À l'approche de la retraite de la Station spatiale internationale (ISS), la Russie remet sur la table une idée fascinante : créer de la gravité artificielle dans l'espace pour préparer les voyages humains de très longue durée.

Car la microgravité a des effets délétères sur le corps des astronautes. Leurs muscles ne travaillent presque plus et fondent rapidement, tandis que leurs os perdent leur densité à un rythme alarmant. Le sang, qui n'est plus attiré vers le bas, se redistribue vers le haut du corps, provoquant une pression accrue dans la tête et parfois des troubles de la vision.
Le système cardiovasculaire, lui, s'affaiblit, et les défenses immunitaires tournent au ralenti. Ces contraintes posent un sérieux frein, parmi beaucoup d'autres, à de futurs voyages lointains, vers Mars notamment.
Une force centrifuge équivalente à 0,5 g
Il décrit une station spatiale à gravité artificielle, composée d'un module central fixe autour duquel gravitent des modules habitables rotatifs, reliés par des jonctions flexibles et hermétiques. En tournant à environ cinq rotations par minute, ces modules généreraient une force centrifuge équivalente à 0,5 g, soit la moitié de la gravité terrestre. L'ensemble, d'un rayon d'environ 40 mètres, nécessiterait plusieurs lancements et un assemblage en orbite.
Surtout, il poserait les bases pour perfectionner cette technologie critique qui permettrait de maintenir les astronautes dans un état physique bien plus proche de la normale. En conséquence, les équipages seraient plus aptes à travailler à l'arrivée, un point crucial pour des missions martiennes où il faudra être efficace dès les premières heures au sol.

Des défis techniques complexes
Mais confectionner un tel dispositif s'avère extrêmement complexe. Car une structure rotative de cette taille implique des contraintes mécaniques élevées et une maintenance délicate. De même, faire s'arrimer des vaisseaux à une station en rotation est nettement plus risqué qu'avec une structure fixe. C'est d'ailleurs pour ces raisons que le brevet ne s'accompagne d'aucun calendrier ni financement annoncé. Il est avant tout question d'une démonstration d'intention stratégique plutôt que d'un programme prêt à être concrétisé.
À noter que la Russie n'est pas la seule à réfléchir à cette technologie. L'entreprise américaine Vast prévoit également de déployer une station spatiale capable de simuler la gravité dans les années 2030. Mais pour l'heure, nous sommes bien plus proches de la fiction que de la réalité.