À l'initiative d'un député, l'Assemblée nationale va aussi débattre d'un texte rédigé par IA

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 22 mars 2023 à 10h50
© Alexandre Boero
© Alexandre Boero

Le député corse Jean-Félix Acquaviva s'est amusé à faire rédiger un amendement au projet de loi sur les Jeux olympiques et paralympiques par ChatGPT, histoire de lancer le débat au palais Bourbon.

L'intelligence artificielle s'apprête-t-elle à révolutionner l'Assemblée nationale et ses activités ? Ne poussons pas si loin, mais l'initiative de Jean-Félix Acquaviva mérite le coup d'œil. Le député Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires de la deuxième circonscription de Haute-Corse a fait rédiger un amendement au projet de loi sur les JO de 2024 par le robot conversationnel ChatGPT. Le texte fait déjà débat en ce qu'il autoriserait, s'il était adopté sous cette forme, le recours à la vidéosurveillance (biométrique) automatisée à titre expérimental.

Quand l'IA propose de protéger les droits et libertés des citoyens

L'amendement, cosigné par une vingtaine de députés du groupe LIOT a été rédigé par l'intelligence artificielle d'OpenAI, qui intervient dans un contexte difficile, où de nombreux élus (jusqu'aux députés européens d'ailleurs) s'inquiètent de cette possible utilisation de la technologie à des fins de surveillance, par le biais notamment de l'analyse comportementale, et donc biométrique.

L'idée, en confiant à ChatGPT le soin d'écrire l'amendement, consiste un peu à lancer l'alerte, en pointant du doigt le recours à outrance à certains outils numériques. Nos confrères de La Lettre A rapportent que le robot conversationnel a fait une précision importante sur l'analyse des données devant découler des images captées par les caméras de vidéosurveillance.

Ayé, les députés en sont fans © Shutterstock
Ayé, les députés en sont fans © Shutterstock

Autour de cette disposition (l'article 7 tant décrié), ChatGPT explique que cette analyse devra se faire en respectant « les droits et libertés fondamentaux des personnes concernées et l'obligation de garantir une prise de décision humaine à chaque étape du traitement ».

ChatGPT, un assistant parlementaire de luxe ?

Sur Tech&Co, le député Acquaviva a affirmé avoir utilisé la version 3.5 de ChatGPT (le modèle ayant depuis été remplacé par un GPT-4 fourmillant de nouveautés). Il a aussi avoué avoir un peu retouché la formulation livrée par l'IA, histoire de la faire correspondre au cadre législatif français. L'élu rappelle, dans l'exposé de son amendement n° 101, qu'il est « nécessaire d'alerter sur les risques que peut emporter ce type de nouvelles technologies ».

Une bonne partie de l'amendement n'a, elle, pas été modifiée d'un iota. Et vous risquez d'être étonnés à la lecture. Pour obtenir son résultat, Jean-Félix Acquaviva a copié sur ChatGPT la partie du projet de loi qui portait sur son amendement, en y ajoutant la requête « Rédige un amendement parlementaire sur l'article suivant ».

Nous avons surligné la partie de l'amendement recopiée à l'identique par le député

Le député du groupe LIOT ajoute, sur le site de l'Assemblée, que « cet exposé des motifs pourrait sembler rassurant, cependant l'intelligence artificielle peut permettre le meilleur comme le pire », ajoutant que les questions touchant aux libertés publiques, aux droits fondamentaux, de justice ou de sécurité « ne devraient jamais être laissées sous le contrôle de la seule intelligence artificielle ». Le débat est ouvert.

Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (6)
Bidouille

Parler d’intelligence artificielle ou pas, en ce moment, à l’assemblée nationale me fait rire. Etant donné le niveau de certains députés, on pourra expérimenter le processus dans une classe de maternelle petite section. Le niveau sera le même qu’au palais Bourbon.

Popoulo

49.3 !!!

Gloumouf

Quand on lit Asimov, on se dit que ça pourrait être une bonne chose qu’une IA (une vraie, pas ce qui existe actuellement et qui n’a rien d’intelligent) s’occupe du monde et de l’humanité car laisser ça aux humains, on voit bien que ce n’est pas vraiment efficace…

trollkien

Je pense qu’une IA « neutre » sa basant simplement sur notre passé et notre présent nous qualifierai de bêtes sauvages et nuisibles qu’il faudra au mieux parquer afin de nous empêcher de nuire/détruire, au pire de nous éradiquer tels des cafards…

Gloumouf

Pour rester sur Asimov, avec les trois lois de la robotique, pas de soucis :wink:

Blackalf

Mais quand on voudra faire appliquer des lois et règles fondamentalement justes élaborées par IA, les peuples descendront dans la rue avec des pancartes « Non aux IA »…les humains sont comme ça. neutre