Un pas de géant pour l'énergie durable ? La Finlande mise sur une méga batterie gravitaire dans la mine la plus profonde d'Europe

Camille Coirault
Publié le 10 février 2024 à 17h03
 Les batteries gravitaires, solutions de stockage de demain ? © Evgeny_V / Shutterstock
Les batteries gravitaires, solutions de stockage de demain ? © Evgeny_V / Shutterstock

La mine de Pyhäsalmi, située au nord de la Finlande, sera bientôt l'hôte d'une gigantesque batterie gravitaire. Un projet d'envergure qui donnera une seconde vie à cette exploitation, la plus profonde d'Europe, fermée depuis 2022.

À 450 km au nord d'Helsinki, la mine de Pyhäsalmi s'apprête à être reconvertie. Ancien site d'exploitation de cuivre et de zinc, elle s'étire en profondeur jusqu'à 1 444 m sous terre. Une configuration idéale pour accueillir ce projet de batterie gravitaire, qui sera déployée par une entreprise spécialisée dans le stockage d'énergie : Gravitricity. Alors que certaines batteries sont capables d'utiliser le CO2 pour stocker de l'énergie, les batteries gravitaires, elles, utilisent l'énergie gravitationnelle et cinétique.

Une technologie innovante

Gravitricity installera donc cette batterie dans un puits auxiliaire de la mine, à 530 mètres de profondeur. En théorie, elle pourra atteindre une capacité de stockage de 2 MWh, soit l'énergie équivalente pour assurer 27 à 40 charges d'une voiture comme la Tesla Model 3. Le président-directeur général de Gravitricity, Martin Wright a expliqué au quotidien écossais The Herald : « Ce projet démontrera à grande échelle comment notre technologie peut offrir un stockage d'énergie fiable et de longue durée, capable de capturer et de stocker l'énergie pendant les périodes de faible demande et de la libérer rapidement lorsque nécessaire ».

Comment fonctionne une batterie gravitaire ? Elle utilise en fait l'énergie excédentaire, la plupart du temps issue de sources renouvelables, pour soulever un poids massif. Lors du levage, la batterie stocke de l'énergie. Lorsque celui-ci est lâché et redescend (d'où l'importance de la profondeur dans ce contexte), il transforme l'énergie potentielle en énergie cinétique, qui est ensuite convertie en électricité. Plutôt astucieux !

 Le mine est située en Ostrobotnie du Nord, deuxième plus vaste région de la Finlande après la Laponie  © Capture d'écran / Google Maps
Le mine est située en Ostrobotnie du Nord, deuxième plus vaste région de la Finlande après la Laponie © Capture d'écran / Google Maps

Potentiel de cette technologie et contribution globale

Gravitricity a conclu un accord avec Callio Pyhäjärvi, un projet visant à réutiliser l'espace de la mine de Pyhäjärvi en y accueillant différentes initiatives innovantes. Cela permettra à la société de développer un premier prototype, bien qu'aucune date ne soit connue pour le moment. Aucune information n'a filtré non plus sur la construction de batteries supplémentaire dans la mine si le prototype fonctionne comme prévu. Wright a souligné tout de même que « ce projet à grande échelle ouvrira la voie à d'autres projets commerciaux et permettra d'intégrer notre solution aux activités de fermeture de mines, offrant ainsi un avenir potentiel pour les mines arrivant au terme de leur durée de vie initiale ».

Selon les estimations de certains chercheurs, exploiter la force gravitationnelle de cette manière dans les mines abandonnées à l'échelle planétaire pourrait permettre de stocker jusqu'à 70 TWh à l'échelle mondiale. Rien qu'aux États-Unis, il existe pas moins d'un demi-million de mines abandonnées, le potentiel de cette forme de stockage d'énergie est donc réellement intéressant.

Sources : The Register, Callio

Par Camille Coirault

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Commentaires (10)
BJ_Inc

27 a 40 charges de Tesla : lol … encore de très gros travaux couteux pour rien.

F4FEnder

Je pense que je dois zapper un paramètre car la charge me semble vraiment anecdotique. Est-ce un début et les performances vont s’améliorer ou on compte uniquement sur la masse? Masse qui sur le papier est simple mais dans les faits cela demande quand même pas mal de travail pour équiper toutes les mines.
On va pas tirer 50km de câbles électrique pour charger 40 Tesla grâce à une mine de 1875.

frenchboy79

il est fort probable qu’ils n’en fassent pas qu’une :wink:
si tu as une batterie externe pour ton smartphone, tu la juge correcte qu’au delà des 500 recharges possibles ?

eaglestorm

ça me fait penser à ce projet

Il stocke de l’électricité avec des VOLANTS D’INERTIE

ayaredone

Si j’ai bien compris l’article, c’est un test avec une seule batterie qui ne doit pas être une taille incroyable. Et si le test est concluant ils vont multiplier le nombre de batterie.

MattS32

On peut le calculer assez facilement.

2 MWh, ça fait 7200 MJ.

Sur une hauteur de 530 mètres, ça fait 1386 tonnes (Ep = masse * g * différentiel d’altitude), soit environ 500 m^3 de béton. Grosso modo un bloc cubique de 8m de côté.

Ceci en comptant que les 2 MWh sont la quantité d’énergie potentielle stockée, pas la quantité d’électricité absorbée à la monté ou la quantité restituée à la descente… selon le cas il faut donc compter un peu plus (si c’est la quantité restituée) ou un peu moins (si c’est la quantité absorbée) que cette masse pour tenir compte des pertes.

Werehog

En effet il serait intéressant de comparer le coût de stockage en $/MWh, par rapport aux autres techniques. Si quelqu’un a ces chiffres…

phoenix206

Sinon y’a les STEP

pecore

On dirait une technologie qui remonterait à l’antiquité, à ceci près qu’à l’époque, c’est l’énergie humaine ou animale que l’on stockait dans des volants d’inertie ou des contrepoids.
Un autre exemple, qui vient du Moyen Âge, est le trébuchet.

Je suis un peu sceptique quant au fait que des technologies aussi vieilles puissent être considérées comme des solutions d’avenir, même une fois modernisées. Mais attendons de voir pour juger.

Neferith

Je pense pas que l’age d’une technologie soit un frein. Il y a tout un tas de choses qu’on connait depuis des milliers d’années et qu’on utilise aujourd’hui de manière optimales grace à nos maitrises actuels.
Maintenant, je suis mille fois sceptique. Je pense qu’il y a beaucoup d’argent à obtenir en promettant la lune et beaucoup de boites en profitent.