Marilyne Efstathopoulos, Publibook : "L'auto-édition est en plein développement"

07 septembre 2009 à 14h13
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Directrice du développement chez Publibook, Marilyne Efstathopoulos revient sur le positionnement et le modèle économique de ce spécialiste de l'auto-édition de livres par internet.

JB - Marilyne Efstathopoulous, bonjour. Près de 10 ans après la création de Publibook, quel bilan tirez vous de l'auto-édition en France ?

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Marilyne Efstathopoulos
ME - L'auto-édition est en plein développement et c'est un modèle qui va s'imposer de plus en plus dans le secteur de l'édition à l'avenir. Depuis toujours, en France, l'édition apparaît comme un milieu fermé qui ne s'adresserait qu'à une élite intellectuelle. Et c'est vrai que l'histoire n'a retenu, injustement peut-être, que les Balzac, les Proust et les Sand.

Bien sûr, les lecteurs demandent de grandes œuvres mais ils sont aussi amateurs de textes plus légers, d'essais ou de témoignages. Or, jusqu'à récemment, les auteurs refusés par les maisons d'édition traditionnelles n'avaient pas accès à la publication de leur texte ou devaient faire appel à des maisons à compte d'auteur, où ils prennent la totalité des frais à leur charge. Des maisons qui, finalement, fonctionnent comme des imprimeurs. Sachant donc que près d'un Français sur dix écrit, il y avait de quoi dénicher de bonnes plumes. C'est ainsi, parallèlement à l'émergence des technologies d'impression numérique, qu'est né Publibook, avec comme mission la démocratisation de l'édition grâce à l'impression à la demande, sans stock et sans tirage de départ.

C'est de cette façon que nous avons pu parier sur des auteurs inconnus du grand public quand les grands éditeurs traditionnels ne le pouvaient pas. En effet, ces derniers impriment en offset et, pour amortir les coûts, doivent tirer à plusieurs milliers d'exemplaires. Sans parler des budgets de communication ! Publibook est né ainsi, avec l'ère du numérique et des nouvelles technologies, en 2000. En 2004 nous publiions 350 livres, alors qu'en 2009 nous en publierons 700.

JB - Qu'est-ce qui vous distingue d'autres grandes plates-formes étrangères telles que Lulu ou BOD ? Où situez vous votre valeur-ajoutée ?

ME - Publibook met à la disposition de ses auteurs son savoir-faire éditorial. Nous recevons des textes de tout genre, les lisons et les évaluons. A partir de là, soit nous acceptons les manuscrits tels quels, soit nous conseillons aux auteurs de les retravailler et de les représenter ultérieurement. Nous leur suggérons aussi quelques améliorations. De même, nous fournissons un manuel de mise en page. Une fois les ouvrages publiés, nous mettons à leur disposition des outils marketing qui vont leur permettre de promouvoir au mieux leur livre et d'être en contact avec notre service diffusion, qui leur organisera des événements pour animer les ventes. Les sites dont vous parlez proposent une pretstaion sans contact avec l'auteur, sans travail éditorial ; c'est une prestation d'impression.

JB - Vous éditez plusieurs centaines d'ouvrages chaque année. Parmi eux,certains sont ils devenu des best sellers ?

ME - Il y a des ouvrages qui se sont très bien vendus, comme les annales de CAPES de Mathématiques de DD Mercier, le livre de Henry Chapier "Il est interdit de vieillir", "Fibromyalgie les malades veulent comprendre" de Carole Robert et autres. Mais nous ne parlons pas de best-sellers car pour nous étant donné que les livres ne sont jamais épuisés, les ventes se font sur plusieurs années. On peut donc atteindre 3000 exemplaires vendus en quatre ans. Les titres ne sont pas retirés au bout de trois mois s'ils ne se vendent pas, comme dans l'édition classique.

JB - Le marché du livre électronique est en ébullition. Quelle sera la stratégie digitale de Publibook ?

ME - Publibook essaye de perpétuer son dynamisme en répondant aux besoins de seslecteurs, de ses auteurs mais aussi de la société des médias actuelle. Par exemple, nous avons créé des sites Internet personnels pour certains auteurs, ou mis en ligne, sur Google Livres, 20% du contenu de nos ouvrages en consultation gratuite. Désormais, nous préparons des outils encore plus vivants que nous mettrons à disposition de chacun, mais je ne peux en dire plus pour le moment. Le but étant toujours de faire découvrir au public de plus en plus d'auteurs et de tisser des liens étroits entre le livre et son lecteur.

JB - A l'instar de MyMajorCompany dans la musique, pourriez vous solliciter les internautes pour financer l'édition d'un livre ?

ME - Certains auteurs refusent catégoriquement de payer ; d'autres trouvent cela normal. Néanmoins, pour les premiers, lorsqu'on leur explique que le forfait d'édition ne représente qu'une infime partie des coûts que prend à sa charge Publibook et qu'ils peuvent rapidement rentrer dans leurs frais (droits d'auteur de 18% pour les ventes à distance et 9% pour les ventes par tiers), ils comprennent. Par ailleurs, les mentalités évoluent... Lorsque l'on ne demande pas des sommes déraisonnables (de plus, rares sont aujourd'hui les prestations gratuites), alors pourquoi le livre ferait-il exception ? Payer pour une prestation n'est pas dégradant.

JB - Marilyne Efstathopoulos, je vous remercie.
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