usine située dans la ville de Porsgrunn, au Sud-Est du pays, et le port de Brevik, soit un peu plus de dix kilomètres, en transportant 120 containers remplis d’engrais. 

Dans le pays scandinave, de nombreux ferries électriques circulent à travers les fjords. Toutefois, le Yara Birkeland est le tout premier cargo électrique à naviguer sur les eaux norvégiennes, ainsi que dans le monde. 

L’équivalent de 100 Tesla

D’une longueur de 80 mètres et pesant 3 200 tonnes, le cargo a débuté ses deux années d’essais au cours desquelles les techniciens peaufineront son système de navigation autonome. La timonerie, où se trouve habituellement le personnel navigant, pourrait disparaître du Yara Birkeland d’ici trois, quatre ou cinq ans.

Le bateau devra naviguer dans un fjord étroit et passer sous deux ponts tout en gérant les courants et le trafic intense de navires marchands, de bateaux de plaisance et de kayaks. En outre, le port de Porsgrunn est l’un des plus animés du pays nordique. « Tout d'abord, nous devons détecter qu'il y a quelque chose là. Nous devons comprendre qu'il s'agit d'un kayak, puis nous devons déterminer ce qu'il faut faire de cela », explique Jostein Braaten, le dirigeant du projet. « Actuellement, les grands navires ne font pas grand-chose avec un kayak. Ils ne peuvent pas faire grand-chose. Ils peuvent avertir, mais ils ne peuvent pas manœuvrer pour s'éloigner », continue-t-il, ce qui explique le travail fastidieux qui attend les experts durant ces deux années de tests. 

Le jeu en vaut néanmoins la chandelle : « Une grande partie des incidents qui se produisent sur les navires sont dus à des erreurs humaines, à la fatigue par exemple, le fonctionnement autonome peut permettre un voyage en toute sécurité », affirme Jostein Braaten. Par ailleurs, la salle des machines du Yara Birkeland a été remplacée par huit compartiments de batteries, ce qui donne au navire une capacité de 6,8 MWh provenant d'hydroélectricité renouvelable, c'est l'équivalent de 100 Tesla. 

Le secteur maritime est très polluant

Le navire va ainsi permettre de supprimer les 40 000 trajets en camion par an, actuellement effectués au moyen de diesel polluant, nécessaires pour transporter des marchandises entre les deux endroits. 

Si le Yara Birkeland est un beau pas en avant pour le secteur maritime, il ne permet d’éliminer que 678 tonnes de dioxyde de carbone d’émissions par an. Pour rappel, ce secteur contribue à 3 % de toutes les émissions issues de l’activité humaine ; et bien qu’il souhaite les réduire de 40 % d’ici 2030, les chiffres de ces dernières années montrent, au contraire, une hausse du taux d’émissions liées au trafic maritime. 

Malheureusement, les cargos autonomes et surtout, électriques, ne sont pas une solution envisageable pour les longs trajets sur l’océan. « L'électricité a une utilisation "de niche", en particulier pour les ferries, car il s'agit souvent de trajets courts et stables, éventuellement pour les transports côtiers et fluviaux. Mais elle n'est pas bien adaptée aux longues traversées océaniques. Non seulement [un navire] devrait être autonome sur de longues distances, mais il faudrait aussi équiper les ports de chargeurs de batteries. Il y a donc des défis techniques et infrastructurels qu'il faudrait coordonner… », détaille Camille Egloff, experte en transport maritime au Boston Consulting Group.

La solution serait donc de s’intéresser à d’autres alternatives comme le gaz naturel liquéfié, l’hydrogène ou l’e-méthanol. 

Source : Techxplore

Mathilde Rochefort

Après mes études de journalisme, j’ai décidé de m’orienter vers les domaines qui me passionnent : nouvelles technologies, jeu vidéo, ou encore astronomie. J’adore partager autour de ces sujets mais ma...

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Après mes études de journalisme, j’ai décidé de m’orienter vers les domaines qui me passionnent : nouvelles technologies, jeu vidéo, ou encore astronomie. J’adore partager autour de ces sujets mais ma curiosité m’entraîne à évoquer de nombreux autres sujets au travers de mes articles.

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Commentaires (21)

bennukem
Mais du coup, faut toujours des camions pour acheminer la cargaison du point de production au port et de ce dernier au point d’exploitation.
iksarfighter
Évidemment la Norvège enrichie par l’exportation massive d’énergie fossile peut se permettre de financer ponctuellement des petits îlots de greenwashing sur son territoire.
MattS32
Non. C’est embarqué directement au point de production, l’usine Yara est au bord de l’eau, avec un quai d’embarquement.<br /> Quand à l’arrivée, Brevik n’est pas situé en zone agricole, donc si avant ils transportaient ça vers Brevik en camion, c’était sans doute pas pour une consommation locale, mais plutôt pour l’expédier plus loin en bateau. Donc en l’amenant au port avec un autre bateau, il n’y a plus qu’à transborder les containers d’un bateau à l’autre.
Messenger
Pour le transport lourd, cargo, train… la solution hydrogène est généralement plus appropriée…<br /> …si l’hydrogène n’est pas produite a partir de pétrole…
dack1
«&nbsp;D’une longueur de 20 mètres et pesant 3 200 tonnes&nbsp;»<br /> Hmmmm, très lourde cette batterie du coup.<br /> «&nbsp;en transportant 120 containers remplis d’engrais&nbsp;»<br /> Je pense qu’il y a eu erreur quelque part sur la longueur où alors c’était des boîtes à chaussures.
Mel92
C’est normal qu’on ne parle pas de création ou de recyclage puisqu’on ne s’intéresse qu’a la réduction de l’émission des gaz à effet de serre (le réchauffement climatique, tout ça tout ça).
Messenger
Par rapport à une batterie de cette puissance… si…
Jsp75
Ce qui serait courageux de la part de nos amis norvégiens, ce serait d’arrêter l’extraction et l’exportation d’énergies fossiles. Ce serait un geste d’une portée beaucoup moins symbolique… enfin, bref…
P-yves
Vous dites:<br /> Le navire va ainsi permettre de supprimer les 40 000 trajets en camion par an, actuellement effectués au moyen de diesel polluant, nécessaires pour transporter des marchandises entre les deux endroits.<br /> Mais c’est vrai pour n’importe quel navire. Il faudrait faire la comparaison avec un cargo ayant la même capacité de transport pour avoir une comparaison pertinente.
Palou
dack1:<br /> « D’une longueur de 20 mètres<br /> J’ai envoyé la question a la Team pour savoir si c’est une erreur ou pas <br /> Edit : la longueur est de 80m ( Yara Birkeland | Yara International)
philouze
«&nbsp;On oublie souvent dans ce genre d’annonce de calculer la pollution engendrée pour la création et le recyclage des batteries et autres panneaux solaires.&nbsp;»<br /> On ne l’oublie jamais dans aucun éco-bilan, c’est la notion d’énergie et de pollution grise.<br /> Dans le cas du Yara Birkeland l’écart est si énorme (480 T de pollution grise pour les batteries Versus 680 tonnes économisées par an) que ça a effectivement peu de sens de souligner que «&nbsp;les batteries ont un bilan elles mêmes&nbsp;». Il faudra moins d’une année de service pour amortir la chose.<br /> C’est calculé en moyenne mondiale par kWh, mais c’est probablement encore meilleur car les cellules sont européennes, ce qui est plutôt rare (une solution suisse, Leclanché)
philouze
"La solution serait donc de s’intéresser à d’autres alternatives comme le gaz naturel liquéfié, l’hydrogène ou l’e-méthanol. "<br /> Non, la solution pour le transocéanique c’est … la voile (rigide, magnus/tournante, semi-rigide, gonflable, le kite géant… il y a pléthore de solutions en compétition)<br /> Le carburant, zéro-co2 ou pas, doit (re)devenir une énergie d’appoint.
Blackalf
Jsp75:<br /> Ce qui serait courageux de la part de nos amis norvégiens, ce serait d’arrêter l’extraction et l’exportation d’énergies fossiles. Ce serait un geste d’une portée beaucoup moins symbolique… enfin, bref…<br /> Tout à fait, mais pour certains la Norvège est forcément vertueuse parce que beaucoup de citoyens ont des VE. Ca s’appelle «&nbsp;voir midi à sa porte&nbsp;».
MattS32
À court terme, ça aurait exactement l’effet inverse de l’effet escompté en fait.<br /> Le pétrole norvégien est l’un des pétroles dont l’extraction produit le moins de CO2, parce que le pays a massivement investi ses revenus du pétrole dans les énergies «&nbsp;propres&nbsp;» et dans le captage/stockage de CO2.<br /> Si la Norvège arrêtait maintenant de produire du pétrole, ça ne ferait pas diminuer d’un iota la consommation mondiale de pétrole. Ce sont juste les autres pays producteurs qui prendront le relais. Avec un pétrole dont l’extraction engendre plus d’émission.<br /> Résultat à court et moyen terme : une augmentation des émissions de CO2.
Blackalf
Faudrait savoir, il faut arrêter d’utiliser les énergies fossiles…mais le pétrole norvégien, on peut, parce qu’il est moins polluant que les autres ?<br /> Désolé, mais c’est un double discours. Très semblable, d’ailleurs, à celui de l’Australie qui veut continuer à exploiter le charbon en disant pour se justifier que c’est le meilleur du monde.<br /> Il ne manque que les émirs du pétrole pour dire que leurs peuples vont mourir de faim s’ils cessent l’extraction du pétole, et le décor est planté pour que rien ne change jamais.
MattS32
Blackalf:<br /> Faudrait savoir, il faut arrêter d’utiliser les énergies fossiles…mais le pétrole norvégien, on peut, parce qu’il est moins polluant que les autres ?<br /> Non. Mais un arrêt de l’utilisation des fossiles, il ne peut venir que des utilisateurs.<br /> Si la Norvège arrête de produire, on va pas soudain réduire de 2% la consommation mondiale de pétrole. Ça va juste se reporter sur un autre producteur, qui s’en fout du climat et qui saisira l’occasion pour vendre plus.<br /> Et compte tenu de ce fait, un arrêt de la production de la Norvège aurait un effet négatif sur le climat. C’est la consommation qui doit s’arrêter. Et en arrêtant d’abord les achats auprès des pires producteurs (donc principalement le Canada et les USA, puis les producteurs plus conventionnels, et la Norvège dans les derniers…)
Guillaume1972
Tout à fait d’accord.
Guillaume1972
De toutes façons, ils arrêteront lorsqu’il n’y aura plus rien à extraire (ou pour être plus précis,lorsqu’il restera à extraire sera si onéreux que ça ne vaudra plus du tout le coût), bien avant la fin du siècle. Quoiqu’il se passe, il n’y aura plus de pétrole, même en comptant le pétrole de schiste.<br /> https://www.encyclo-ecolo.com/Epuisement_des_ressources
Jsp75
Si on raisonne a court terme, alors… continuons… Mais à long terme???<br /> La Norvège n’est pas plus vertueuse que les autres. Elle émet plus de co2 par tonne de pétrole produite que l’Arabie Saoudite (55kg vs 40 kg environ dans le golfe). La Norvège se classe au 128eme rang mondial en d’indice environnemental, si on prend en compte son bilan d’exportation. Pas très glorieux…<br /> C’est un des pays qui extraient le plus de pétrole par habitants Derrière le Qatar, le Koweït, la Guinée équatoriale et les Émirats arabes.<br /> On peut se faire plaisir et défendre l’indéfendable (c’est sûr que pour la vertu, en France, on repassera et on a pas de leçon à donner…). Mais trêve de plaisanterie. Ce n’est pas le pays des bisounours la Norvège ! Il devrait même pas y avoir de débat.
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