Plusieurs entreprises, de Pony.ai à Wayve en passant par WeRide, préparent leurs premiers tests de voitures autonomes sur le Vieux Continent. Les parcours restent pour l'heure courts et encadrés.

- Pony.ai et Wayve commencent leurs tests de voitures autonomes en Europe, avec des projets à Londres et au Luxembourg.
- Les essais sont limités à de courts parcours avec un conducteur de sécurité, en raison de la réglementation stricte.
- Les experts prévoient que quelques milliers de véhicules autonomes pourraient circuler en Europe d'ici la fin de la décennie.
Les voitures sans chauffeur commencent à quitter les routes américaines pour apparaître en Europe. Pony.ai teste ses véhicules à Lenningen, au Luxembourg. Wayve collabore avec Uber pour lancer des taxis autonomes à Londres. WeRide s’associe à Renault pour proposer des navettes à Roland-Garros. Tous ces projets restent limités à des parcours courts, avec un conducteur de sécurité derrière le volant. Les constructeurs européens, comme Volkswagen avec son minibus ID. Buzz AD, participent également aux expérimentations. Ces initiatives montrent que le continent entre progressivement dans l’ère de la conduite autonome.
Les tests européens se multiplient grâce à des entreprises étrangères et quelques constructeurs locaux
Début juillet, Pony.ai a annoncé le lancement de ses premiers essais à Lenningen, petit village luxembourgeois de 2 000 habitants. Un mois plus tôt, Wayve avait signé un partenariat avec Uber pour déployer ses voitures autonomes dans Londres. Uber prépare aussi un accord avec la société chinoise Momenta pour des tests en Europe dès 2026, sans précision sur les villes concernées.
À Paris, les spectateurs de Roland-Garros ont pu monter dans une navette autonome fournie par WeRide, déjà présent en Chine et Renault. Le trajet fait moins de trois kilomètres et la vitesse reste limitée, mais le service a été reconduit cette année. Baidu a choisi Lyft, concurrent direct d’Uber aux États-Unis, pour préparer son arrivée sur le continent.
Volkswagen veut aussi rester dans la course. Le groupe travaille avec Mobileye pour ses minibus ID. Buzz AD, qui circuleront dans les réseaux de transport public à Hambourg et à Berlin.

Problème : la réglementation européenne freine le déploiement à grande échelle
Marc AMBLARD, fondateur d’Orsay Consulting, note que « en cause, une plus grande aversion au risque et une législation pas toujours adaptée ». En France, seuls les véhicules de niveau 3 sont autorisés. Ils peuvent circuler de façon autonome dans certaines conditions, mais un conducteur doit rester prêt à reprendre le contrôle.
Aux États-Unis, la situation est très différente. Les premiers essais de taxis autonomes ont eu lieu à Phoenix dès 2020. Aujourd’hui, Waymo propose plus de 250 000 trajets payants par semaine dans plusieurs villes, et Tesla a lancé ses Cybercab à Austin en juin. L’Europe en est encore aux tests limités à certaines villes ou événements.
Pour mieux comprendre ce freinage européen, voici ce que signifient les principaux niveaux d’autonomie des véhicules :
- Niveau 3 : la voiture gère seule la conduite dans certaines conditions, mais le conducteur doit rester attentif et prêt à reprendre le volant ;
- Niveau 4 : autonomie complète dans des zones définies, sans intervention humaine ;
- Niveau 5 : autonomie totale, partout et tout le temps, sans volant ni pédales.
Selon Marc AMBLARD, quelques milliers de véhicules sans chauffeur pourraient circuler en Europe à la fin de la décennie, à condition que les règles légales s’adaptent pour permettre un essor réel des flottes.
Une étude de Goldman Sachs publiée en 2024 indique que d’ici 2030, environ 10 % des voitures vendues dans le monde auront la capacité de rouler sans assistance humaine dans certaines conditions, et 2,5 % pourront gérer la conduite de manière autonome dans des zones prédéfinies. On est encore loin de conduire sans les mains, mais on touche l'option du doigt.
Source : Les Echos (accès payant)