Ce 27 novembre, le lancement d'une fusée Soyouz a lourdement endommagé le seul et unique pas de tir opérationnel de la Russie. Un incident qui pourrait s'avérer lourd de conséquence pour le programme spatial du pays.

Une fusée Soyouz décolle depuis le cosmodrome de Baïkonour.  ©Vera Larina / Shutterstock
Une fusée Soyouz décolle depuis le cosmodrome de Baïkonour. ©Vera Larina / Shutterstock

Car le cosmodrome de Baïkonour est aujourd'hui le seul endroit depuis lequel la Russie peut envoyer ses emblématiques fusées Soyouz dans l'espace. Appelé 31/6, son pas de tir a été construit durant les grandes heures de la conquête spatiale, dans les années 60. Mais après des décennies d'opérations, il vient de subir une sacrée déroute.

Énormes dégâts

Si le Soyouz MS-28 a décollé sans encombres pour acheminer les cosmonautes Sergueï Koud-Svertchkov et Sergueï Mikaïev, ainsi que l'astronaute, Christopher Williams, jusqu'à la Station spatiale internationale (ISS), le lancement a causé des dégâts majeurs au sol. Des images capturées par Roscosmos, l'agence spatiale russe, montrent l'étendue des dégâts.

On y voit la plateforme de service, située au fond du puits d'évacuation des gaz, qui s'est totalement arrachée sous la poussée des moteurs, projetant de nombreux débris. La structure calcinée gît désormais dans la tranchée.

« La fusée spatiale a décollé normalement, sans aucune anomalie. Le vaisseau s’est amarré avec succès à la Station spatiale internationale. L’équipage est à bord et se porte bien », rassure Roscosmos dans une publication sur Telegram. « Des dommages ont été constatés sur plusieurs éléments de la table de lancement (…). L'évaluation de l'état du complexe de lancement est actuellement en cours », a poursuivi l'agence.

Deux ans sans accès à l'espace ?

En attendant, le pays n'a aucun moyen d'envoyer ses fusées. Car le pas de tir Gagarine, où la Russie a lancé le cosmonaute Youri Gagarine pour le premier vol spatial habité au monde, a cessé les activités spatiales en 2019. Il était en service depuis les années 1950.

Une autre base est actuellement en construction, le cosmodrome de Vostotchny, mais elle a déjà subi des années de retards, et il est difficile de savoir quand elle entrera en fonction malgré un vol inaugural en 2024. « Tous les éléments de rechange nécessaires sont disponibles, et les dommages seront réparés dans un avenir proche », assure Roscomos.

Mais la réalité pourrait être tout autre. Vitaly Yegorov, expert spatial, estime qu'à ce jour, la Russie « a perdu la capacité d'envoyer des hommes dans l'espace », potentiellement pendant deux ans. Si cela s'avère, il s'agirait d'une très sérieuse déconvenue pour Vladimir Poutine.