Une nouvelle étude démontre l'impact colossal des constellations de satellites sur les télescopes spatiaux. On pensait jusqu'alors ce problème limité aux observatoires au sol.

La réutilisabilité des fusées permet d'offrir un accès beaucoup moins coûteux à l'orbite, mais cette course effrénée affecte directement le travail des astronomes. Si cette problématique est connue depuis 2020, peu de temps après le lancement des premiers satellites Starlink, une étude publiée par trois chercheurs de la NASA et publiée dans la revue Nature démontre l'étendue du problème.
560 000 satellites en orbite
Pour la mener à bien, ils ont rassemblé toutes les données officielles disponibles sur les mégaconstellations de satellites en préparation. Ils ont ensuite simulé, satellite par satellite, comment ces objets traversent le champ de vision des télescopes en tenant compte de leur luminosité, de la position du Soleil, de la Lune, de la Terre, de leur vitesse apparente et même des contraintes d'observation propres à chaque instrument.
Le nombre de satellites en orbite autour de la Terre est passé de 5 000 en 2019 à plus de 15 800 aujourd'hui. Et ce nombre pourrait atteindre 560 000 si les lancements de satellites actuellement prévus se poursuivent au cours des dix prochaines années. Dans ce cas, un tiers des images de Hubble seraient contaminées par des traces de satellites.
Ce chiffre grimperait à plus de 96 % pour les trois autres télescopes pris en compte dans l'étude : SPHEREx, lancé plus tôt cette année, ainsi que Xuntian et ARRAKIHS, dont les décollages sont respectivement prévus en 2026 et en 2030.

Certains télescopes épargnés
Les conséquences risquent d'être terribles pour la recherche. Car les satellites laissent des traînées suffisamment lumineuses pour effacer ou masquer des détails cruciaux, ce qui pourraient empêcher les astronomes de détecter un astéroïde potentiellement dangereux, la micro-variation d'une étoile indiquant la présence d'une exoplanète ou une galaxie très lointaine.
En outre, l'impact sur les coûts n'est pas à négliger. Les chercheurs sont en effet contraint de corriger les données, de réorganiser les observations, voire même d'abandonner certaines campagnes. Les auteurs de l'étude appellent donc à un sursaut commun pour trouver des solutions avant qu'il ne soit trop tard. Ils préconisent une vraie coordination entre États et entreprises, afin de mieux placer les constellations et de limiter certaines orbites.
Heureusement, les télescopes James-Webb et Euclid échappent à cette pollution lumineuse car ils ne se trouvent pas en orbite basse mais au point Lagrange 2, à 1,5 million de kilomètres de la Terre.