STMicroelctronics, le fabricant de semi-conducteurs, coupe dans ses effectifs français. Environ 1 000 postes disparaîtront d'ici 2027, une saignée qui fait craindre un nouvel effacement de l'Europe dans la course mondiale aux puces électroniques.

Derrière les belles annonces de la caste politique, l'optimisme surjoué et les ambitions parfois démesurées, existe une réalité économique dont ont bien conscience les salariés de STMicroelectronics. Après avoir laissé planer le doute pendant plusieurs semaines, le géant franco-italien a finalement chiffré l'ampleur de sa cure d'amincissement française : mille emplois seront supprimés d'ici 2027.
Bien que la pilule soit adoucie par la promesse de départs uniquement volontaires, cette décision fragilise un peu plus l'industrie tech européenne, déjà largement distancée par ses concurrents asiatiques et américains.
Le marché des puces refroidit, STMicroelectronics débranche
La machine s'enraye pour le champion européen des semi-conducteurs. Plombé par des résultats 2024 en berne, STMicroelectronics cherche à redémarrer son système en mode économie d'énergie. Derrière la métaphore, le premier secteur à faire les frais de ce reset fut l'automobile, dont la crise prolongée a grippé les rouages financiers du fabricant de puces.
Dans les sept sites français de STMicroeletronics, de Grenoble à Rennes en passant par Tours et Sophia Antipolis, l'inquiétude monte, et c'est bien normal. Pour le moment, la direction reste floue sur la cartographie précise de cette restructuration. Elle préfère parler de « remodelage » et jure qu'aucun salarié ne sera forcé de quitter le navire avant 2027, comme nous l'apprend ici Touraine.
Les syndicats, eux, ont activé leur alarme. La CFDT fustige un management « manquant cruellement de solidité », tandis que la CGT pointe déjà du doigt ce qu'elle considère comme les prémices d'une délocalisation vers l'Asie. En ligne de mire, la possible transplantation de la ligne de production Front-End 150mm de Tours, et la mise en veille de celle de Crolles (Frond-End 200 mm…
Les semi-conducteurs européens, un écosystème en voie d'extinction ?
Derrière ce plan social se cache une réalité plus angoissante. L'Europe des semi-conducteurs ressemblerait presque à un processeur obsolète face aux puces dernier cri fabriquées outre-Atlantique et en Asie. La Cour des comptes européenne vient d'ailleurs de sonner le glas des illusions, en pointant notre dépendance criante aux importations.
Et dire que Bruxelles rêvait de capturer 20% du marché mondial ? Un objectif qui tient davantage de la réalité virtuelle que du business plan réaliste. La production européenne, engluée sous la barre des 10% de parts de marché, rampe péniblement vers les 12% à l'horizon 2030. Une progression microscopique, quand nos concurrents construisent des méga-fonderies à tour de bras.
L'affaiblissement de STMicroelectronics, dernière puce résistante sur la carte mère européenne, pourrait accélérer notre décrochage technologique. Les décisions prises aujourd'hui programment notre place dans l'économie numérique de demain. Et à ce jeu de circuit intégré, l'Europe semble condamnée à rester en 32 bits quand le reste du monde bascule en 64.