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Régis Cazanave, Djingle : "Nous pensons que le streaming est amené à disparaître"

21 mars 2006 à 00h00
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Directeur de Djingle, Régis Cazanave présente sa solution de diffusion de contenus audiovisuels combinant push, P2P et gestion des DRM

JB - Comment peut-on résumer votre activité ? Mettre la puissance du P2P au service des médias ?

RC - C'est un peu plus que cela. On assiste aujourd'hui à la convergence de l'Internet et des médias, annoncée depuis quelques années. Cette convergence a été rendue possible par la pénétration rapide des connexions haut débit sur le territoire ainsi que par le développement, amorcé, de périphériques connectés. Il s'agit d'une réelle (r)évolution des usages audiovisuels. Encore faut-il que les modèles économiques suivent.

La vidéo est au cœur de cette convergence, et avec elle ses problématiques habituelles : qualité vidéo, poids des fichiers, coût et rapidité de distribution, etc. Les coûts de distribution restent importants, surtout si on envisage déjà la vidéo à la demande (VOD) Haute Définition. Pour rendre l'équation économique viable et assurer une qualité de service optimale, les plates-formes de "super-distribution" comme la nôtre restent indispensables.

J'ajoute que la plate-forme Djingle ne gère pas seulement le Peer to Peer, mais combine tous les modes de distribution possibles : streaming, téléchargement (en pull ou push) optimisé, P2P (progressif), mais aussi multicast lorsque le réseau le permet. Cette combinaison de distributions se fait de façon totalement transparente pour l'abonné.

Enfin, le push est couplé à une gestion de relation clients (CRM) qui nous permet aujourd'hui de qualifier l'abonné en vue de le fidéliser, ainsi que de doper les ventes de films, le tout contribuant à l'augmentation de leur chiffre d'affaires par abonné (ARPU).

JB - Quel est l'intérêt pour une chaîne de télévision de passer par une solution de push ? Baisser ses coûts de diffusion ? Fidéliser les internautes ?

RC - Les deux ! En effet, une fois l'équation économique résolue, il va s'agir pour les opérateurs d'augmenter leur ARPU en fidélisant leur audience. Pour cela, le push, associé à une solution de gestion performante de la relation clientèle, peut leur permettre de doper leurs ventes. De plus, de part son principe-même, il permet d'envisager d'ores et déjà de nouveaux packagings VOD : commande des films à distance, VOD par abonnement, etc. Toutes ces innovations font aussi de la plate-forme Djingle une plate-forme pertinente pour le déploiement d'offres VOD.

JB - En optant pour vos réseaux privés, vos clients ne se privent-ils pas de l'audience du web ou des réseaux P2P traditionnels ?

RC - Je ne sais pas si on peut parler de réseau privé, le logiciel client étant disponible et gratuit pour tous. Quoi qu'il en soit, nous allons vers un marché de distribution classique avec plusieurs acteurs- distributeurs ; les internautes seront amenés, via le Web notamment, à souscrire à une offre VOD. La question est de savoir si les consommateurs, vont se tourner vers un opérateur de type télécom, dont les portails restent très visités, à la communication agressive de type média, essentiellement les chaînes de télévision, ou bien d'un pure player VOD, comme Glowria, voire un ex-réseau pirate repenti.

Si les cartes sont effectivement en train d'être redistribuées sur ce marché, il n'en reste pas moins vrai que les puissants le resteront, à savoir, les médias et les opérateurs télécom qui sont en train de terminer leur partage du marché, trustant au passage une part non négligeable des futurs abonnés.

Au final, peu de marchés de contenus exclusifs seront signés. Les abonnés auront leurs habitudes chez un opérateur et s'en contenteront. Notre objectif est aujourd'hui d'être les partenaires technologiques du maximum de distributeurs possibles. C'est pour cela que notre offre s'étoffe en amont, audit et conseil, qui nous permet de mettre en avant notre expertise dans ces domaines de la vidéo numérique et de la VOD.

JB - Comment fonctionne la "recherche" de fichiers vidéos sur vos réseaux ? Étudiez vous de nouvelles méthodes d'indexation exploitant la piste audio ou la reconnaissance d'images ?

RC - L'indexation n'est pas directement notre rôle. Nous nous concentrons sur la distribution des fichiers, d'autant que nous pouvons nous "brancher" sur les briques existantes de nos clients, tant au niveau CRM qu'au niveau des catalogues, et donc de leur indexation. Par contre, nous pensons que les chaînes de télévision de demain seront, aussi, des portails de VOD.

Deux problématiques émergent : la mutation de la publicité vers de nouveaux médias et le développement de guides électroniques de programmes (EPG) performants, qui sera un véritable atout pour les chaînes. Sans être des spécialistes, nous travaillons sur des solutions de fidélisation / EPG / push. Ceci doit permettre aux abonnés de trouver les programmes qui les intéressent, voire ceux qui pourraient les intéresser. Pour ce qui est des méthodes exploratoires d'indexation que vous évoquez, nous saurons y interfacer notre plate-forme.

JB - Des kiosques comme iTunes ou des moteurs comme Google commencent à agréger, indexer et distribuer des fichiers vidéos. Ces canaux sont-ils des menaces pour votre activité ?

RC - Cela dépend. Ils font partie de ces quelques pure players qui, de part leur puissance financière ou leur positionnement innovant, vont nécessairement séduire une grosse partie du marché. Mais, parce qu'ils contribuent à valider ce marché, que nous annonçons depuis plus de 5 ans, ils en démocratisent l'usage et vont nous permettre de montrer que des technologies comme la nôtre sont indispensables. Ils pourront les utiliser à terme.

Ils constituent aussi de formidables réseaux de distribution ; nous envisageons de nous positionner comme un aggrégateur de contenus pour les mondes numériques, avec un clearing house (chambre de compensation des droits liés à l'exploitation VOD des contenus), multi-distributeurs et multi-gestionnaires de droits numériques. iTunes, par exemple, pourrait fort bien être une voie royale de distribution.

JB - Pensez vous que le "stockage" des vidéos doit se faire en ligne, sur ces grandes plates-formes centralisées, ou estimez vous que le P2P, avec un stockage partagé sur des Disques durs, est une solution pérenne ?

RC - Nous pensons que le streaming est amené à disparaître pour plusieurs raisons : plus le débit des connexions clients augmente, plus cela favorise le téléchargement, qui peut être progressif, en permettant le commencement de la lecture avant la fin du chargement complet du fichier.

Sur une connexion haut débit, le téléchargement d'un film dure moins d'une demi-heure. Or les possibilités d'usage sont bien plus importantes : lecture, relecture, lecture offline (train, avion, ...) avance et retour rapide, export sur périphérique mobile ou gravure sur DVD, commande à distance, etc.

Par ailleurs, seul le téléchargement permet d'ouvrir l'offre VOD à des connexions moyennes, de l'ordre de 512 kbps, les seules accessibles dans de nombreuses régions. Mais quand la grande question de la gestion des droits numériques finira par être réglée, disposer des contenus téléchargés ne sera plus un problème.Or, les réseaux de réplication de contenu (CDN), de type Akamaï, permettent, depuis de nombreuses années, de rapprocher ces contenus des utilisateurs finaux et constituent en cela une première réponse.

Ensuite, dans le cadre de réseaux "fermés", utilisant notamment des décodeurs (set-top-boxes), et vu l'émergence des enregistreurs vidéo personnels (PVR), des solutions de Network-PVR, comme Anevia, semblent pertinentes. Mais les solutions client restent plus ouvertes et plus souples : conservation du fichier, gravure, téléchargements vers des périphériques mobiles, sécurisés grâce aux DRM.

JB - Régis Cazanave, je vous remercie.
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