Déclaration des droits et responsabilités : attaqué, Facebook repousse ses modifications

23 mars 2012 à 12h14
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Prévues pour être mise en place le 22 mars, les modifications de la déclaration des droits et responsabilités annoncées par Facebook le 15 mars dernier n'ont finalement pas été appliquées, du moins pour le moment : le réseau social a reçu tellement d'attaques et de critiques, aussi bien par les utilisateurs que par les garants de la vie privée, qu'il a préféré repousser l'échéance à une date indéterminée.

Google n'est pas le seul géant du Net à avoir récemment entrepris de modifier sa politique de confidentialité : Facebook aussi. Et même si ce dernier explique dans sa note datée du 15 mars qu'il s'agit principalement de « changements de natures administratives » et d'une faction de rendre les « pratiques et règlements » du site « plus clairs », l'annonce n'a pas plu à tout le monde.

Des modifications très révélatrices

L'une des modifications les plus subtiles relevées consiste à changer le nom du « règlement de respect de la vie privée » par « politique d'utilisation des données » : plus d'allusion à la vie privée dans cette nouvelle dénomination et pourtant, c'est toujours l'enjeu majeur du document.

Sous couvert de clarifier ses démarches, Facebook a également décidé de modifier certains termes employés au fil de ses articles : dans la section sécurité, on apprend que « les références aux termes « haineux » » ont été remplacés par « discours incitant à la haine ». « Nous pensons que ce terme capture mieux notre politique concernant les contenus interdits, politique qui reste la même. C'est également cohérent avec nos Standards de la communauté » explique le réseau social. De même, l'expression « Tout le monde » est remplacée par « Public » pour coller avec les modifications de réglages les plus récentes. Ces changements sont légion si on compare la version en cours et la nouvelle proposition de la déclaration des droits et responsabilités.

Par ailleurs, le site souligne l'ajout de mise en avant de certaines informations jusque-là implicites ou non mises en avant. On trouve par exemple les subtilités suivantes :

Lorsque vous utilisez une application, votre contenu et vos informations sont partagés avec cette application.


Quand vous-même, ou d'autres personnes ayant accès à votre contenu et à vos informations, utilisez une application, votre contenu et vos informations sont partagées avec cette application.

Une modification qui a son importance quand on sait que l'objectif de Facebook est ici de clarifier ses pratiques, et non pas d'en annoncer de nouvelles, ce qui signifie que le réseau social cachait (encore) des éléments importants à ses utilisateurs, notamment sur la récupération d'informations via les applications plus intrusives que l'on pourrait le croire.

Levée de boucliers en Allemagne

La découverte de tels éléments a provoqué une colère des utilisateurs, nettement plus suivie dans certains pays comme l'Allemagne, où les organismes de défense de la vie privée ont depuis longtemps Facebook dans le collimateur. Alors que le réseau social invitait sa communauté à réagir sous son billet de blog, ce sont près de 37 000 commentaires qui ont été déposés en allemand - contre quelques centaines en anglais et quelques dizaines dans d'autres langues. Une phrase ressort en masse : « Ich lehne die Änderungen ab », autrement dit « Je rejette les modifications ».

En Allemagne, deux organismes se sont saisis de l'affaire : d'un côté, le Centre indépendant de la protection de la vie privée de Schleswig-Holstein et, de l'autre, le commissariat de Hambourg pour la protection des données et la liberté de l'information. Les deux entités ont publié un communiqué commun dans lequel elles pointent du doigt, une nouvelle fois, les pratiques du site, qui ne respecterait pas selon eux les directives européennes.

Les utilisateurs du site auraient ainsi « plus de devoirs que de droits » et devraient se conformer obligatoirement aux démarches du réseau social, qui ne permet pas de désactiver certains éléments de services ou d'applications pour s'en servir quand même : les organismes allemands soulignent, à titre d'exemple, l'ajout de la section 13 « Conditions spéciales applicables aux logiciels » qui stipule que :

Si vous téléchargez notre logiciel, en tant que produit logiciel indépendant ou module de navigation, vous acceptez que ponctuellement, le logiciel télécharge des mises à jour, des mises à niveau et des fonctionnalités supplémentaires destinées à améliorer et à enrichir le logiciel.

Une démarche contraire « aux normes de sécurité de base », souligne les autorités allemandes : « L'utilisateur est donc privé de la possibilité de décider si une mise à jour doit être installée ou non. »

Les mêmes organismes accusent également Facebook de faire passer ses modifications en catimini, dans la mesure où il était impossible d'être automatiquement au courant des changements sans être « fan »de la page Facebook Site Governance. De fait, peu d'utilisateurs sont concrètement au courant. De plus, même au courant, les inscrits du réseau social ne peuvent qu'accepter ces changements... ou quitter la plateforme. « Facebook met en avant des règles très maladroitement formulées, ce qui rend encore plus obscure la jungle du traitement automatisé des données par le réseau social. Au lieu d'avoir davantage d'informations et de choix, les utilisateurs continueront à être menés par le bout du nez » déplore les organismes de défense de la vie privée.

Face à cette nouvelle polémique, Facebook a décidé de ne pas appliquer ses modifications le 22 mars comme cela était initialement prévu. On peut imaginer que cette levée de boucliers allemande va attirer l'attention d'autres organismes et associations dans d'autres pays. Cela laisse également le temps aux utilisateurs du réseau social de se faire leur propre opinion sur la question, en comparant les deux versions du document.

Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques...

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Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

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