COVID-19 : les États-Unis ne parviennent (toujours) pas à produire des données officielles sur le virus

22 août 2021 à 10h48
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© Fernando Zhiminaicela/Pixabay
© Fernando Zhiminaicela/Pixabay

Au pays de l'Oncle Sam, le coronavirus demeure actif mais ce ne sont pas les chercheurs et chercheuses américains qui permettent d'être le plus précis sur l'état des lieux de la maladie au sein du territoire national.

Ainsi, selon le très sérieux The Verge, les États-Unis connaissent de nombreuses difficultés à publier leurs propres chiffres sur la COVID-19, se reportant plus généralement à des données produites par des pays étrangers sur… leur propre situation !

Les données américaines viennent en fait… de l'étranger

Voilà maintenant près d'un an que l'on mange, dort, vit coronavirus – l'un des mots les plus prononcés de ce siècle tout autour de la planète, y compris aux États-Unis. Le pays, qui est l'un des plus touchés depuis le début de la pandémie aussi bien en nombre de cas et d'hospitalisations que de décès, est cependant au cœur de la tourmente au niveau scientifique depuis que la COVID-19 sévit sur son territoire.

En effet, The Verge révèle qu'une large majorité des données qui doivent permettre de connaître et comprendre l'avancée de la pandémie sur le territoire américain ne sont pas produites en interne. Une information des plus étonnantes quant on se souvient que durant de longs mois au cours de l'année 2020, l'une des sources les plus fiables afin de connaître l'état de la COVID-19 pays par pays provenait de la John Hopkins University, située à Baltimore (Maryland). Si un centre de ressources sur le coronavirus y a été créé, il s'agissait avant tout de recenser les données émanant de sources officielles pays par pays pour mieux mesurer la dimension pandémique de cette maladie.

Les États-Unis ne se fournissent donc pas eux-mêmes, ou du moins très (très) peu, et doivent aller à la pêche aux données auprès d'autres pays. Parmi les États leur fournissant le plus d'informations, le Canada, Israël et le Royaume-Uni forment le trio de tête.

Ce n'est pas le rôle du CDC

Qui pointer du doigt pour ce manque ? Le Center for Disease Control and Prevention (CDC) ferait un coupable de choix, mais cela reviendrait à outrepasser son rôle selon Scott Gottlieb, l'ancien commissaire de l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux qui y a officié entre 2017 et 2019. Ce dernier déclare sur Twitter : « Le CDC est une agence dont le travail est axé sur la rétrospection, et dont le but n'est pas de fournir des informations en temps réel qui nécessitent un travail analytique et la transmission de réponses partielles ».

Plus largement, le fonctionnement décentralisé du système hospitalier aux États-Unis ne facilite pas la transmission de données uniformisées. Il existe donc des analyses propres à des comtés, voire à quelques États, mais pas à l'échelle nationale américaine. De quoi faire jaser en interne, notamment au CDC, comme le suggère une déclaration faite au Washington Post par un représentant officiel de l'agence : « Le temps requis pour rendre ces données exploitables n'est pas acceptable ». Autrement dit, il y a du pain sur la planche de l'autre côté de l'Atlantique, et pas seulement pour fabriquer des hamburgers.

Thibaut Keutchayan

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train...

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Commentaires (9)

MisterDams
Y’a pas «&nbsp;contrôle&nbsp;» dans l’acronyme du CDC ? C’est pas tant pour alimenter les statistiques que pour savoir comment agir, où et avec quel degré d’importance/urgence.<br /> J’ai quand même du mal à croire que d’avoir une vue réelle sur la situation du pays ne soit pas nécessaire pour prendre les bonnes décisions.
don_quilmi
Le problème n’est pas seulement lié au découpage fédéral. La collecte de ces données est ultra-politisée aux USA : les états conservateurs tentent depuis le début de l’épidémie d’en minimiser la portée. On a même vu en Floride une «&nbsp;lanceuse d’alerte&nbsp;» (une analyste qui faisait un travail similaire à Guillaume Rozier et son CovidTracker) être emprisonnée suite à un différent avec le gouverneur. Covid-19 : la lanceuse d'alerte Rebekah Jones vs le gouverneur DeSantis en Floride
Biggs
Y’a pas « contrôle » dans l’acronyme du CDC ?<br /> «&nbsp;CDC&nbsp;» n’est pas un acronyme.
Iceslash
En revanche, ils sont les premiers à demander des comptes à un certain pays lorsqu’il ne fournisse pas des informations satisfaisantes…
Blap
Et pourtant ACRONYME : Définition de ACRONYME<br /> C’est une idée reçue
Urleur
CDC… Rien qu’en voyant ces lettres sa me fait penser à ce jeux : Day gone avec le NERO comme entreprise pharmaceutique, et le monde plein de mutant à cause d’un virus. bref je conseil le jeux surtout pour son histoire.
dogmasterone
C’est combien, «&nbsp;les chiffres tragiques des décès des populations non vaccinées, de la France en ce moment ?&nbsp;»<br /> wikipedia : L’année 2015 enregistre un chiffre record de 594 000 décès, avec un taux de mortalité de 924,1 pour 100 000 habitants, un chiffre supérieur de 6,1 % à celui de 2014, avec un taux de mortalité de 875,0 pour 100 000 habitants. Il peut s’expliquer par une cause structurelle comme le vieillissement des « baby-boomers »8 qui atteignent un âge où ils sont plus fragiles, mais aussi des facteurs plus conjoncturels comme une épidémie de grippe particulièrement virulente au premier trimestre, plusieurs épisodes de canicule en juillet et en août, et une vague de froid en octobre9.<br /> En 2017, un nouveau record est atteint avec 603 000 décès, avec un taux de mortalité de 929,7 pour 100 000 habitants, soit une augmentation de plus de 9 000 décès (1,5 %) par rapport à 2016, avec un taux de mortalité de 920,9 pour 100 000 habitants10. L’épidémie de grippe hivernale amorcée fin 2016 a entraîné un pic de décès exceptionnel en janvier 2017 : 67 000 décès en France métropolitaine11.<br /> En 2019, 612 000 personnes sont décédées en France, en hausse de 0,4 %1.<br /> Il y aurait, selon Philippe Douste Blazy, 8 000 décès annuels du fait des interactions médicamenteuses qui ne représentent qu’une partie de la iatrogénèse médicamenteuse6.<br /> Selon Mme Anne-Marie Payet, « les chiffres les plus couramment avancés font état de 140 000 hospitalisations provoquées par des accidents médicamenteux et 13 000 décès avérés. »7.
juju251
@Starfoul Messages supprimés, pour hors sujet.<br /> @elminster44 &amp; @sirifa &amp; @LeToi Messages supprimés, car réponses à un message … supprimé.
max_971
Je ne sais pas si nous faisons comme les autres pays (Australie, Allemagne…) des études sur le taux de virus qu’expulse un patient malade, les durées des phases d’incubation, de contagiosité et le suivi génétique du virus pour voir quand il mute…<br /> J’entends toujours selon les israéliens, selon les anglais, selon les chinois, selon les japonais, selon les américains mais jamais selon nos experts, nous pouvons dire.
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