F.DURAND et P.GIAMI : Real Networks et Cable & Wireless, unis dans le streaming

05 octobre 2000 à 00h00
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Représentés par Frédéric DURAND et Patrice GIAMI, les sociétés et Cable & Wireless ont officialisé un accord de partenariat dans le streaming. Très en pointe dans la distribution numérique, ces deux entreprises sont bien décidées à faire du

JB - Messieurs Durand et Giami, bonjour. En quelques mots, pourriez-vous vous présenter ?

PG - Bonjour. Patrice GIAMI, je suis directeur général adjoint, chargé du Business Developpement, de Cable & Wireless en France (ex ISdnet). Cable & Wireless regroupe en France 300 collaborateurs, spécialisés dans l'IP (internet protocole). Nous détenons 25% de part de marché, derrière , mais nous sommes le numéro un mondial dans ce secteur. Notre intention est d'être un diffuseur multimédia et nous sommes partenaires de nombreux médias et sites Internet.

FD - Bonjour. Frédéric DURAND, je suis directeur "Europe du Sud" chez Real Networks. Real Networks a été crée en 1994 à Seattle par Rob GLAZER. Nous sommes à l'origine de la technologie du streaming et nous commercialisons une solution allant de la production à la réception en passant par la diffusion de données sur internet.

JB - Vous annoncez un accord de partenariat. Pourriez-vous en dire plus ?

PG - L'accord entérine un partenariat qui existe depuis février 1998 entre Real et isdnet, devenu C&W en France. Il intervient au moment où nous avons décidé d'industrialiser la plate forme et de lui donner une dimension pan européenne tout en se dotant d'outils nous permettant de relever le défi du BroadBand.

FD - Au vu du developpement de la diffusion multimédia sur le net, il est important de s'associer à un partenaire de poids, capable de monter en puissance. Prenez l'exemple de l'émission "BigBrother" et de ses milliers de connexions simultanées. Nos partenaires doivent pouvoir tenir face à de fortes montées en charge.

JB - Qui sont vos clients ? Les entreprises ou les acteurs traditionnels des médias ?

PG - Les clients traditionnels de notre offre de diffusion de contenus multimedia sur Internet sont effectivementles les grands médias, audio et audiovisuels, car il y a une continuité dans leur métier. Mais nous voyons aussi arriver les sites de la presse, qui considèrent le streaming comme un approfondissement de leur média, ainsi que les sites de commerce électronique qui s'appuient sur la vidéo pour mieux vendre leurs produits. Enfin, nous avons aussi des axes de développement avec les entreprises : retransmissions d'Assemblées générales d'actionnaires, résultats financicers, communication Internet, formation continue. Néanmoins, pour ces dernières, le streaming reste une brique dans le cadre d'une prestation plus globale de Virtual Private Network ou d'internet.

FD - Toute la stratégie de Real réside dans une phrase simple : "rapprocher le contenu de l'audience". Nous entrons dans une logique de diffusion de masse et nous travaillons désormais avec les principaux médias. Grâce à nos 140 millions de lecteurs et notre guide (top 10 aux états-unis), nous valorisons les diffuseurs qui adoptent le format Real. Ces derniers ont bien compris les modèles économiques qui s'y rattachent, qu'il s'agisse de la publicité, du e-commerce ou de modèlescomme le pay per view et l'abonnement.

JB- Quelle est votre offre commerciale pour les médias ?

PG - Tout d'abord, rappelons que C&W est essentiellement un diffuseur. Nous ne proposons pas de services de prise de vue ou de son. Pour la tarification, il faut distinguer la vidéo à la demande et la diffusion en direct. En ce qui concerne la VOD, nous commençons à un tarif de 6000 francs / mois pour 20.000 visiteurs. Pour le direct, nous facturons 20.000 francs pour la diffusion de 2 heures d'images auprès de 20.000 personnes. Nous travaillons avec nos partenaires pour qu'ils créent leur propre valeur avec notre technologie.

JB - Microsoft a décidé d'intégrer son lecteur multimédia à Windows. Real est-il le futur Netscape ?

FD - Tout d'abord, soyons factuels. Près de 140 millions de lecteurs Real ont été téléchargés dont 50% depuis 1 an. 85% des données multimédia diffusées sur le Net le sont au format Real. La situation n'a rien à voir avec Netscape. Le même contenu était accessible avec les navigateurs Netscape et MS alors que le format Real n'est accessible qu'aux players Real. Au niveau du positionnement, notre but n'est pas de vendre des PC ou des OS. Notre but est de rapprocheraudience et contenu. Nous avons démontré notre capacité à gérer l'infrastructure logicielle et à monter en puissance. Nous restons partenaires de Microsoftpuisque nos logiciels tournent sous leurs environnements, aussi bien chez le client que sur le serveur.

JB - Hormis les poids lourds que sont Real, WindowsMedia ou QuickTime, des projets comme IceCast apparaissent sous GPL. Est-ce une menace pour votre activité ?

FD - La plus grande partie de notre technologie est entièrement gratuite. En matière d'ouverture, il existe des kits d'applications pour les développeurs et il faut enfin préciser que notre technologie tourne sous tous les OS, y compris Linux. Nous ne craignons pas la concurrence de logiciels libres. Pour des partenariats comme celui avec Cable and Wireless, il y a un important effort de développement et le modèle économique est différent.

JB - Quelle est votre stratégie en matière d'internet mobile ?

FD - Aujourd'hui, 99% des gens utilisent le PC. Bientôt, l'internet multimedia pourra se faire à partir de la télé ou d'outils mobiles. Actuellement, notre effort de recherche se fait dans le bas débit et les plates formes mobiles. Nous avons récemment annoncé un accord avec Nokia pour équiper tous leurs futurs terminaux mobile de notre technologie.

JB - En temps qu'intermédiaire, ne craignez vous pas la concurrence de firmes comme UGC ou encore Vizzavi ?

FD - Real n'est pas un producteur de contenu. Nous sommes un véhicule de distribution. Nous faisons la promotion des contenus via des outils comme le Guide des programmes ou encore le Real Player. Nous sommes surtout un partenaire technologique de firmes comme celles que vous citez.

JB - Que pensez vous de technologies de micropaiements comme celles développées par NetToll ?

PG - La problématique visant à réserver la bande passante à une certaine catégorie d'internautes est au coeur de la réflexion actuelle de Cable and Wireless. Cette technologie est sans doute quelque chose à explorer, d'autant qu'elle sera intégrée aux OS . Aujourd'hui, la plupart des médias sont gratuits car leur qualité de service est insuffisante. Mais on arrive à la fin de cette période avec l'arrivée des micropaiements. Autre problématique, celle du respect des droits d'auteurs. C'est pourquoi nous choisissons le streaming plutôt que le téléchargement.

FD - Je ne connais pas NetToll. Par contre, Real a annoncé le 15 Août le lancement de son programme GoldPass aux Etats-Unis. C'est un système visant à valoriser le contenu des éditeurs. Les internautes disposant du dernier Real Player Plus ont la possibilité de s'abonner au service leur donnant accès à desinformations exclusives, des avant premières, etc... Ce programme est déjà un succès aux Etats-Unis et nous réfléchissons à son lancement en Europe. Le WAP estpayant puisqu'on paye une communication. La télévision par câble ou satellite est payante elle aussi. Pourquoi ne pas reproduire cette logique sur Internet ?

JB - Comment se situe votre accord vis à vis de la distribution numérique ?

FD - Le cadre de notre accord n'est pas de considérer le streaming comme simple faire valoir pour d'autres types de transactions. Au contraire, ils'agît de placer la distribution numérique (contenus, films, chansons) au coeur même des activités transactionnelles.

JB - Messieurs Durand et Giami, je vous remercie.
Entretien réalisé en septembre 2000 par Jérôme BOUTEILLER
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