Les chercheurs sont de plus en plus convaincus que Mars abritait autrefois la vie, mais ils ne sont pas encore en mesure de le prouver entièrement. Un nouvel indice, tout juste présenté par la NASA, tend dans ce sens.

- Le rover Perseverance explore Mars depuis quatre ans, notamment le cratère de Jezero, un ancien lac.
- Un échantillon intriguant, appelé Sapphire Canyon, présente des caractéristiques pouvant indiquer une ancienne activité biologique.
- La NASA doit encore analyser cet échantillon sur Terre, mais le financement du programme pourrait être menacé.
Voilà maintenant quatre ans que le rover Perseverance sillonne le sol martien, et plus précisément le cratère de Jezero, à la recherche de traces de vie passée. Une localisation qui n'est pas anodine, puisqu'il s'agit d'un ancien lac doté d'un delta fluvial, l'un des lieux les plus prometteurs pour y parvenir. Et justement, un nouvel échantillon prélevé par l'astromobile de la NASA intrigue particulièrement les scientifiques.
De potentielles traces de matière organique
Il provient d'une roche baptisée Cheyava Falls, située dans la formation géologique Bright Angel. Prélevé le 21 juillet 2024, il a été surnommé Sapphire Canyon. En cause, sa texture argileuse et ses curieuses taches sombres en forme de « graines de pavot » ou de « taches léopard » qui, selon les chercheurs, pourraient conserver la trace de réactions chimiques liées à la présence de matière organique.
En effet, les analyses menées par Perseverance ont révélé que ces taches étaient riches en phosphate de fer et en sulfure de fer, associés à du carbone organique. Selon Joel Hurowitz, planétologue à l'université Stony Brook, « quand nous voyons de telles caractéristiques dans des sédiments sur Terre, ces minéraux sont souvent le sous-produit de métabolismes microbiens consommant de la matière organique ». Autrement dit, sur notre planète, ce type de combinaison chimique est fréquemment lié à l'activité de micro-organismes.

Le nouveau budget de la NASA va-t-il tout faire capoter ?
Nous ne pouvons toutefois pas crier victoire trop rapidement, cette découverte ne constituant pas une preuve de vie à proprement parler. « Ce que nous décrivons ici est une biosignature potentielle : un élément, une molécule ou une caractéristique qui pourrait avoir une origine biologique, mais qui nécessite plus de données avant de conclure à la présence ou l’absence de vie », explique Lindsay Hayes, spécialiste des missions martiennes à la NASA.
Pour en avoir le cœur net, les chercheurs doivent analyser eux-mêmes cet échantillon, ce qui implique son retour sur Terre. Et si le programme Mars Sample Return a justement été pensé à cet effet, il pourrait passer à la trappe en raison de la baisse drastique de budget scientifique accordé à l'agence spatiale.
« Nous sommes assez proches des limites de ce que le rover peut faire à la surface. C’était prévu ainsi. La charge utile de Perseverance a été conçue en pensant au retour d’échantillons martiens ; l'idée était d'aller jusqu'à l'identification de potentielles biosignatures, et de laisser les instruments terrestres raconter la suite de l'histoire », étaye Katie Stack Morgan, scientifique au NASA-JPL.
Ces petits morceaux de roches détiennent très probablement la réponse à l'une des questions les plus profondes que se pose l'humanité, encore faut-il pouvoir y accéder.