Les Alpes européennes en grand danger : une intelligence artificielle prédit la perte majeure du volume glaciaire

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 04 mars 2024 à 17h49
Le glacier de la célèbre Mer de Glace © Alexandre Boero / Clubic
Le glacier de la célèbre Mer de Glace © Alexandre Boero / Clubic

En utilisant des modèles d'intelligence artificielle, des scientifiques ont fait le constat que les Alpes pourraient perdre jusqu'à 65% de leur volume glaciaire, d'ici 2050. Une fonte évidemment alarmante.

D'ici 25 ans, les Alpes risquent de perdre jusqu'à 34% de leur volume glaciaire dans le meilleur des cas, et ce même si le réchauffement climatique s'arrêtait brusquement. C'est ce qui ressort de l'étude réalisée par des chercheurs des universités de Grenoble, Zurich et Lausanne, qui ont fait appel à des modèles informatiques novateurs intégrant l'apprentissage automatique (machine learning), pour mettre en lumière une fonte qui semble inéluctable.

Une fonte glaciaire limitée à 34% d'ici 2050 dans les Alpes… dans le meilleur des cas

La collaboration entre universitaires a donné naissance à un modèle prédictif tristement novateur, qui utilise de l'intelligence artificielle, des algorithmes d'apprentissage automatique, et des données climatiques remontant jusqu'en 2022. L'outil a révélé une inquiétante persistance de la fonte glaciaire.

Imaginez que même en cas d'arrêt immédiat des émissions de gaz à effet de serre, les Alpes pourraient encore perdre 34% de leur volume glaciaire d'ici 2050. L'étude publiée dans la revue scientifique Geophysical Research Letters adopte plutôt une perspective à court terme, accentuant de fait l'impact imminent sur notre génération.

Elle pose des questions cruciales sur les réserves en eau, sur les infrastructures et, par extension, sur l'environnement des Alpes. Les chercheurs suggèrent que des changements drastiques sont nécessaires pour éviter une disparition catastrophique, d'autant plus qu'il existe un scénario plus pessimiste, et surtout, plus réaliste.

Une perte de volume glaciaire qui attendrait 65% si rien ne bouge

L'étude a donc demandé aux modèles de simuler la perte de volume au regard des observations des années les plus récentes (2010-2022). Et celle-ci grimpe à 65%, toujours d'ici 2050. La perte de glace devrait d'ailleurs être plus forte à basse altitude. Même plus grande et à plus haute altitude, notre Mer de Glace française (environ 1 500 m), dans le massif du Mont-Blanc, pourrait voir son volume fondre de moitié d'ici 2050.

Épaisseur de la glace en 2020 (première colonne) et 2050 (deuxième colonne), et différence entre elles (troisième colonne) pour le massif du Mont Blanc, sur la ligne du haut © Geophysical Research Letters

Les chercheurs ont aussi utilisé l'intelligence artificielle pour affiner les modèles de prévision et intégrer des concepts physiques complexes qui en améliorent la précision et l'efficacité. Cette approche plutôt innovante est censée permettre de mieux anticiper les évolutions futures du climat et de la fonte glaciaire, avec des données générées qui pourraient être cruciales pour guider les décisions politiques et environnementales à venir.

L'étude nous confronte à une réalité implacable : même si le réchauffement climatique s'arrêtait aujourd'hui, les glaciers alpins sont déjà engagés dans une trajectoire irréversible de perte significative. Les conséquences pourraient être dévastatrices, notamment pour nos réserves en eau, et il est difficile de dire aujourd'hui s'il est possible, non pas de stopper le phénomène, mais au moins de le ralentir.

Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Bombing_Basta

Y’avait besoin d’une IA pour constater ça ?

Sodium

Apparemment vu qu’il y a des tas d’humains qui semblent ne pas être équipés intellectuellement pour s’en rendre compte.

Bombing_Basta

Je pensais que les camions de neige pour organiser les sports d’hivers sur des pistes skiable chaque année depuis trop longtemps maintenant aurait parlé de soi-même :thinking:

ChezDebarras

la phrénologie constatait aussi.

MattS32

C’est clair que c’est pas bien nécessaire, suffit de regarder :disappointed_relieved:

Récemment j’ai revu des photos que mes parents avaient faites lors de leurs multiples vacances dans les Alpes dans les années 70. L’une des réactions que j’ai eu en voyant certaines c’est « tiens, je savais pas qu’ils y allaient aussi en hiver »… Puis en voyant les habits, je me suis rendu compte que c’était bel et bien en été, avec des niveaux d’enneigement qu’aujourd’hui on n’atteint même plus certains hivers :frowning:

Et même en regardant les photos que j’ai prises pendant mes premières années dans les Alpes, il y a 20 ans, et en comparant avec ce que je vois ces dernières années, la régression de l’enneigement est flagrante :frowning:

Juste un petit exemple, la mer de Glace en juillet 1975 :

Le même endroit (sous un angle légèrement différent) en août 2009 :

Et en août 2023 :

Sodium

Ah, en voilà un =D

Vous avez donc ici l’un des principaux exemples de ce que nous appellerons (attention c’est un peu technique) « argument de merde » typiquement utilisés par les complotistes ignorants lorsqu’il s’agit de discréditer un consensus scientifique actuel : pointer une erreur d’une partie de la communauté scientifique d’il y a deux siècles ou plus (généralement ils citent Galilée) lorsque la méthode scientifique n’existait pas, qu’il n’y avait pas d’ordinateurs, quasiment aucun outil pour effectuer des expériences et que communiquer d’un bout à l’autre de la terre était mission impossible.

Bravo champion, quelques scientifiques ont cru en la phrénologie en 1850, donc les dizaines de milliers de scientifiques de 2024 qui développent des modèles arrivant tous aux mêmes conclusions depuis des décennies, cadrent avec ce que nous avons pu observer expérimentalement, disent sûrement n’importe quoi et on nous annoncera le contraire demain.

Heureusement qu’il y a des gens comme toi (ayant probablement fait 10 ans d’études en climatologie) pour redresser les torts de notre monde moderne.

N’importe quoi, ils déblaient avant de prendre et publier les photos puis ils paient une fortune la totalité des clients des stations pour qu’ils prétendent à tout le monde que la neige a disparu.

Sodium

« Mé la terr c toujour réchaufé c un cycl sa a r1 a voir avc lé humain g vu 1 homéopath le dir sur youtube vs ets ts dé mouton lol. »

alabifr

C’est exactement ce que j’allais dire :grin: une éruption majeure de volcan par exemple, qui limite les effets du soleil sur le réchauffement peuvent tout changer. Une guerre…

MattS32

Une éruption cataclysmique, oui. Une éruption juste majeure, non, ça ne fera que gagner quelques mois ou quelques années face à l’inéluctable… La plus grande éruption des 100 dernières années (le Pinatubo) n’a provoqué qu’un refroidissement de 0.5° pendant à peine un an…

PEPSIMAX

C’est toujours fascinant : quel que soit l’endroit ou le site le débat sur le climat tourne toujours au pugilat. Essayez d’en parler lors d’une réunion et vous verrez, cela finit toujours en point Goldwin au moins. Cela marche aussi très bien avec l’immigration, ou la voiture électrique.