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Présidente de l'association Femmes Business Angels, Béatrice Jauffrineau présente son activité et sa vision du secteur du capital risque
JB - Béatrice Jauffrineau, bonjour. Quelle est l'ambition de votre association ? Que "pesez vous" dans ce secteur ?
BJ - Notre association a pour objet de contribuer à combler le fossé qui existe en France entre le "love money" et le capital risque, en y impliquant les femmes, quasiment absentes de l'activité de business angels. Nous encourageons toutes les femmes managers (ou jeunes retraitées) à devenir business angels, y compris d'ailleurs en dehors de notre réseau. Notre réseau Femmes Business Angels regroupe à la fois des investisseuses expérimentées, mais aussi celles qui n'osent pas se lancer seules ou qui préfèrent échanger avec des pairs plutôt que d'analyser un dossier en solo. Notre mission est aussi de former celles qui manquent d'expérience dans l'investissement en non coté, et d'investir de plus gros tickets qu'individuellement. (notre réseau inclut un club qui permet d' investir de manière mutualisée ; il regroupe 30% de nos membres.)
Nous sommes les premières femmes business angels (60 membres) regroupées en réseau en France, et même en Europe. Nous représentons à l'heure actuelle environ 15% des business angels parmi les (40) réseaux de France. C'est peu mais c'est 12% de plus qu'il y a 3 ans....(au niveau national). Notre existence a aussi pour "bénéfice collatéral" d'encourager d'autres femmes à rejoindre des réseaux mixtes. A terme, il serait souhaitable que tous les réseaux de Business Angels soient mixtes avec une proportion H/F proche de 60/40 (pour rester réalistes). Notre objectif est de tripler le nombre de membres ainsi que le montant de nos investissements dans les 3 ans. C'est ce à quoi nous sommes engagées envers le ministère des PME qui vient de nous accorder son label, preuve de sa confiance en notre action.
Pour répondre à votre question sur "notre "poids", si vous voulez l'évaluer en capacité d'investissement, ceci est quasi impossible, car les membres investissent de manière imprévisible, comme tout business angel, en fonction de "coups de cœur". Je parlerais plutôt d'une présence originale et complémentaire, porteuse de valeurs humaines et de bon sens, alliée à un pragmatisme certain et à un espoir de rentabilité non négligeable. (nous ne sommes pas des mécènes...)
JB - Par rapport aux hommes, avez-vous des comportements différents en matière d'investissement ? Privilégiez vous par exemple les projets d'entreprises soutenus par des femmes ?
BJ - Nous ne privilégions pas de manière proactive les projets d'entreprises présentés par des femmes, mais il est certain que les femmes porteuses de projets s'adressent plus facilement à nous, ce qui n'est pas une surprise et répond aussi à une mission de notre association. Nous ne regardons toutefois pas avec plus d'indulgence un projet porté par une femme qu'un projet porté par un homme. L'objectif premier de l'investissement est d'aboutir à la création et au développement d'une entreprise innovante et pérenne; ceci n'est pas lié au sexe du porteur du projet.
Nous recevons environ 30% de projets portés par des femmes, sélectionnons et co-investissons dans une proportion à peu près équivalente, ce qui laisse supposer que leurs projets sont d'aussi bonne qualité et représentent pour nous un intérêt certain. Il faut toutefois noter que certains projets de femmes manquent d'ambition. Or en tant que business angels, prenant un maximum de risque financier, nous recherchons des projets à fort potentiel avec rentabilité motivante (+ 300% au bout de 3 à 5 ans).
Je n'ai pas noté chez nos membres (femmes uniquement) de comportement différent des hommes en matière d'investissement. Parmi nos 60 membres, certaines recherchent par exemple, plutôt la rentabilité que le soutien à une femme qui entreprend, mais la plupart souhaitent pouvoir combiner un espoir de forte plus value à la promotion de valeurs "féminines" et de responsabilité sociale.
Nos porteurs de projets notent pourtant des différences avec les investisseurs masculins, différences qu'ils apprécient : un regard un peu différent... peut-être plus pragmatique, une sensibilité plus élevée aux aspects marketing et ressources humaines, une relation avec l'entrepreneur plutôt plus conviviale (pas de sentiment de compétition ou de d'agression), sens de l'écoute et du dialogue, approche amicale, une certaine humilité dans la discussion, moins de fascination pour l'innovation technologique, etc...
En résumé : elles sont plus dans la relation que dans l'abstraction, mais ceci est naturellement en train de changer lentement car ce sont des comportement en partie liés à la formation et à l'éducation. Nous pouvons souhaiter que les hommes adoptent plus souvent une approche "féminine" et nous observons avec plaisir que cela arrive de plus en plus souvent ; l'idéal est bien entendu de combiner des approches variées dans l'analyse d'un projet, et c'est ce que permettent les business angels réunis en réseaux (voir la liste sur le site de www.franceangels.org).
Faut-il rappeler l'essentiel : les business angels apportent beaucoup plus qu'un investissement financier ; ils/elles font bénéficier les créateurs d'entreprises de conseils, relations, carnet d'adresses, et même : du soutien psychologique nécessaire ... Pour notre part nous co-investissons parfois avec des réseaux masculins (dits "mixtes" )de business angels et cela est, je crois, très apprécié à la fois des entrepreneurs et des investisseurs.
JB - AuFeminin, MilleMercis, CashStore.. Les start-up dirigées par des femmes sont encore peu nombreuses. Comment expliquez vous cette situation ?
BJ - Comme indiqué ci-dessus, les femmes, pour l'instant encore en France, ont souvent trop peu d'ambition dans leurs projets, peut-être en raison d'un goût du risque moins développé (les moyens de se remettre d'un échec financier sont sans doute moins nombreux pour une femme, célibataire en tout cas). Je pense que pour des raisons faciles à comprendre, les femmes sont plus prudentes, parfois trop, dans leurs démarches professionnelles; les divers "clichés": elles privilégient la vie de famille (quand elles en ont ...ce qui ne concerne pas toutes les femmes, faut-il le rappeler), les priorités personnelles et sociales par rapport à un projet économique, une confiance en soi insuffisante, le manque d'attrait pour les high-tech à forte plus value, etc.... sont encore vérifiés; mais il faut y ajouter l'absence de culture entrepreneuriale en France, la rareté de "role models" pour des femmes, etc...
Le résultat est que les femmes se "contentent " trop souvent de créer leur propre emploi, dans des secteurs à rentabilité moyenne car peu risqués. La situation économique récente poussant peu à la prise de risque, tous ces éléments constituent une part de l'explication, mais il faut reconnaître que la situation et les mentalités sont en train de changer: on peut d'ores et déjà observer avec plaisir l'émergence de nouvelles entrepreneuses ambitieuses, co-financées entre autres par des femmes business angels. Parmi les 14 projets dans lesquels nous avons ainsi investi (certains ne sont pas tout à fait finalisés) nos membres sont entrées au capital de 6 entrepreneuses remarquables. (Sophie Kauffmann : Canicrèche, Aruna Schwarz : Stelae Technologies, Perrine Bismuth : le Cavernamuth (Klopobek) ; Alexia de Bernardy : Filapi ; Sophie Ansel et Isabelle Schmid: Parenthèses (en cours) et Christine Frin (E.Lycée) (en cours).
Il y a fort à parier que les 3 start -up que vous citez, ainsi que leurs formidables fondatrices, seront rejointes sous peu par des dizaines, voire des centaines, de femmes pdg dynamiques, qui n'auront pas pour autant abandonné leurs valeurs féminines tout comme leurs illustres prédécesseurs.
JB - Béatrice Jauffrineau, je vous remercie.
JB - Béatrice Jauffrineau, bonjour. Quelle est l'ambition de votre association ? Que "pesez vous" dans ce secteur ?
BJ - Notre association a pour objet de contribuer à combler le fossé qui existe en France entre le "love money" et le capital risque, en y impliquant les femmes, quasiment absentes de l'activité de business angels. Nous encourageons toutes les femmes managers (ou jeunes retraitées) à devenir business angels, y compris d'ailleurs en dehors de notre réseau. Notre réseau Femmes Business Angels regroupe à la fois des investisseuses expérimentées, mais aussi celles qui n'osent pas se lancer seules ou qui préfèrent échanger avec des pairs plutôt que d'analyser un dossier en solo. Notre mission est aussi de former celles qui manquent d'expérience dans l'investissement en non coté, et d'investir de plus gros tickets qu'individuellement. (notre réseau inclut un club qui permet d' investir de manière mutualisée ; il regroupe 30% de nos membres.)
Nous sommes les premières femmes business angels (60 membres) regroupées en réseau en France, et même en Europe. Nous représentons à l'heure actuelle environ 15% des business angels parmi les (40) réseaux de France. C'est peu mais c'est 12% de plus qu'il y a 3 ans....(au niveau national). Notre existence a aussi pour "bénéfice collatéral" d'encourager d'autres femmes à rejoindre des réseaux mixtes. A terme, il serait souhaitable que tous les réseaux de Business Angels soient mixtes avec une proportion H/F proche de 60/40 (pour rester réalistes). Notre objectif est de tripler le nombre de membres ainsi que le montant de nos investissements dans les 3 ans. C'est ce à quoi nous sommes engagées envers le ministère des PME qui vient de nous accorder son label, preuve de sa confiance en notre action.
Pour répondre à votre question sur "notre "poids", si vous voulez l'évaluer en capacité d'investissement, ceci est quasi impossible, car les membres investissent de manière imprévisible, comme tout business angel, en fonction de "coups de cœur". Je parlerais plutôt d'une présence originale et complémentaire, porteuse de valeurs humaines et de bon sens, alliée à un pragmatisme certain et à un espoir de rentabilité non négligeable. (nous ne sommes pas des mécènes...)
JB - Par rapport aux hommes, avez-vous des comportements différents en matière d'investissement ? Privilégiez vous par exemple les projets d'entreprises soutenus par des femmes ?
BJ - Nous ne privilégions pas de manière proactive les projets d'entreprises présentés par des femmes, mais il est certain que les femmes porteuses de projets s'adressent plus facilement à nous, ce qui n'est pas une surprise et répond aussi à une mission de notre association. Nous ne regardons toutefois pas avec plus d'indulgence un projet porté par une femme qu'un projet porté par un homme. L'objectif premier de l'investissement est d'aboutir à la création et au développement d'une entreprise innovante et pérenne; ceci n'est pas lié au sexe du porteur du projet.
Nous recevons environ 30% de projets portés par des femmes, sélectionnons et co-investissons dans une proportion à peu près équivalente, ce qui laisse supposer que leurs projets sont d'aussi bonne qualité et représentent pour nous un intérêt certain. Il faut toutefois noter que certains projets de femmes manquent d'ambition. Or en tant que business angels, prenant un maximum de risque financier, nous recherchons des projets à fort potentiel avec rentabilité motivante (+ 300% au bout de 3 à 5 ans).
Je n'ai pas noté chez nos membres (femmes uniquement) de comportement différent des hommes en matière d'investissement. Parmi nos 60 membres, certaines recherchent par exemple, plutôt la rentabilité que le soutien à une femme qui entreprend, mais la plupart souhaitent pouvoir combiner un espoir de forte plus value à la promotion de valeurs "féminines" et de responsabilité sociale.
Nos porteurs de projets notent pourtant des différences avec les investisseurs masculins, différences qu'ils apprécient : un regard un peu différent... peut-être plus pragmatique, une sensibilité plus élevée aux aspects marketing et ressources humaines, une relation avec l'entrepreneur plutôt plus conviviale (pas de sentiment de compétition ou de d'agression), sens de l'écoute et du dialogue, approche amicale, une certaine humilité dans la discussion, moins de fascination pour l'innovation technologique, etc...
En résumé : elles sont plus dans la relation que dans l'abstraction, mais ceci est naturellement en train de changer lentement car ce sont des comportement en partie liés à la formation et à l'éducation. Nous pouvons souhaiter que les hommes adoptent plus souvent une approche "féminine" et nous observons avec plaisir que cela arrive de plus en plus souvent ; l'idéal est bien entendu de combiner des approches variées dans l'analyse d'un projet, et c'est ce que permettent les business angels réunis en réseaux (voir la liste sur le site de www.franceangels.org).
Faut-il rappeler l'essentiel : les business angels apportent beaucoup plus qu'un investissement financier ; ils/elles font bénéficier les créateurs d'entreprises de conseils, relations, carnet d'adresses, et même : du soutien psychologique nécessaire ... Pour notre part nous co-investissons parfois avec des réseaux masculins (dits "mixtes" )de business angels et cela est, je crois, très apprécié à la fois des entrepreneurs et des investisseurs.
JB - AuFeminin, MilleMercis, CashStore.. Les start-up dirigées par des femmes sont encore peu nombreuses. Comment expliquez vous cette situation ?
BJ - Comme indiqué ci-dessus, les femmes, pour l'instant encore en France, ont souvent trop peu d'ambition dans leurs projets, peut-être en raison d'un goût du risque moins développé (les moyens de se remettre d'un échec financier sont sans doute moins nombreux pour une femme, célibataire en tout cas). Je pense que pour des raisons faciles à comprendre, les femmes sont plus prudentes, parfois trop, dans leurs démarches professionnelles; les divers "clichés": elles privilégient la vie de famille (quand elles en ont ...ce qui ne concerne pas toutes les femmes, faut-il le rappeler), les priorités personnelles et sociales par rapport à un projet économique, une confiance en soi insuffisante, le manque d'attrait pour les high-tech à forte plus value, etc.... sont encore vérifiés; mais il faut y ajouter l'absence de culture entrepreneuriale en France, la rareté de "role models" pour des femmes, etc...
Le résultat est que les femmes se "contentent " trop souvent de créer leur propre emploi, dans des secteurs à rentabilité moyenne car peu risqués. La situation économique récente poussant peu à la prise de risque, tous ces éléments constituent une part de l'explication, mais il faut reconnaître que la situation et les mentalités sont en train de changer: on peut d'ores et déjà observer avec plaisir l'émergence de nouvelles entrepreneuses ambitieuses, co-financées entre autres par des femmes business angels. Parmi les 14 projets dans lesquels nous avons ainsi investi (certains ne sont pas tout à fait finalisés) nos membres sont entrées au capital de 6 entrepreneuses remarquables. (Sophie Kauffmann : Canicrèche, Aruna Schwarz : Stelae Technologies, Perrine Bismuth : le Cavernamuth (Klopobek) ; Alexia de Bernardy : Filapi ; Sophie Ansel et Isabelle Schmid: Parenthèses (en cours) et Christine Frin (E.Lycée) (en cours).
Il y a fort à parier que les 3 start -up que vous citez, ainsi que leurs formidables fondatrices, seront rejointes sous peu par des dizaines, voire des centaines, de femmes pdg dynamiques, qui n'auront pas pour autant abandonné leurs valeurs féminines tout comme leurs illustres prédécesseurs.
JB - Béatrice Jauffrineau, je vous remercie.
