Nicolas von Bülow, Clipperton : ”l’impact d’une crise financière pourrait se faire sentir"

06 février 2008 à 14h28
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Partner de Clipperton Finance, Nicolas von Bülow présente cette société de conseil en corporate finance dédiée à la high tech et aux médias, revient sur ses récentes levées de fonds et évoque l'éventuel impact de la crise financière globale sur le financement des jeunes pousses...

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Nicolas von Bülow
JB -Nicolas von Bülow, bonjour. Quel est le rapport entre un îlot du Pacifique et votre banque d'affaires ?

NvB -Le choix d'un nom de société est toujours un exercice périlleux - l'idée pour nous était de trouver un nom à consonance anglo-saxonne, nécessaire compte tenu du fait que nous travaillons beaucoup avec des sociétés et des investisseurs internationaux et que notre métier, en tant que boutique de corporate finance, est lui aussi typiquement anglo-saxon. En revanche, nous souhaitions garder l'angle français, et l'atoll de Clipperton est un territoire français dans l'océan pacifique...

JB -Qu'est-ce qui différencie Clipperton d'autres intermédiaires comme Chausson ou Aelios ?

NvB -Je répondrai en précisant notre positionnement et nos activités. Pour résumer, nous sommes une société de conseil en corporate finance dédiée à la high tech et aux médias. A ce titre, nous travaillons sur des dossiers très variés qui dépassent le seul champ d'Internet : électronique, télécoms, clean-tech etc. Nous réalisons l'ensemble des transactions financières pour nos clients (levées de fonds, fusions-acquisitions, introductions en bourse...) et nous focalisons, sur la partie augmentation de capital, sur des opérations internationales (i.e. susceptibles d'attirer des investisseurs américains, anglais, japonais etc.), d'une taille relativement importante (typiquement 10-30 millions d'euros). Cela sous-entend que nous travaillons pour des sociétés très technologiques (avec des besoins en capitaux importants), souvent pour des 2e, 3e tours de table plutôt que des 1ers tours de table. Les contre-exemples concernent des sociétés que nous considérons comme particulièrement ambitieuses et originales, pour qui nous travaillons dès les tours A : par exemple Dailymotion pour qui nous avons réalisé un tour A (7 M€ avec Partech International et Atlas Venture) et Digitick (8 M€). Comme quoi toute règle comporte quelques exceptions...

JB -Quelles sont les sociétés que vous avez récemment accompagnées ? Quels sont vos critères de sélection ?

NvB -Outre Dailymotion, nous avons pu accompagner notamment:
- dans Internet/Software/Media des sociétés comme digitick (billetterie dématérialisée sur PC et mobile), Metaboli (distribution de jeux vidéos - 6M €) et tout récemment Attitude Studio (studio d'animation 3D, spécialiste de Motion Capture).
- dans les Télécoms, nous avons récemment conseillé Ekinops (équipements optique très haut débit, 20 M$) et VoluBill (solutions de facturation de services de données pour les opérateurs mobiles, 10.5 M€)
- Enfin, dans les semi-conducteurs, nous comptons dans nos clients les stars mondiales que sont Sequans (Wimax, levées de 22 M€ don't des industriels comme et Alcatel-Lucent) et DiBcom (télévision en mobilité, norme DVB-H, 11 puis 24 M€ + investisseurs japonais en janvier 2008).

Nos critères de sélection sont multiples (équipe, technologie...), mais convergent notamment sur l'attractivité internationale (est-ce qu'un VC US ou asiatique peut être intéressé à regarder le dossier ? est-ce que les concurrents de la société sont les leaders mondiaux ou des acteurs locaux/régionaux ?).

JB -Pouvez vous accompagner ces sociétés jusqu'à leur introduction en bourse ?

NvB -Nous avons vocation à suivre nos clients sur toute leur vie financière (passant par des augmentations de capital sur les marchés privés et publics, mais aussi des opérations de fusion - acquisition à l'achat comme à la vente). C'est depuis le début notre stratégie de croissance - grossir avec nos clients - et c'est pourquoi nous avons d'ores et déjà plusieurs transactions à notre actif (réalisées et/ou en cours) avec nos clients historiques : DiBcom, Sequans, etc. Sur la partie boursière proprement dite, nous sommes Listing Sponsor pour les cotations sur Alternext (ce qui nous donne la capacité à réaliser de telles transactions) et nous réalisons des partenariats ad hoc avec d'autres établissements pour d'autres marchés (Nasdaq, AIM etc.). Fondamentalement, nous sommes pragmatiques, agnostiques et non biaisés sur les scénarios de financement de nos clients (nous ne privilégions ni l'un ni l'autre), mais à ce jour, nous n'avons pas réalisé de cotations depuis 2000 - et la conjoncture actuelle n'incite pas vraiment à envisager un changement dans les mois à venir.

JB -Justement, la crise des subprimes fait trembler la planète financière. Anticipez vous des tensions prochaines dans le financement des jeunes pousses ?

NvB -La crise des subprimes a un impact sur l'ensemble de la planète financière, mais certains continents sont moins touchés que d'autres, ou tout au moins avec retard... Globalement, les plus touchées sont les opérations de marché et sans doute les gros LBO. Du coup, au moins à court terme, le capital risque nous paraît être une classe d'actif plus intéressante qu'auparavant, et pourrait voir affluer une partie des capitaux dévolus auparavant aux LBO. D'ailleurs, beaucoup de fonds de Venture ont déjà été refinancés depuis deux ans. Pourtant, sur une vision plus long terme, si les marchés boursiers se ferment un peu plus, et que les grandes sociétés matures voient leurs conditions d'accès à la dette se tendre, les scénarios de liquidités pour les start-up (introductions en bourse ou vente à un gros industriel, voire vente des actions des capitaux risqueurs à des fonds de LBO) vont devenir plus difficiles et rares et donc mettre à mal l'ensemble de la chaîne du financement des entreprises (pour financer une start-up, il faut avoir l'espoir du retour sur investissement !). Aussi, même si les indicateurs économiques et industriels sont plutôt au vert dans le capital risque européen, l'impact d'une crise financière profonde pourrait se faire sentir, même dans le capital risque, à moyen terme. Notre réponse à cela est de nous concentrer sur les sociétés à très forte composante technologique, très différenciées. Ceci restera toujours intéressant pour le marché, leurs fondamentaux l'étant également.

JB -Nicolas von Bülow, je vous remercie !
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