Les WebProducteurs veulent faire payer les FAI

12 février 2002 à 00h00
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Fragilisé par la baisse de leurs recettes, un groupe d'éditeurs souhaite prélever une part du chiffre d'affaire des FAI

Le minitel continue d'inspirer les entreprises de la NetEconomie. Fragilisés par la baisse des budgets d'achat de contenu des portails internet, une association baptisée "Les WebProducteurs", spécialisée dans le multimédia (jeux, webSéries) souhaite constituer une sorte de CFC ou de sacem numérique et prélever une part du chiffre d'affaire des fournisseurs d'accès à internet.

L'exception culturelle peut-elle s'appliquer au web ?

Dans un communiqué, l'association précise :"Le développement de l'internet représente pour la France un formidable enjeu culturel et économique. Les acteurs du secteur et les pouvoirs publics se doivent de préserver et de développer le web d'expression française et le nouveau tissu économique des entreprises de la production de contenu français, d'autant plus que nous assistons à une concentration inquiétante du secteur des éditeurs et fournisseurs d'accès. "

Interrogée par NetEconomie.com, Frédérique DOUMIC, chargée de la communication pour l'association précise : " La web production tricolore est en danger. Les FAI sont nos clients traditionnels et ils atteignent l'équilibre financier. Ils connaissent notre situation et nous souhaitons tout simplement nous mettre autour d'une table pour en parler, éventuellement accompagnés d'un organisme public comme le CNC (ndlr : centre national de la cinématographie) pour faire office de médiateur, sinon, il ne restera plus que des contenus anglo-saxons"

Les FAI ne sont pas enthousiastes.

Contacté par NetEconomie.com, Jean-Christophe LE TOQUIN, Délégué Permanent de l'AFA, l'Association des Fournisseurs d'Accès et de Services Internet est assez critique sur cette proposition. Reconnaissant l'importance des contenus, au même titre que les tarifs ou la qualité d'accès au Net, l'AFA estime que la production multimédia en ligne doit être traitée sur un pied d'égalité avec celle des autres producteurs, qu'ils soient portails, internautes (page perso) ou pouvoirs publics. En outre, le principe de ponction d'un pourcentage sur le chiffre d'affaire des FAI est qualifié "d'irréaliste et contre-productif économiquement" car ces derniers sont obligés de réduire leur marge au minimum, entre un plancher imposé par , et un prix public, considéré par beaucoup comme trop élevé.

"Avant de reproduire des modèles de financement imités du passé, nous pensons qu'il est prioritaire de réfléchir à comment permettre aux Français d'accéder à Internet. Une récente étude révélait que 97% des utilisateurs qui découvraient Internet souhaitaient rester connectés, le souci n'est donc pas de les convaincre de rester, mais de leur permettre d'accéder. " indique Jean-Christophe Le Toquin.

La piste du CFC ?

Représentant les producteurs de contenus multimédia, l'association "LesWebProducteurs" n'est pas la seule à explorer ce type de piste. En collaboration avec des syndicats professionnels et des associations d'éditeurs dont le Geste, un groupement de médias présents sur le Web, le CFC, Centre Français d'exploitation du droit de Copie entend s'attaquer aux intranets d'entreprises.

Chargé de la communication du CFC, Jean LISSARRAGUE indique : "Le CFC est un organisme crée à l'origine pour contre balancer le manque à gagner des auteurs lié au photocopiage de leurs oeuvres. En 2002, nous devrions encaisser près de 20 millions d'euros auprès des entreprises, des administrations et des centres de formation. Mais face au problème posé par les revues de presse électroniques, de plus en plus d'éditeurs nous mandatent pour exercer cette mission auprès des intranets d'entreprises".

L'ombre du Minitel

Même si la proposition des webproducteurs est contestée, elle pose la question d'un rééquilibrage des revenus entre tuyaux et contenus, un équilibre visiblement difficile à atteindre compte tenu des nombreuses faillites que connait la neteconomie depuis deux ans. A l'image des opérateurs mobiles, dont les projets de kiosques SMS+ ou Data entendent partager les revenus avec les éditeurs, les fournisseurs d'accès seront certainement amenés à imaginer un modèle économique pour leurs partenaires éditoriaux, dans l'esprit du Minitel. Faute de quoi, les pouvoirs publics pourraient être tentés d'intervenir pour imposer une "exception culturelle" au web tricolore, calquée sur le modèle d'aide du cinéma français.
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