François Momboisse, FNACmusic : "La guerre des formats est dramatique"

15 juin 2004 à 00h00
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Responsable de FNACmusic, François Monboisse répond à quelques questions sur le futur kiosque musical du groupe PPR

JB - Francois MOMBOISSE, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours ?

FM - Né en 1957 et diplômé de l'école polytechnique puis de l'INSEAD, j'ai été successivement directeur marketing chez Procter & Gamble et Directeur général de Benckiser. Je suis aujourd'hui directeur du projet FNACmusic et j'assure la présidence de la Fédération des Entreprises de vente à distance.

JB - Pourquoi interrompre votre partenariat avec Od2 ? Qui est votre nouveau partenaire ?

FM - Nous avons fait un appel d'offre et OD2 n'a pas été retenu. Pour la sous-traitance, nous avons jugé que ce n'était pas notre coeur de métier que d'être Digital Service provider, et nous déléguons ce travail à MPO - OnLine.

JB - Pensez vous que la distribution numérique de musique pourrait un jour dépasser en volume et en valeur la vente par correspondance de CD?

FM - noboby knows...

JB - Il existe actuellement une guerre des formats entre (AAC), Real (.RM), Sony (ATRAC), (MP3) ou encore Microsoft (.WMA). Quelle est votre position? quel sera votre choix?

FM - Notre position est que à la fois cette guerre des formats et les hautes demandes de sécurité de la part des éditeurs de musique (transfert uniquement sur des baladeurs "sécurisés") est dramatique et risque, si rien ne change, d'être un frein majeur au développement du téléchargement payant. Avec le système actuel, un internaute qui télécharge de la musique légalement ne peut transférer cette musique sur son baladeur que si ce baladeur est d'une certaine marque ou catégorie (comme les baladeurs dits "WMA sécurisés"). Or la quasi-totalité du parc existants de baladeurs ne sont pas sécurisés.

Qu'est-ce qui va se passer? Si dans une famille de 2 enfants l'un a un baladeur X et l'autre un baladeur Y, est-ce qu'on pense que les gens vont payer la musique 2 fois? Et est-ce qu'on imagine que les ados vont s'acheter un nouveau baladeur pour pouvoir passer de la musique "pirate" à la musique légale et payante? Il y a là de notre point de vue un risque majeur: si un père de famille, sensibilisé par la campagne du SNEP, donne 10 € à sa fille pour qu'elle arrête de pirater et aille télécharger légalement, et que sa fille revient le lendemain en disant "çà ne marche pas, je ne peux pas passer la musique sur mon baladeur", la fille va retourner au piratage avec le ok de son père, et les 2 auront bonne conscience de le faire. 

JB - Le succès du iTunes Music Store d'Apple tient en partie à l'association avec le iPod. Allez vous vous associer avec des constructeurs de baladeurs numériques?

FM - Nous voulons que notre site permette d'écouter la musique sur le plus grand nombre possible de baladeurs.

JB - Les nouveaux outils de DRM permettent d'envisager une grande variété de business models. Allez vous rester fidèle à la vente unitaire ou pourriez vous proposer des forfaits?

FM - Nous en parlerons au lancement du site.

JB - Avec l'UMTS, la distribution numérique sur les téléphones mobiles devient une réalité. Allez vous proposer ce type de services aux "mobinautes" ?

FM - Pas dans un premier temps

JB - La FNAC est un généraliste des biens culturels. Comptez vous également vous appuyer sur votre kiosque pour vendre des vidéos, des jeux ou encore des eBooks?

FM - Pas dans un premier temps

JB - La distribution numérique intéresse aussi bien des fabricants de baladeurs (iTunes/Apple), des éditeurs de logiciels (Roxio/Napster ou Real/Rhapsody), des opérateurs (kiosques de Wanadoo ou Tiscali avec Od2), des maisons de disque (Universal/e-compil) et bien sûr des distributeurs traditionnels (Virgin et peut-être un jour la grande distribution). A vos yeux, qui est le plus légitime pour vendre de la musique numérique ?

FM - Dans votre liste pourtant déjà impressionnante vous auriez pu ajouter des firmes de produits de grande consommation comme Coca-Cola qui a lancé en Grande-Bretagne mycokemusic.com. Effectivement la distribution de musique sur internet attire beaucoup de monde. Je vais bien sûr vous laisser répondre seul à votre question sur la légitimité.

Deux choses sont sûres cependant: la Fnac vend de la musique "physique" en magasin depuis plus de 35 ans, et sur internet depuis 5 ans. Aujourd'hui qu'un nouveau mode de consommation de musique apparaît, nous voulons être présents et à terme leaders de ce segment. Le but premier de notre site fnacmusic sera de vendre de la musique, pas de vendre des baladeurs ou des logiciels, ni de créer du trafic pour vendre d'autres produits. Et nous comptons bien le faire non seulement en 2004, mais aussi longtemps que la Fnac vendra de la musique.

JB - Quel regard portez vous sur la relation entre les internautes et l'industrie du disque? Est-ce que la FNAC compte tenir un discours moins agressif que le SNEP sur la question du piratage?

FM - La position de la Fnac est qu'un système économique ou personne ne paie les artistes ne peut pas marcher bien longtemps. Et il est vrai que le fait que beaucoup d'internautes considèrent comme "normal" de ne pas payer la musique est un problème. Mais nous considérons aussi que les FAI utilisent implicitement le téléchargement -pirate- de musique comme un argument de souscription à l'adsl, et que donc les industries de contenu subventionnent les industries de tuyaux, ce qui n'est pas sain.  

JB - Francois Momboisse, je vous remercie.
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