La France et l'Ukraine ont scellé un partenariat inédit pour co-produire des drones militaires. Un constructeur automobile français participera à cette collaboration technologique confirmée vendredi soir par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé, vendredi soir sur LCI, un partenariat franco-ukrainien pour produire des drones tactiques. Il s'agit d'une collaboration « inédite » entre Paris et Kiev dans le secteur des petits aéronefs tactiques. Le partenariat militaro-industriel mobilisera l'expertise ukrainienne du champ de bataille, et les capacités françaises de production automobile. La production locale en Ukraine alimentera les besoins opérationnels des deux pays partenaires.
Comment l'expertise ukrainienne révolutionne l'approche française des drones
« Il faut avoir l'humilité de reconnaître que les Ukrainiens sont aujourd'hui meilleurs que nous pour concevoir des drones et surtout élaborer la doctrine d'emploi qui les accompagne », a reconnu sans détour Sébastien Lecournu sur le nouveau canal 15 de la TNT. Le conflit ukrainien, véritable laboratoire grandeur nature, a accéléré de manière impressionnante l'innovation tactique et les contre-mesures électroniques.
Le partenariat entre les deux pays prend donc forme avec l'installation de lignes de production directement en Ukraine. Une PME française de défense s'allie à un mystérieux constructeur automobile hexagonal (Renault ? PSA ?) pour cette aventure industrielle. L'identité de ce géant automobile reste pour le moment confidentielle, mais son expertise en production de masse est le plus gros atout majeur de l'opération.
Cette collaboration mise sur une production locale qui bénéficiera aux deux armées, française et ukrainienne. L'objectif ? Mutualiser les compétences pour une montée en gamme rapide.
« Nous avons des entreprises civiles qui savent produire en série, gérer des chaînes logistiques et des stocks. À nous d'utiliser cette capacité pour répondre aux besoins opérationnels, avec l'aide des Ukrainiens qui nous apportent leur retour d'expérience tactique en temps réel », précise le locataire de l'hôtel de Brienne, qui entend marier le savoir-faire industriel français à l'agilité opérationnelle ukrainienne forgée dans l'urgence.
De la commande à la livraison, la France accélère enfin ses processus
Sébastien Lecornu n'y va pas par quatre chemins pour dénoncer les lenteurs du cycle traditionnel d'acquisition militaire. « Entre le moment où les armées expriment un besoin et celui où elles sont livrées, on a parfois un décalage complet. Vous commandez un Minitel, mais on vous le livre après l'invention d'Internet », ironise-t-il. Voilà une métaphore qui frappe par sa justesse, à l'heure où tout va trop vite.
La coopération franco-européenne est un début de réponse à la nécessaire transformation industrielle. Avec des cycles courts d'innovation et l'intensité de la compétition technologique mondiale, les outils de défense doivent évoluer. L'époque des développements sur plusieurs décennies touche à sa fin dans certains domaines critiques.
La France, qui travaille sa maîtrise du drone militaire, cherche ainsi à ancrer son armée dans une logique d'emploi en rupture, fondée sur l'apprentissage continu et la proximité avec les théâtres d'engagement réels. Cette révolution silencieuse pourrait bien redéfinir les standards de l'industrie de défense européenne, dans un monde marqué par des conflits prolongés et une compétition technologique sans merci.
06 juin 2025 à 12h19
Source : OpexNews