Bilan Ceatec 09 : TV, 3D, usages mobiles et babes

Il est des traditions auxquelles on ne peut déroger, comme celle qui veut que l'on conclue la couverture d'un salon high-tech par un aperçu des jolies hôtesses recrutées pour l'occasion. Avant de sacrifier à la coutume, nous allons tout de même vous proposer un récapitulatif des grandes tendances qui ont marqué l'édition 2009 du Ceatec, le principal salon japonais dédié aux nouvelles technologies.

TV en 3D : coup d'envoi donné en 2010 ?

Des télévisions dites 3D, on en voit depuis maintenant deux ans sur tous les grands salons de la boucle électronique grand public (CES, IFA, Ceatec), mais jamais ces écrans n'avaient été aussi présents qu'au Ceatec 2009. Personne ne manquait à l'appel : Mitsubishi, Sony, Toshiba, Sharp, Hitachi, Panasonic, tous présentaient un ou plusieurs modèles de téléviseurs LCD, LED ou laser faisant appel à la stéréoscopie pour procurer au spectateur une impression de relief.

Sony jouait les chefs d'orchestre, avec un gigantesque stand plus qu'à moitié consacré au phénomène. C'est aussi chez lui que se trouvait le dispositif le plus impressionnant : une caméra à un seul objectif mais deux capteurs, couplée à un vidéoprojecteur capable de retransmettre les images en « 3D ». Principal intérêt de ce dernier : les images qu'il retransmet peuvent être regardées aussi bien avec des lunettes (pour l'impression de relief) que sans, contrairement à la plupart des TV LCD qui présentent des images floues lorsqu'on les regarde à l'oeil nu.

Dans un anglais mâtiné de japonais, les représentants de Sony l'affirment haut et fort : 2010 verra l'introduction sur le marché des premiers téléviseurs 3D. Reste à voir quels contenus seront proposés aux premiers acquéreurs. La caméra proposée par le fabricant autorise la diffusion TV d'images adaptées, mais la technologie sera-t-elle adoptée par les grands réseaux de diffusion dès l'an prochain ? En dépit de l'optimisme affiché par l'ensemble des exposants concernés, rien n'est moins sûr.


Le Japon, nouveau Géant Vert

Qui dit nouvelles technologies dit bien souvent débauche d'énergie et les fabricants d'électronique ont bien compris qu'il y avait là un terrain sur lequel avancer quelques pions. Aux côtés des téléviseurs 3D, on montrait donc à l'occasion du Ceatec différents dispositifs d'économie d'énergie destinés à la vie de tous les jours. Centrale pour une maison autonome sur le plan énergétique chez Panasonic, téléviseurs munis d'un détecteur de présence chez Hitachi, la « basse consommation » est maintenant un argument de poids pour les marques nipponnes.

Dans ce domaine, elles attendent beaucoup de l'OLED, mais aussi des sources d'énergie « alternatives » telles que les panneaux solaires. Chez Tyco, on présentait par exemple un prototype de véhicule individuel sur monorail alimenté par l'électricité issue de cellules photovoltaïques, capable d'emmener un être humain à vitesse réduite sans autre source de courant que celui produit grâce au rayon du soleil.


Nissan a pour sa part opté pour la sensibilisation du conducteur par l'intermédiaire de son téléphone mobile. A l'extérieur du Ceatec, le fabricant proposait ainsi à qui le souhaitait d'embarquer dans une voiture équipée d'un système informatisé offrant en temps réel des indications sur la consommation de carburant induite par le mode de conduite adopté. Dans l'habitacle, un petit boitier communique en WiFi avec un iPhone, sur lequel est exécuté une application qui « note » les accélérations et les freinages, afin que le conducteur apprenne à doser ses coups de pédale en vue du meilleur rendement énergétique possible.

Des robots et des hommes

« Notre objectif est qu'en 2050, nous soyons capable de battre l'équipe championne du monde de football, et nous sommes confiants », déclarait en 2005 Shu Ishiguro, responsable du département robotique de l'université d'Osaka. Au Ceatec, les robots ne jouent pas au foot, mais ils font du vélo, voire du monocycle, chantent et préfigurent l'avenir de l'assistance à la conduite automobile, quand ils ne frappent pas des balles de golf.



Qu'ils soient dévolus à des usages industriels, conçus pour l'assistance aux personnes âgées, l'accueil, le divertissement ou pensés pour la conquête spatiale, les robots sont perçus sans la moindre animosité par les Japonais, heureux de voir qu'un jour la technique remplacera l'homme pour certaines tâches peu délicates.

Mobile, TV, toujours plus connectés

Omniprésents, les écrans offrent année après année de nouvelles façons d'interagir avec son environnement. La télévision s'ouvre toujours plus largement aux contenus provenant d'Internet, avec des modèles connectés, capables de lire les vidéos issues de sites tels que YouTube, d'afficher le journal du jour ou de piloter un système de vidéosurveillance. A ce petit jeu, la palme revient sans doute à Toshiba qui, en équipant sa dernière TV Regza d'un boitier externe motorisé par le processeur Cell, entend bien offrir toute la puissance de calcul nécessaire à la mise en place de nouveaux usages.

Il en va de même pour le téléphone mobile, toujours plus intelligent. Chez Docomo par exemple, on s'en sert pour piloter l'ouverture de sa porte d'entrée ou vérifier que ses enfants sont bien arrivés à l'école. Au Ceatec, l'opérateur se félicite par ailleurs de son service de conciergerie virtuelle sur mobile. Facturé moins de deux euros par mois, il offre, à l'écran du téléphone, un petit personnage animé qui saura vous indiquer la météo, vous ramener chez vous à l'aide du GPS intégré à votre appareil ou archiver l'historique des paiements que vous aurez effectués grâce à votre puce Felica (technologie sans contact NFC). De nouveaux usages que dopera sans doute l'arrivée des réseaux LTE (Long Term Evolution), avec leurs débits descendants de près de 100 Mb/s.



Avec 150.000 visiteurs environ, le Ceatec 2009 a fait moins bien que l'édition précédente, qui avait attiré plus de 200.000 personnes au Makuhari Messe. Cette année, on comptait également moins d'exposants, en dépit d'une couverture médiatique au moins équivalente à celle de 2008. D'après les vieux de la vieille, qui le fréquentent depuis plusieurs années, on trouvait également cette année moins d'innovations bluffantes, de celles qui arrachent un soupir d'admiration au geek en goguette, mais là n'est peut-être pas l'objectif premier pour les représentants de l'industrie IT locale. Mieux vaut pour eux montrer que leurs technologies se posent comme les compagnons incontournables de l'humain du XXIe siècle. Et sur ce point, le pari est remporté !







Pour un suivi hebdomadaire de l'actualité high-tech venue du Japon, retrouvez chaque samedi sur Clubic la chronique « Live Japon » de Karyn Poupée.