Les drones d'Amazon n'ont qu'à bien se tenir ! La jeune pousse californienne Inversion veut bousculer la logistique mondiale avec Arc, un véhicule de livraison orbital. Sa promesse : déposer une cargaison n’importe où sur Terre en moins de 60 minutes, en s’affranchissant des contraintes terrestres.

Rendu du vaisseau Arc en orbite basse. © Inversion
Rendu du vaisseau Arc en orbite basse. © Inversion

Le concept repose sur une flotte de capsules prépositionnées en orbite basse, tel un réseau d’entrepôts flottant au-dessus de nos têtes. Sur demande, l’une d’elles quitte sa trajectoire pour entamer une rentrée atmosphérique à très haute vitesse et se poser de manière autonome à l’endroit voulu. Ce projet ambitieux, qui a déjà validé ses premières étapes avec un démonstrateur, répond autant à des besoins civils qu’à un intérêt stratégique de la défense américaine.

Un entrepôt au-dessus du monde

L’architecture imaginée par Inversion s’appuie sur des véhicules de la taille d’un petit conteneur, capables de patienter plusieurs années en orbite. Une fois la mission déclenchée, l’engin exécute seul sa descente, déploie ses parachutes et se guide avec une grande précision vers son point de chute, y compris sur des terrains sans infrastructure.

Cette capacité vise avant tout des scénarios où la vitesse est cruciale et les moyens traditionnels, inopérants. On pense aux livraisons de matériel médical en zones sinistrées ou à l’acheminement de pièces critiques sur des sites isolés. Le système se veut une couche de transport complémentaire, activable pour des besoins urgents que ni l’avion ni le bateau ne peuvent satisfaire à temps.

Pour prouver la viabilité de son approche, Inversion a déjà envoyé dans l’espace un premier prototype, « Ray », en janvier 2025. Ce vol a permis de tester les systèmes essentiels comme l’avionique, la propulsion et les communications, préparant le terrain pour le modèle Arc, dont le premier lancement est prévu pour 2026.

Une curieuse question de souveraineté

Derrière la promesse logistique se cache un enjeu de souveraineté. L’idée d’une livraison planétaire en moins d’une heure est au cœur du programme « Rocket Cargo » de l’armée américaine, qui explore activement des solutions pour projeter du matériel à très grande vitesse. Inversion se positionne clairement sur ce créneau, où la rapidité est considérée comme un moyen essentiel de maintenir les capacités de projection de nos voisins outre-atlantique.

Rendu de la capsule finissant son atterrissage en parachute.  © Inversion
Rendu de la capsule finissant son atterrissage en parachute. © Inversion

Les applications ne se limitent pas au transport de colis. La capsule Arc est également présentée comme une plateforme réutilisable pour des essais hypersoniques, permettant de simuler des trajectoires complexes à plus de 20 fois la vitesse du son. Elle pourrait aussi servir à rapporter sur Terre des charges utiles depuis de futures stations spatiales commerciales.

Le terrain de la livraison par fusée est déjà convoité. Le géant du commerce en ligne Alibaba a lui aussi évoqué des tests pour un service similaire en Chine. Cependant, là où certains projets reposent sur des lancements suborbitaux dédiés, Inversion propose une flotte permanente, prête à l’emploi, offrant une plus grande réactivité.

L'enjeu pour Inversion sera de transformer l'essai de son démonstrateur en un service fiable et régulier d’ici 2026. Si les défis réglementaires, techniques et économiques sont relevés, cette technologie pourrait bien ajouter une couche logistique spatiale aux transports aériens et maritimes, ouvrant de nouvelles perspectives pour les urgences humanitaires ou la résilience des approvisionnements critiques.

Source : Ars Technica