Jean-Pierre CHEVENEMENT présente son programme pour la NetEconomie

13 février 2002 à 00h00
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Candidat aux élections présidentielles de Mai 2002, Jean-Pierre CHEVENEMENT confie sa stratégie en matière de NTIC à NetEconomie.com

JB - Jean-Pierre Chevènement, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre projet "NTIC" pour les prochaines années ?

JPC - Le secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication possède une importance particulière, non seulement car il s'agit d'un secteur porteur en terme de création d'emplois et de croissance économique - même si
les investissements ont temporairement chutés à la suite de la crise boursière - mais aussi parce que la révolution technologique que nous vivons actuellement transforme notre relation au travail et notre vie quotidienne. Il faut donc soutenir la diffusion des NTIC, en généralisant les accès à haut-débit à Internet - sur tout le territoire y compris les zones rurales - et en permettant à toute la population d'accéder à Internet par une politique volontariste de baisse des coûts d'accès et une aide spécifique à l'achat d'équipement informatique et à la première connexion destinée aux ménages modestes.

Pour généraliser l'emploi de la signature et de l'identification électronique, un service public de l'identité électronique sera crée, permettant de distribuer à tous une clé électronique matérielle. Dans l'administration, l'introduction des NTIC permettra de repenser l'organisation des services et de simplifier les procédures, et le téléservice - c'est-à-dire la réalisation de formalités administratives en ligne - sera généralisé. Pour les usagers non connectés, des « guichets administratifs uniques » seront crées, permettant la réalisation des différentes démarches depuis un même lieu et l'information des usagers. L'utilisation des NTIC dans l'enseignement sera encouragée, à condition qu'elle appuie un objectif pédagogique et non comme un simple gadget. Un enseignement spécifique d'informatique sera crée dans l'enseignement secondaire. L'utilisation de logiciels libres sera encouragée dans l'administration et l'enseignement. On refusera l'extension de la brevetablité aux logiciels, non-sens économique qui gênerait le développement du secteur et freinerait l'innovation.

JB - Quel regard portez-vous sur le principe même de l'Internet, et son idéologie libertaire et mondialiste ?

JPC - Internet en lui-même n'est porteur d'aucune idéologie. Contrairement à ce que certains ont voulu accréditer au moment de l'apparition d'Internet, il ne constitue absolument pas une zone de non-droit mais un espace qui intègre nos traditions républicaines, même s'il faut naturellement parfois adapter la législation existante.

JB - Si vous étiez élu, pourriez vous mener une politique de "grands travaux" en matière de technologies de l'information ?

JPC - L'industrie française doit être présente dans ce secteur, aussi bien dans le domaine logiciel que dans l'électronique et les composants. La prépondérance des Etats-Unis dans le domaine des NTIC doit beaucoup aux commandes étatiques et aux retombées de la recherche publique. A l'heure où les Etats-Unis vont s'engager à nouveau dans un programme de subvention massif de leurs industries par la relance des programmes de recherche militaires, nous devons aider nos entreprises par une politique industrielle conséquente et un soutien à la recherche dans le domaine des NTIC.

JB - Nous sommes dépendants des américains en matière de géolocalisation. Pensez-vous que le projet Galileo est une priorité ?

JPC - La réalisation du programme européen Galileo est absolument nécessaire pour notre indépendance stratégique. La géolocalisation possède de nombreuses applications et nous ne pouvons accepter de dépendre du système GPS que les Etats-Unis peuvent du jour au lendemain stopper ou dégrader sélectivement. Ce projet soutiendra par ailleurs l'industrie européenne, et aura de multiples retombées économiques. Il s'agit du type même d'entreprise, comme Ariane ou le TGV, qui nous est nécessaire et ne peut aboutir que grâce à une politique publique.

JB - Quelle est votre opinion sur la démocratie électronique ? Pensez vous qu'un jour, des géants de la communication comme AOL, Vivendi ou Microsoft, pourraient chercher à battre monnaie, organiser des consultations de leurs clients/citoyens, ou encore fournir des services "publics" en matière d'éducation ?

JPC - Internet est un média extraordinaire, qui facilite beaucoup la publication d'information et donc la vie démocratique. Par ailleurs, grâce à Internet les citoyens peuvent avoir un accès aisé et direct aux sources d'informations - textes de lois, rapports publics, etc. - et ainsi se réapproprier un débat qui auparavant restait confiné dans un cercle restreint.

Les grandes firmes peuvent parfois essayer d'utiliser pour des raisons d'image le concept de citoyenneté, mais la logique économique d'une multinationale n'a que peu de rapports avec la démocratie. En matière d'éducation, certains lorgnent vers un marché souvent présenté comme prometteur ; mais face à la logique non-marchande et altruiste du système éducatif, il est douteux qu'ils y trouvent un profit durable.

JB - Monsieur Chevènement, je vous remercie.
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