Vers des batteries alcaline-chlore stockant 6 fois plus d'énergie que celles du marché

Jean-Barthélémy Losfeld
Publié le 01 septembre 2021 à 15h40
Prototype de batterie au Sodium-Chlore - Crédit : Guanzhou Zhu
Prototype de batterie au Sodium-Chlore - Crédit : Guanzhou Zhu

Une équipe internationale de chercheurs menée par Stanford a créé des modèles de piles rechargeables. Celles-ci sont capables de stocker six fois plus d'énergie que les batteries commercialisées actuellement.

Si les principes détaillés de l’avancée technologique sont publiés dans un article du journal Nature, la découverte repose sur un heureux hasard. À l'origine, les recherches s’orientaient vers l’amélioration de la capacité des batteries utilisant le chlorure de lithium-thionyle inventées dans les années 70.

Comment ces piles ultras performantes fonctionnent-elles ?

Concrètement, qu'est-ce que c'est ? Ces piles de chlore de métaux alcalins (lithium, sodium, potassium, etc.) correspondent à un dérivé des piles traditionnellement utilisées dans le commerce. La différence entre les piles rechargeables et les autres relèvent des procédés chimiques. Sur les piles dites jetables, comme c'était le cas jusqu'ici, le chlorure est trop réactif pour supporter des recharges efficientes et permettre le réemploi d’un électron.

La grande avancée s’est produite en formant l’électrode à l’aide d’un matériau en carbone issu de l’Université Chung Cheng de Taïwan. La structure du matériau est composée d’une myriade de nanosphères constituées de micros pores agissant comme des éponges. Les molécules de chlore y sont capturées en attendant une reconversion ultérieure.

« Une batterie rechargeable fonctionne comme un rocking-chair. On la pousse dans un sens puis elle revient quand on y ajoute de l’électricité. Ce que nous avons ici est comparable à une très grande amplitude de chaise à bascule », explique Hongjie Dai, professeur de chimie à l’Université de Stanford.

Une heureuse découverte aux nombreuses perspectives

À l’instar du micro-ondes ou des antibiotiques, parfois, les avancées scientifiques sont le fruit d’un peu de chance. Dans le cas de ces piles ultra performantes, Hongjie Dai et Guanzhou Zhu menaient des recherches pour améliorer les batteries à usage unique utilisant le chlorure de thionyle.

C’est lors de leurs premières expériences avec du chlore et du chlorure de sodium que les chercheurs de Stanford ont observé une conversion chimique stabilisée. « La molécule de chlore est capturée et protégée dans les micros pores des nanosphères du carbone quand la batterie est chargée. Puis quand la batterie est drainée ou déchargée, il est possible de convertir le chlore en sel de table (NaCl) et de répéter le processus. Nous pouvons actuellement répéter le cycle 200 fois avec une belle marge de progression », ajoute Guanzhou Zhu, doctorant en chimie.

Si l’on est loin des 1 000 ou 2 000 cycles de recharge des standards actuels, ce nouveau composé chimique permettrait de faire passer l’autonomie d’une voiture de 600 à 3 600 kilomètres ou de réduire considérablement le poids et la place prise par les batteries.

Plus encore, et en glissant un pied dans la science-fiction, cette technologie ne rebat-elle pas toutes les cartes de la mobilité technologique jusqu’au voyage spatial, ainsi que la manière dont Blue Origin et SpaceX se départagent l’approche du ravitaillement énergétique ?

Sources : Nature, Techxplore

Jean-Barthélémy Losfeld
Par Jean-Barthélémy Losfeld

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Commentaires (10)
xryl

Non.

cid1

l’article dit: ce nouveau composé chimique permettrait de faire passer l’autonomie d’une voiture de 600 à 3 600 kilomètres ou de réduire considérablement le poids et la place prise par les batteries.

C’est une belle avancée, passer de 600 KM à 3600 KM c’est extraordinaire. D’après le commentaire d’un certain Eikka il n’y a pas de quoi s’exiter ,ici dans le lien qui suit Researchers make rechargeable batteries that store six times more charge on peut lire l’article et les posts, anglophobes préparer vos traducteurs.

Daeneroc

1 article par mois depuis 15 ans promet d’améliorer de façon spectaculaire les capacités des batteries ou leur temps de recharge.

Ce qui ferait un super article serait de ressortir quelques un de ces vieux articles et de les mettre à jour sur ce que ces technologies si prometteuses sont devenues.

xryl

Ils disent pouvoir répéter le cycle de charge/décharge 200x, mais avec quelle dégradation ? (Encore une fois, pas de lien vers l’article en question, Nature ne publie pas les articles sauf à payer la souscription).
Normalement, une publication sérieuse sur une nouvelle chimie de batterie doit inclure le taux de dégradation du cycle charge/décharge, l’efficacité de coulomb, la capacité spécifique, la température d’utilisation etc…

Par exemple cet article:
https://www.kit.edu/kit/english/pi_2021_075_record-breaking-lithium-metal-cell.php

Ici, rien, sauf une photo qui pourrait très bien n’être qu’une pile bouton classique faite par un stagiaire…

EDIT: Je viens de trouver les graphiques de l’article. Au mieux, la batterie a une efficacité coulombique de 80% là où les batterie lithium font du 99%. Ce qui signifie que si la batterie absorbe 100J, elle ne peut en restituer que 80J. Pas top pour un véhicule, mais pas rédhibitoire.

philouze

« 1 article par mois depuis 15 ans promet d’améliorer de façon spectaculaire les capacités des batteries ou leur temps de recharge. »
Pour avoir suivi l’affaire depuis le tout début (ancien abonné de 2E2D « papier » avant les tous premiers blogs sur la question) , je dirais que tu caricatures.

On a une vraie explosion que depuis 9 ans environ, un peu avant la sortie commerciale des premiers VE.
Avant ça on avait réellement que le Li-Ion balbutiant, on ne parlait d’aucune des pistes actuelles.

Encore un tout petit peu avant, disons les années 2001 à 2010, ça parlait Zebra, batteries chaudes au souffre, l’hydrogène tenait encore pas mal la corde faute de concurrents.

Le gros truc « chaud » qui a plus de 10 ans, c’était le lithium-air qui s’est révélé considérablement plus complexe qu’espéré. C’est le seul vrai échec (actuellement) total, même si certaines cellules semblent bien cycler (trop peu, mais réellement) en labo.

Mais la réalité, c’est qu’on a une ou deux grosses news réellement majeure (qui dépassent juste « l’amélioration significative d’une sous partie d’une seule des deux électrodes ») par an, environ.

Hors, 8,9 ans, c’est très court pour passer de l’échantillon à la cellule et de la cellule à l’industrialisation (et certaines industrialisation se révèlent probablement impossibles alors que la cellule proto elle, tourne).

Et avec un triplement des kWh qu’on a eu entre 2013 et 2019, une multiplication par 4 des puissance de charge, par deux des voltages… je trouve qu’on a déjà pas mal progressé.

philouze

pire, on considère que 99.9 est un objectif normal pour la commercialisation en Li-ion. 80 c’est effectivement plutôt mauvais (effectivement pas rédhibitoire si on a une densité folle, mais çà se ressentira sur la facture énergétique)

SlashDot2k19

Juste un article de plus qui promet monts et merveilles pour avoir le financement de leur recherche.
Comme dit plus haut, ça sera pas mal une longue compilation d’articles sur des technologies qui allaient révolutionner notre quotidien et qui ont finalement fait pschittt…

Fulmlmetal

Chaque année on nous sort ce type de découvertes révolutionnaire sur le stockage ou le temps de recharge, en labo, mais les années passent et puis plus rien. Evidemment les médias se jettent sur ce type d’info très putaclic, et les labo bénéficient ainsi d’une bonne publicité gratuite. Mais les années passent et se ressemblent et rien n’avance réellement.
Les batteries les plus prometteuses étaient le Graphène, mais après plus de 10 ans, on commence timidement à en voir ici et là mais très exceptionnellement et chèrement.
Bref, ce qui est possible en labo ne l’est pas toujours au niveau industriel et production de masse, et à un cout intéressant.
Ce n’est pas la première annonce de ce genre et ce ne sera malheureusement pas la dernière fois qu’on nous annoncera le nouveau saint Graal du stockage énergétique. Mais bon, ça fait vendre.

pagnelli

3600km x 200 cycles = 720 000 km c’est déjà pas mal pour une voiture 50 cycles (complets) suffisent !

SPH

Bon article qui laisse rêveur. Wait&See :wink: