Gauthier Picquart. Directeur de Rueducommerce.fr

Jérôme Bouteiller
Publié le 04 août 2000 à 00h00
Après une levée de fonds de plus de 100 millions de francs, Gautier Picquart, directeur de RueduCommerce.fr a bien voulu en dire plus sur l'avenir de son entreprise et plus généralement du commerce électronique en France.

JB - Monsieur Gauthier PICQUART, bonjour. Quel bilan pouvez vous tirer de votre première année d'activité ?

GP - Un bilan extrèmement positif et encourageant puisque nous avons réussi en 1 an à conquérir la place de leader sur le marché du e-commerce High Tech en France, tant en termes de références vendues, de chiffre d'affaires que de nombre de clients.

JB - Outre le Web, comptez vous élargir vos canaux de distribution au WAP, au téléphone et autres outils de communication à distance ?

GP - Bien entendu, les nouveaux canaux de distribution des offres de e-commerce nous intéressent beaucoup et nous travaillons actuellement sur le développement de plate formes compatibles avec le WAP,les messageries et autres innovations. Nous nous intéressons également aux canaux plus traditionnels de distribution, comme la VPC et le retail traditionnel. Cette levée de fonds va ainsi nous permettre d'étendre la marque certes sur Internet mais aussi au delà du web.

JB - Comment peut-on définir votre activité ? Avez vous vocation à devenir généraliste comme Amazon où comptez vous rester associé à l'informatique, en renforcant des axes comme les enchères par exemple. Le "brick and mortar" vous interesse t'il ?

GP - Notre ambition est claire : nous souhaitons devenir l'un des acteurs clés du commerce électronique en France. Notre montée en puissance passe d'abord par la confirmation de notre leadership sur le marché du High Tech, intégrant les dvd, la téléphonie, les jeux vidéos et l'électronique. Mais nous n'excluons pas d'élargir notre activité à d'autres secteurs en fonction des opportunités à saisir en matière de développement. Nous possédons une marque générique, c'est un atout incontestable à nos yeux pour se développer vite. Nous profiterons du second semestre 2000 pour renforcer notre activité enchères et lancer une nouvelle activité petites annonces, afin de répondre à tous les besoins des consommateurs, tant en matière d'achat que de vente de produits.

JB - Selon vous, quels sont les facteurs clés de succès pour votre métier ? Le prix, le choix, le service, la confiance, ....?

GP - Le client est intelligent et éduqué : il a son libre arbitre, et nous devons lui proposer le meilleur pour réussir : le meilleur prix, le meilleur catalogue, le meilleur conseil, le meilleur service et le meilleur suivi de commande. Rue du commerce réussit aujourd'hui parce que toute notre équipe s'attèle chaque jour à donner le meilleur d'elle même aux clients, et les clients le ressentent.

JB - Vous avez récemment lancé une campagne de communication particulièrement agressive vis à vis de Darty. S'agît t'il d'un simple clin d'oeil à l'un des leaders du secteur ou rejettez vous vraiment leurs méthodes ?

GP - Nos campagnes de communication sont parfois virulentes vis à vis de la distribution traditionnelle, mais aucune enseigne en particulier n'est visée : nous dénonçons simplement un décalage de plus en plus fréquent entre les engagements pris par les enseignes, les chartes "qualité" qu'elles défendent et la réalité de la prestation au moment de l'achat par le consommateur. Qui n'a jamais eu l'impression de se faire "refiler" un produit ou embobiner par un vendeur, quel que soit le type de produit acheté? Nous voulons mettre le consommateur au centre de l'acte d'achat et devenir une plate forme de choix et de conseil pour lui, et ne pas le traiter comme un simple porte monnaie.

JB - Beaucoup d'observateurs soulignent que la compétitivité des sites de commerce électronique vient d'une sorte de dumping sur les prix, grâce aux généreux financements du capital risque. Que répondez vous à ces critiques ?

GP - Je crois qu'il ne faut pas se méprendre sur l'utilisation des fonds venant des sociétés qui nous financent. pour notre part, l'argent que nous avons levé jusqu'àlors nous a servi à développer une technologie de front office (le site lui meme) et de back office (la gestion des commandes), à structurer l'entreprise en recrutant des collaborateurs de bon niveau, à mettre en place un ERP, progiciel de gestion d'entreprise, et à communiquer sur la marque rue du commerce pour augmenter nos volumes de vente. Que vous lanciez un site de e-commerce ou un magasin, vous retrouverez toujours ces mêmes dépenses de structuration. En revanche, lorque vous ouvrez un magasin physique ou virtuel, vous pratiquez souvent des tarifs attractifs au départ pour attirer la clientèle : c'est la loi universelle du commerce, et nous sommes "distributeur" avant d'être "Internet".

JB - Amazon.fr ouvre dans quelques semaines. Quel est votre sentiment sur ce nouvel acteur du commerce électronique tricolore ?

GP - Nous considérons, Patrick JACQUEMIN [ndlr: DG de Rueducommerce.fr) et moi, que le modèle Amazon est un modèle de succès, long à mettre en place mais d'une puissance redoutable. L'enjeu pour Amazon sera de prendre un vrai virage de marketing one to one avec ses clients pour rentabiliser ses investissements de conquête de parts de marché, sans pour autant perdre son âme.

JB - Homme de marketing, vous avez crée Syracuse, une société spécialisée dans le couponing. Quelle sera votre politique en la matière avec votre site internet ?

GP - Le couponing est un prodigieux outil de promotion. Nous l'utiliserons dans les prochaines semaines sur rue du commerce, associé à d'autres approches de conquête et de fidélisation. La rentabilité et la pérennité sur Internet passe par l'utilisation experte de ses outils afin d'abaisser les coûts de recrutement et de renouvellement d'achat.

JB - Les marchands comme RduC sont désormais comparés par des guides d'achat. Quel est votre sentiment sur des services comme Kelkoo ou BuyCentral ?

GP - Ils deviennent puissants à force d'investissements marketing colossaux, mais il faudra bien qu'ils vendent quelques chose un jour. A voir donc.

JB - Quel est votre plan de développement pour les prochaines années ? Comptez vous rester autonome et entrer en bourse ou pourriez vous rejoindre des géants de la distribution en mal de présence électronique ?

GP - Le marché évolue très vite. Notre levée de fonds va nous servir à grandir et à nous développer de manière indépendante. La logique est effectivement de préparer une introduction en Bourse qui nous permettra d'aller plus vite encore. Cependant, le marché du commerce est un marché de géants et de concentration. Dès lors, il ne faut jamais dire jamais.

JB - Monsieur Picquart, je vous remercie.

Entretien réalisé en Août 2000 par Jérôme BOUTEILLER
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