VP Marketing d'Ericsson France, filiale du géant suédois de la NetEconomie, Franck BOUETARD présente son entreprise à l'heure de l'internet mobile
JB - Monsieur Franck Bouetard, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours ?
FB - De formation ENST Paris 1990, j'ai passé deux ans en Angleterre chez Elf Aquitaine en tant que responsable des télécoms avant de rejoindre à Paris en 1992 une start-up dans le domaine des réseaux informatiques d'entreprise (Ungermann-Bass). J'y suis resté 1 an avant de rentrer chez Alcatel où je suis resté pendant 7 ans jusqu'en Octobre 99 date à laquelle j'ai intégré Ericsson France. Chez Alcatel, j'ai été dans l'ordre, dans le domaine des communications de données, responsable du business développement sur l'Europe du Nord, les pays de l'Est et l'Asie du Sud Est, puis directeur commercial et marketing à l'international, et enfin directeur marketing mondial. Je suis maintenant Vice President du marketing et du support produits d'Ericsson France.
JB - Ericsson est connu du grand public pour ses téléphones mais est avant tout un de premiers équipementiers dans le domaine des télécoms. Pouvez vous donner quelques chiffres tant commerciaux que financiers ?
FB - Ericsson c'est :
- N°1 mondial des industriels télécoms (CA de 31 Milliards d'Euro en 2000)
- N°1 mondial des infrastructure mobiles (35% de parts de marché)
- N°1 mondial de la commutation de circuits (250 millions de lignes dans 127 pays)
- N°3 mondial des terminaux mobiles
- Présence dans 140 pays avec 105 000 collaborateurs
- Orienté vers l'innovation (16% du CA réinvesti en R&D avec 23 500 personnes dans 25 pays)
- split du CA en 2000 : 47% infrastructures mobiles, 18% infrastructures fixes, 20% terminaux, 15% autres
- Répartition CA entre régions mondiales : 50% Europe (dont seulement 3% Suède !), 13% Amérique du Nord, 16% Amérique du Sud, 21% Asie
JB - Le GPRS sera moins rapide que prévu et n'est toujours pas commercialisé. Avez vous des éléments sur les dates de sortie et les débits attendus Pour le GPRS, le Edge et l'UMTS ?
FB - a) GPRS
- débit théorique maximal : 110 Kbit/s (cela suppose d'être à l'arrêt, au pied de l'antenne et seul dans le secteur -attention, le GPRS est une bande passante partagée dans le secteur donné!!)
- débit pratique maximal attendu : autour de 30 à 40 Kbit/s par terminal
- date de disponibilité : 3Q2001 en France; nous sommes actuellement en train de déployer les réseaux; dans d'autres pays comme l'Angleterre, Vodafone a déjà lancé son service commercial GPRS; le décalage est essentiellement dû au fait que les opérateurs français choisissent des solutions multi-constructeurs qui accroissent fortement la complexité d'intégration de la solution globale.
b) EDGE
Attention, EDGE est essentiellement une amélioration de l'utilisation de la bande passante radio utilisée pour le GPRS et multiplie donc par 3 les débits donnés pour le GPRS
- débit théorique maximal : 384 Kbit/s (cela suppose d'être à l'arrêt, au pied de l'antenne et seul dans le secteur -attention, le GPRS est une bande passante partagée dans le secteur donné!!)
- débit pratique attendu : autour de 100 Kbit/s par terminal
- date de disponibilité : 2Q2002 pour les produits Ericsson mais pas avant 3Q2002/4Q2002 pour la disponibilité commerciale du service de l'opérateur car il faut déployer un nouveau réseau national
c) UMTS
- débit théorique maximal : 2 Mbit/s (cela suppose d'être à l'arrêt, au pied de l'antenne et seul dans le secteur -attention, l'UMTS est une bande passante partagée dans le secteur donné!!)
- débit pratique maximal attendu : 384 Kbit/s
- date de disponibilité : produits réseaux Ericsson en volume début 2002, produits terminaux UMTS/GSM Ericsson 1H2002
JB - Ericsson a récemment dévoilé Blip, un concept de bornes "pour mettre l'internet dans la rue". Quelles sont vos ambitions sur ce projet ? Travaillez vous avec des fabricants de mobilier urbain ou des sociétés De transport ?
FB - Il est trop tôt pour y répondre. Nous sommes en train d'y travailler.
JB - Attendu comme une révolution dans les réseaux locaux, Bluetooth n'en reste pas moins confus avec 3 normes (1.0b, 1.0b +CE, 1.1) incompatibles actuellement entre elles. Votre gamme de produits Bluetooth sera t'elle entièrement compatible avec les futurs générations de terminaux à venir sur le marché ?
FB - Le standard Bluetooth spécifié par le SIG (IBM, E///, Toshiba, etc...) a d'abord été édité en version 1.0 qui s'est révélé pas tout à fait assez précis (plusieurs interprétations étaient possibles). Ceci a justifié un certain retard dans l'utilisation industrielle de Bluetooth par rapport aux prévisions initiales.
Le Groupe SIG a donc retravaillé la norme pour fournir, le plus rapidement possible, la version 1.0b qui est celle utilisée par les produits actuellement sur le marché: R520 Ericsson, Oreillette Ericsson, carte Toshiba, etc...
Actuellement le groupe SIG vient d'éditer une nouvelle version (1.1) qui clarifie encore la version 1.0b . De plus, il est actuellement à l'étude une version améliorée où le débit offert passerait à 10Mbits/s (au lieu des 700kbits/s actuel) avec une nouvelle édition vers la fin de l'année 2001.
La philosophie du SIG est de toujours assurer la "backward compatibility"! Ce qui devrait assurer une interopérabilité entre les différents produits du marché.
JB - Une grande bataille industrielle s'est engagée pour les modules d'extension pour terminaux de poche. Avez vous choisi entre SD, CompactFlash, MemoryStick pour vos futurs terminaux ?
FB - Nous ne souhaitons pas aborder ce sujet pour le moment.
JB - Comment analysez vous le faible engouement pour le WAP alors même que le SMS est un succès auprès de nombreux utilisateurs ?
FB - Parler d'échec du WAP dépend des objectifs que chacun s'était fixé. Le WAP n'avait initialement comme objectif que de tester le marché pour les industriels; ensuite on a malheureusement créé sur le marché des attentes du WAP que le WAP ne pouvait pas remplir. Plutôt que de parler d'échec, je parlerai plutôt de limitation qui ne permettaient pas au WAP d'être développé à grande échelle : interface homme machine rudimentaire (lié à la taille de l'écran et au mode d'entrée des informations principalement), lenteur d'accès à l'information (9 Kbit/s en GSM) et mode de facturation au circuit (appliqué en France par les opérateurs). Ces limitations sont toutes réglées par le GPRS qui sera lui le véritable lancement de l'Internet Mobile. D'ailleurs, nous ferons du WAP sur GPRS.
En ce qui concerne le SMS, seul la première limitation reste et en plus, il est clair que la messagerie est certainement une des killing applications de l'Internet Mobile. L'évolution du SMS est le MMS que nous venons de démontrer (Cannes et Cebit) et qui permet d'envoyer des messages enrichis éventuellement avec des photos, des dessins, ...
JB - Ericsson est à la fois co-fondateur de Symbian et partenaire de Microsot pour de nombreux produits WAP (mobile explorer). Pouvez vous expliquer votre stratégie dans le software ?
FB - Notre stratégie dans le domaine du software s'étend bien au delà de la problématique Symbian/Microsoft. En effet, nous avons lancé un programme mondial "Ericsson Mobility World" pour le développement d'applications (briques de base et applications sectorielles) permettant la mise en place de nouveaux services dans le cadre de l'Internet Mobile. Nous développons des briques de base (localisation, messagerie unifiée, portail, streaming audio et vidéo, systèmes de facturation, ...), passons des accords de partenariats pour le développement d'applications sectorielles utilisant ces briques de base et donnons accès aux APIs de ces briques de base gratuitement à tout développeur logiciel au monde.
En ce qui concerne la JV avec Microsoft, elle travaille sur le portage de la messagerie de type "outlook" sur le portable.
JB - Vous avez annoncé le lancement prochain d'un communicator GPRS en couleurs basé sur Symbian v6. Que pensez vous de Palm OS, WindowsCE ou Linux ? Symbian pourrait-il devenir le "microsoft du téléphone" ?
FB - On croît fortement à la technologie Symbian à laquelle s'est rallié pratiquement l'ensemble des industriels de terminaux portables au monde.
JB - Selon de nombreux opérateurs, le téléphone UMTS permettra d'accéder à des programmes audiovisuels haut-débit en streaming, de prendre des photos avec stockage en ligne, de réaliser de la visophonie, etc... Adhérez vous à cette vision ou adoptez vous désormais un discours plus prudent, en reportant certaines applications à une hypothétique 4G ?
FB - Il y a une tendance à associer l'Internet Mobile et plus spécifiquement l'UMTS à la vidéo mais les services potentiels facturables sont bien plus large que cela. Nous les regroupons en 5 domaines : Portail/Personalisation, Messagerie, Localisation, M-Commerce, Média Interactif (jeux, vidéo, musique, ...). En ce qui concerne la vidéo, il est clair que l'UMTS permettra d'enrichir l'ensemble des applications Internet Mobile en contenu vidéo transitant sur le réseau ou téléchargé sur le terminal. Il y a par contre peu de chance que nous puissions faire de la distribution de programme télévisuel sur cet outil de communication à cause de son caractère de broadcasting; par contre la visioconfèrence pourra se faire, le visionnage de clips également, ... sous réserve d'en payer le prix. En ce qui concerne la photo, aucune problème, dès le GPRS, cela sera réalisable.
JB - Monsieur BOUETARD, je vous remercie.
Franck BOUETARD : VP Marketing Ericsson France
Par Jérôme Bouteiller.
Publié le 15 avril 2001 à 00h00
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